Au fil de l’eau, carnet n° 1 – Golfe de Gascogne – Espagne – Juillet/septembre 2018

Au fil de l’eau, carnet n° 1 – Golfe de Gascogne – Espagne – Juillet/septembre 2018

Deux versions… une courte (synthèse) et une longue plus bas…

Bonne lecture

Didier

 

Synthèse

Voilà donc un mois que Soa et moi avons quitté La Rochelle. Le temps passe vite.

Je tente, ici, une synthèse de cette première tranche de balade.

D’abord et avant tout, le plaisir d’avoir enfin pu donner vie à ce rêve de longue date, naviguer dans le monde, naviguer au gré du temps, du désir, du plaisir… La pleine conscience de cet état de fait ne m’est apparue qu’assez progressivement au fil des semaines. Nouvelle expérience, nouveau mode de vie dont le souhait avait été longuement mûri du temps des navigations sur mon bateau précédent, Herpès (construction « amateur » de 9 mètres).

Ensuite, le plaisir de naviguer pour de vrai. Un parcours La Rochelle – Santander qui a bénéficié de la clémence de Neptune et Poséidon réunis. Trois jours et deux nuits superbes. Grand beau temps, mer belle, de peu de vent à des vents bien établis (sans excès), la lune éclairant nos nuits, le ballet plusieurs fois renouvelé des dauphins juste en avant de l’étrave de Soa… Des sauts de puce ensuite d’un lieu à un autre qui au total nous ont fait parcourir pas loin de 600 milles (1200 km environ).

Soa lui-même. Bon marcheur quel que soit l’allure ou les voiles, petit temps compris. Par vent établi de 20 nœuds, une vitesse comprise entre 7 et 8 nœuds, des pointes à plus de 9 et même une à 10. Plus qu’agréable, et très satisfaisant pour un poids en charge de quinze tonnes. Toutes les voiles, spi compris, ont été mises à contribution en fonction du vent. Le pilote automatique remplit parfaitement son rôle… La barre contre le rouf est facile d’utilisation…

Soa encore, confortable. L’espace de vie est un peu idéal, dedans comme dehors. Le cockpit couvert et protégé (merci Antoine, merci au cabinet Berret-Racoupeau et à Pierre) permet de naviguer en tenue légère quelles que soient les conditions ou presque. Lorsque les équipiers des autres bateaux arrivent trempés au port, nous sommes parfaitement secs. Le carré ensuite. Spacieux, avec vue sur 180°, il permet de manger, lire ou veiller, confortablement installé. La cuisine est très pratique. La douche chaude. Même si quelques mises au point restent à opérer (plomberie en particulier), le bilan est très positif.

Ensuite, cerise sur le gâteau, la découverte de la côte nord de l’Espagne. Treize ports ou mouillages au total. Grandes villes ou minuscules villages blottis entre mer et montagne. Une côte superbe qui fait penser à l’Irlande ou à certaines parties de la Bretagne. Falaises, montagnes en arrière-plan, aiguilles émergeant des flots… Des caps à n’en plus finir dont le fameux Cabo Ortégal. Les rias, immenses pour certaines (appelées fjords ailleurs) qui font pâlir d’envie notre pourtant très beau golfe du Morbihan. L’eau limpide à la couleur turquoise. Les couchers de soleil. Tout cela fait oublier la température plutôt fraîche, l’eau franchement froide. L’architecture aux édifices publics aussi massifs que somptueux, les maisons aux façades colorées et aux balcons surprenants, les places, les jardins… Chacun dans leur registre, Avilès nous a marqué au même titre que Cudillero. Le village de San Andrès de Teixido vaut à lui seul le détour (nous y sommes allés en taxi). Cette visite de courtoisie au Saint s’imposait, il évite aux humains de se transformer en insecte après leur mort… Pas négligeable. Nous en avons profité pour déguster des percébes (pouces pieds) annoncés comme les meilleurs du monde ! Leur aspect n’est pas forcément engageant mais, ici comme en Bretagne, le goût est à la hauteur.

Partout, l’accueil dans les ports, qu’il s’agisse de ports de plaisance ou de ports de pêche, a été sympathique voire attentif. Nous avons alterné nuit au port et nuit au mouillage ou sur bouée de façon presque équilibrée. J’ai retrouvé les chalutiers de mon enfance africaine, les départs et arrivées des bateaux à toute heure, la vie rugueuse des marins pêcheurs. Dans un autre registre, partout présents, les pêcheurs à la ligne. Plaisir ou nécessité, je ne sais, toujours est-il qu’ils sont présents quasi jour et nuit. Cela m’a donné envie de sortir ma canne à lancer que je n’avais encore jamais utilisée. J’ai demandé conseil pour le montage. Nous verrons le résultat…

Et puis, l’art de vivre espagnol. Les terrasses ombragées investies en fin d’après-midi où jeunes et vieux se côtoient. Les repas interminables, la courtoisie partout, y compris sur la route (on traverse tranquille). La cuisine ou les empanadas (tourtes à la viande, poisson, légumes…) se disputent la vedette avec le cachopo (plat très particulier de viande, jambon, foie gras), le poulpo, les chipirones… Le vin, tel le Toro. Le cidre, produit localement, servit le bras au-dessus de la tête et le verre au niveau de la jambe (ça éclabousse un peu !). La bière « 1906 », excellente, le verre de vin blanc et les tapas qui vont avec… Les fruits, le poisson qui ne coûte rien ou presque. Le pain « centeno » du meilleur genre…

Pour finir, les rencontres. Mes équipières d’abord, Anne la parisienne, Cathy la rochelaise, Marga l’espagnole-basque, Valérie la bordelaise. Chacune avec sa personnalité, ses spécificités. Un couple d’amis rochelais, Paloma et Hubert, voileux, fréquentant la côte espagnole de longue date. Paloma est d’origine espagnole et parle parfaitement la langue. Ils nous ont fait découvrir un restaurant de leur connaissance. Nous ne nous étions jamais rencontrés ailleurs en navigation. Des rencontres au fil des lieux, un employé espagnol et une serveuse parlant français, un couple de français en bateau à moteur qui nous a fait partager tous leurs bons coins jusqu’au sud du Portugal, deux skippeurs espagnols effectuant un convoyage…

Au-delà de cette satisfaction, je ne peux terminer sans une pensée pour celles et ceux qui me sont chers et que j’ai laissé derrière moi (seulement physiquement)…

Toutes mes pensées vous accompagnent.

Didier

PS 1. Dans le registre pratique, pour faciliter l’information de ceux qui souhaitaient l’être, je me suis résolu à créer une page Facebook (Didier Tlf). J’y place les photos des lieux fréquentés. De manière complémentaire, le site Internet, en gestation de longue date, www.soa-France.net est ouvert et devrait être opérationnel dans les jours, semaines ou mois (sourire) à venir (merci Sébastien et Brigitte). J’y développerai de manière plus détaillée les parcours à la voile, les lieux découverts, les rencontres… et joindrai une sélection de photos (un peu plus de 600 prises en un mois !).

PS2. Pour la première édition de ce courrier, j’ai fait le choix d’un adressage assez large (un seul et même courrier avec des adresses cachées). Je n’adresserai les suivants qu’à ceux d’entre vous qui me confirmeront leur intérêt pour cela.

 

 

Fil journalier – version longue

Dimanche 22 juillet 2018

Jour 1 de l’An 1. Formule codée pour dire que ce dimanche est le premier jour de mon (début) de vagabondage dans le monde… même si je n’en ai pas encore vraiment conscience. Cela fait un an et deux jours que j’ai quitté Mayotte…

Après des années de cogitation, de travail, de préparation… après plusieurs départs reportés (presque deux ans au total)… Soa et moi entamons enfin notre balade.

Nous avons quitté le port des Minimes (La Rochelle) à 9h30. Robert et Michèle (mon oncle et sa femme) étaient venus nous voir partir depuis le parc du Casino en face de la sortie du port.

Du fait de l’absence de vent, notre périple a débuté sous l’impulsion du moteur que nous avons gardé jusqu’à Chassiron, nom du phare et de la pointe Nord de l’ile d’Oléron.

A 12h30, on « monte » les voiles (ou plutôt, on les déroule, elles sont toutes sur enrouleur). Cap vers le Sud, cap vers Santander en Espagne. 180 milles nautiques (330 km environ) nous attendent désormais. Deux ou trois jours suivant le cas.

Les émotions de ce départ sont mélangées. Le sentiment qui domine est celui d’une très grande satisfaction de voir se concrétiser ce rêve si longtemps caressé.  Bonheur à l’idée de ce qui m’attend durant les années qui viennent. Jubilation d’être de nouveau et durablement sur l’eau. Mais aussi, le regret de m’éloigner de ceux qui me sont chers…

La côte Ouest d’Oléron que mes deux équipières (Anne et Cathy) et moi voyons défiler, se déroule lentement. Il y a très longtemps que je ne suis pas venu là. La mer est très belle, le temps est splendide, les conditions sont idéales. Nous naviguons entre 3 et 5 nœuds. Pas très rapide, mais ça suffit largement à mon plaisir. La journée s’étire lentement. Anne pêche notre premier poisson (30 cm, on ne sait pas ce que c’est !). Nous dégustons le flan coco et la quiche aux poireaux réalisés par Cathy. J’ai sorti un Tavel…

Briefing du soir pour préparer les quarts, superbe coucher de soleil. Nous sommes prêts pour attaquer la nuit (quasi sans vent dans sa deuxième moitié) sous la blancheur vive de la lune.

Le lever de soleil de ce lundi (Jour 2 de l’An 1) est lui aussi magnifique. L’horizon est dégagé. Il nous reste 125 milles à parcourir, c’est dire si nous n’avons pas fait d’excès de vitesse. En réalité, vu les conditions, rien ne presse. Le vent toujours très faible devrait se renforcer dans l’après-midi. Le voyage, dit Kersauson, c’est de « ne pas savoir quand on va revenir ». En l’espèce, c’est aussi ne pas savoir quand on va arriver. Aucune importance, on est en route…

Juste avant que je me lève, Anne a pris trois maquereaux. L’un d’entre eux s’est fait la belle au moment où on les a remontés. Ça nous en fait quand même un chacun pour midi.

8h15. Je suis seul dans le cockpit, les « filles » dorment. J’ai pris mon quart il y a deux heures. Face à moi, le soleil est monté. Nous sommes à environ quarante milles des côtes, à la hauteur de Bordeaux. Aucune terre, aucun bateau à l’horizon. Aucun bruit non plus. Une solitude et une tranquillité en forme de liberté…

11h15. La matinée s’étire lentement. Le vent est à son plus bas. Qu’importe, l’océan est magnifique, il fait beau et chaud.

L’Espagne donc, comme premier pays visité. J’ai emporté le guide nautique correspondant, une carte routière pour avoir une vision globale du pays et de ses côtes ainsi que le guide du routard. Pour ce qui est du guide nautique, à part les plans et les photos, surtout, ne rien attendre d’autre. Un peu léger quand même vu le prix pour une réédition annuelle.

Santander sera donc le premier atterrissage hors France. Une première en termes de durée et de distance, une première en termes de côte espagnole et en termes de pays étranger. Avec Herpès, mon précédent bateau (polyester de 9 m, construit par Jean-Claude, un de mes amis) j’ai beaucoup navigué (20.000 milles nautiques au total) le long… des côtes françaises et tout particulièrement, celles, magnifiques, de Bretagne. Pendant dix ans, j’y ai passé toutes mes longues vacances estivales… et plus encore.

18h. Nous venons d’assister à un festival nautique mettant en scène, pendant presque trois quarts d’heure, une bonne douzaine de dauphins. Figures en tous genre le long et devant l’étrave. Seul, à deux, à trois ou quatre, ils nous ont régalés de leur élégance, de leur rapidité, de leurs jeux. Magnifique spectacle vivant !

19h. Les revoilà… Une deuxième démonstration démarre. Cette fois, ce sont les sauts qui sont à l’honneur. Ils sortent de l’eau en se dressant quasi à la verticale et retombent dans une gerbe d’éclaboussures. Un régal.

21h45. Anne, Cathy et moi attendons le coucher de soleil. L’horizon est totalement dégagé. La boule d’un orange intense s’enfonce progressivement dans l’eau et nous gratifie, dans un dernier élan de générosité, d’un fugace rayon vert. Nous sommes gâtés.

Lorsque je vivais à la Réunion (2009-2010), j’allais souvent assister au coucher de soleil depuis la jetée du port de plaisance. J’en avais donc déjà vu un certain nombre. Plaisir toujours renouvelé.

Mardi 23 juillet 2018

02h30. J’ai pris la relève de quart il y a une heure. Pas toujours facile de se sortir du lit au beau milieu de la nuit, surtout quand, comme moi, on est plutôt du genre dormeur… Se maintenir éveillé ne l’est pas davantage.

La pâle lumière orangée de la lune apporte sa touche colorée. La Grande Ours et l’étoile du Nord pavanent sur tribord. La voie lactée et ses milliers d’étoiles, parfaitement visibles ici, tapisse le ciel…

Trois gros bateaux de pêche viennent de passer, quasi à la queue leu leu, à quelques encablures devant Soa. Ils sont bardés de lumières et filent bon train. Ils vendront certainement leur poisson à la criée du matin.

Le vent qui était monté hier en fin d’après-midi a, de nouveau, baissé d’intensité.

04h30 La lune, plus rousse que jamais, se couche. A Mayotte, devant la maison, j’ai bien souvent attendu le moment où elle se levait, trouant la nuit à sa sortie des eaux du lagon et blanchissant au fur et à mesure de son ascension. La voir se coucher ici, avec les mêmes coloris, me rappelle tous ces beaux et bons moments…

16h30 Bien qu’encore à vingt milles d’elles, nous sommes en vue des côtes espagnoles. Tâche sombre, relief important, juste au niveau de l’horizon. Sous vent de trois quarts arrière, Soa trace sa route entre 5 et 6 nœuds sous spi (monté pour la première fois depuis 2014) et quelques pointes à plus de 7 nœuds. La mer est belle, les nuages du matin ont, pour l’essentiel, disparu.

18h30. Nouvelles visites de dauphins. Ils dansent à quelques centimètres en avant de l’étrave, passant d’un bord sur l’autre dans un croisement incessant. Ils se frôlent dans une esthétique du jeu qui leur est propre.

19h. La côte est proche, nous en distinguons bien les détails. Toujours un moment particulier que celui de cette découverte. Le paysage d’abord qui, ici, rappelle celui de la Bretagne ou de l’Irlande, la ville ensuite ou du moins, la partie plage de Santander (l’autre nous est invisible pour l’heure). La recherche des balises d’entrée, l’observation des trajectoires empruntées par les bateaux qui naviguent… La préparation de Soa dont on ne sait où il sera, ponton ou mouillage.

20h. En compagnie de quelques autres bateaux, nous sommes au mouillage devant la plage « Los Peligros » juste derrière la pointe nord de l’entrée de l’immense baie de Santander. Repas à bord et dodo à suivre.

22h. C’était sans compter avec le concert de rock qui se tient à quelques centaines de mètres de nous et avec le feu d’artifice qui complète la palette. Une foultitude de bateaux est sortie de la baie pour le voir, passant à nos côtés et nous faisant danser sur l’eau.

Mercredi 25 juillet 2018

Nous mettons l’annexe à l’eau et y replaçons le moteur, fixé pour la traversée du golfe (de Gascogne), sur le balcon arrière de Soa.

Nous partons en tout début d’après-midi à la découverte de Santander. Ville sympa et animée (jour férié pour la Saint-Jacques). De beaux bâtiments, la cathédrale, le Musée moderne… Un air d’Espagne en même temps que les mêmes magasins que chez nous… Les gens sont sympas. Les passages piétons sont particulièrement bien respectés par les automobilistes.

Nous passons un moment devant le gros centre de voile (dériveurs et autres) situé au beau milieu de la ville. Les bateaux viennent de rentrer. La baie, parfaitement protégée, constitue un plan d’eau idéal pour l’apprentissage. Les apprentis navigateurs sont nombreux.

Nous concluons l’après-midi par un pichet de sangria, préparée devant nous, et des tapas. Un peu de couleur locale.

Jeudi 26 juillet 2018

Nous sommes toujours au même endroit. Petits (canots, semi-rigides…) et gros bateaux (cargos, Brittany ferries…) défilent devant nous.

Nous avons regardé ce que pourrait être notre étape de demain.

Samedi 28 juillet 2018

San Vicente de la Barquera… depuis hier soir. Le nom, à lui seul, fait rêver. Petit port agréable au cœur de la ville, tout au fond du plan d’eau.

A nos côtés, la réplique du premier bateau ayant fait le tour du monde de 1516 à 1522, la Victoria, de Magellan (caraque espagnole de 27 mètres). Il fallait du courage et de la détermination (et/ou un peu d’inconscience ?) pour s’engager dans pareille navigation. Nous sommes de très gentils promeneurs à côté !

Mardi 31 juillet 2018

Ribadesella. Nous y sommes arrivés dimanche soir. Port lui aussi à l’abri du large et au cœur de la ville. La vigilance s’impose pour y entrer du fait de la houle. Ambiance très espagnole et très sympa pour cette station balnéaire familiale où le cidre, spécialité du pays, coule à flots. De très beaux bâtiments dont l’église, de très belles maisons… Soa est à 200m du centre-ville. La poissonnerie du coin, à l’accueil irréprochable, propose même des pouces pieds !

Nous réalisons notre première vraie lessive à la laverie d’à côté…

A défaut d’avoir de sentiment de « grand voyage », je me sens clairement, désormais, en vacances. Juste les choses du quotidien à gérer, naviguer, manger, dormir, se balader…

Anne, équipière parisienne partie avec nous de La Rochelle, repart ce matin.

Mercredi 1er août 2018

Nous décollons à 9h quasi tapantes, juste après l’étonnante et superbe mélodie des cloches de l’église. Un vrai carillon.

Nous naviguons au portant, vent de trois-quarts arrière. Sous grand-voile seule d’abord, avec la trinquette puis le génois ensuite. Les 10 à 15 nœuds de vent sont dans la direction prévue, ce qui est bon pour nous.

A 14h30 nous avons fait presque 30 milles. Nous snobons Gijon dont la baie est une continuité d’immeubles plutôt quelconques jouxtant une énorme zone industrielle peu avenante.

A l’inverse, nous avons dépassé plusieurs petits villages blottis contre la montagne du côté opposé aux vents d’ouest et nord-ouest, dominants.

Nous slalomons entre les cargos et longeons les cent mètres et plus du « Cape Stéphanie » qui, comme d’autres, attend son tour au mouillage. D’autres villages s’offrent à nous.

Pour notre étape du soir nous visons Avilés, ce qui nous permettra d’avoir fait pas mal de milles vers l’ouest (80 environ) d’un coup.

Jeudi 2 août 2018

Avilés donc. Aussi peu avenant que soit le port de commerce et de pêche, bordés par une artère à forte circulation, la ville située à deux pas est vraiment superbe. Là encore, de très belles bâtisses, de nombreuses arcades, des façades colorées, des balcons inimitables, des rues piétonnes… Une des plus belles sinon la plus belle, que nous ayons vues jusque-là. Nous y passons deux jours pleins.

Pendant que j’étais sur le ponton, j’entends une voix connue appeler « Didier ! ». Un couple d’amis navigateurs de La Rochelle, anciens collègues, Paloma et Hubert, sont là, eux aussi en escale. Paloma est d’origine espagnole et parle parfaitement la langue. Rendez-vous est pris, le soir, pour un apéro à bord de Soa et un diner partagé au restaurant. Seiches à la plancha, succulentes, puis une préparation spéciale de viandes (cachopo, viande/jambon/foie gras), le tout arrosé d’un vin rouge espagnol ayant du coffre, le Toro (14,5° !).

Samedi 4 août 2018

Départ pour Cudillero où Marga, espagnole basque, nous rejoindra demain. Nous y arrivons en début d’après-midi. Un village étonnant dans un écrin magnifique. Les maisons serrées les unes contre les autres, s’étagent à flancs de coteaux, enroulées de chaque côté de la rue centrale. L’endroit est vraiment superbe, il attire nombre de touristes. L’hiver doit, par contre, y être moins drôle… Une de nos belles découvertes pour ne pas dire un vrai coup de cœur.

Dimanche 5 août 2018

Seulement deux semaines que nous sommes partis. Après l’intensité des préparatifs et mises au point de départ tant sur le bateau qu’à la maison, les préoccupations sont loin derrière. Je me laisse gagner progressivement par le sentiment de vacances et même, sans doute, de voyage. La différence parait liée à la notion de fin et de retour, ou à son absence. Pour ce qui est du voyage, pas de fin programmée, juste une projection sur les étapes suivantes, proches ou lointaines. Gérer le déplacement du bateau en fonction de la météo occupe une place importante. Trouver de quoi manger aussi, en privilégiant, bien sûr, les produits du pays. Sentir et ressentir, s’approprier ce qui relève de la culture et des habitudes locales… se souvenir progressivement de quelques mots et expressions espagnols.

Vendredi 10 août 2018

Nous naviguons sous spi. Il fait un temps superbe, la mer est belle malgré une longue houle d’un à deux mètres d’amplitude. Nous avons quitté Riobadeo ce matin vers 9h30. Nous filons autour de six nœuds ce qui, compte tenu du vent relativement faible, est très convenable.

Dans l’après-midi, j’ai mis deux lignes de pêche à l’eau… Quelques minutes plus tard, j’ai relevé trois beaux maquereaux sur chacune d’entre elles. Un peu de poisson frais… toujours agréable.

Dimanche 12 août 2018

Depuis avant-hier soir, nous sommes au mouillage derrière une petite île, Area, située juste après l’entrée de la ria de Viveiro. Superbe endroit.

A l’arrivée, hier-soir, impossible d’affaler (descendre) le spi, la drisse (cordage pour le monter) était coincée dans le réa (poulie) du mat. Je l’avais trop étarquée. Je suis monté en tête de mât pour voir ce qu’il en était mais n’ai rien pu faire. A défaut, j’ai attaché le spi autour du mât pour passer la nuit. Je suis donc remonté ce matin. Grâce à l’écoute de spi que j’ai attachée à la drisse en question, nous avons pu, à l’aide du winch, la décoincer facilement.

C’est la fête de la ville ce week-end, version fête du livre et du chant choral. Nous avons dîné d’une tortilla (omelette aux pommes de terre) à la terrasse d’un bistrot, face à la scène sur laquelle se produisaient différentes chorales locales et autres. Intéressant. Beaucoup de chorales existent semble-t-il en Espagne. A cette occasion, nous avons découvert la bière « 1906 », excellente.

Avant cela, au cours de la visite de la ville (rues étroites assez sombres pour ce qui n’est pas le bord de mer), nous avons fait le tour des nombreux vendeurs de livres qui exposaient.

Jeudi 16 août 2018

A ne pas faire grand-chose, si ce n’est naviguer, le temps passe vite. Les escales se succèdent au milieu de paysages magnifiques et de rias extraordinaires (Carino, Cédeira…). Nous sommes depuis hier soir au mouillage dans la ria de la Corogne, côté est, plage de Chanteiro. Magnifique coucher de soleil le soir avec la lune en embuscade (photo sur Facebook).

Petite surprise au moment du départ, hier, impossible de décrocher l’ancre. Après moult tentatives, déplacements en avant et en arrière avec le moteur, nous avons fini par la remonter à cinquante centimètres de la surface. Elle était prise dans des cordages. Je dû les couper pour pouvoir la libérer…

Mardi, nous avons dépassé le très réputé Cap Ortégal et ses aiguilles impressionnantes. Vent arrière, nous sommes passés au milieu d’entre elles. Fabuleux spectacle et moment. Un peu plus tard, sous grand-voile seule, nous avons fait des pointes à plus de neuf nœuds ! Nous avons largement « semé » un bateau de douze/treize mètres qui suivait la même route que nous. Cela confirme, à ma plus grande satisfaction bien sûr, les qualités marines de Soa.

Dans l’après-midi, sous l’impulsion de Marga (notre équipière espagnole), nous sommes allés visiter le village, lui aussi très réputé, de San Andrés de Teixedo. Le saint du même nom a pour vertu d’éviter, sous réserve d’offrandes, d’être transformé en insecte après la mort. Charmant village même si un peu perverti par le tourisme de masse. Nous y avons dégusté des « percebes » (pouces pieds) dont j’ai mis la photo sur Facebook. Il faut bien avouer que ces bestioles ont une drôle de tête. Elles sont, par contre, excellentes.

Ce midi et ce soir, escale espagnole. Nous avons rencontré le cousin de Marga, Luis. Un homme charmant dans la cinquantaine. Architecte connu de son métier. Trois jeunes de ses connaissances étaient avec nous. Un moment très « sympatico ». Nous sommes invités à dîner chez lui ce soir.

Mercredi 22 août 2018

Nous avons quitté le mouillage de la plage de Chanteiro le vendredi 17 et sommes arrivés à la Corogne, de l’autre côté de la ria, en toute fin de matinée. Le port de plaisance du Real Club Nautico – accueil et services de grande qualité – est au cœur même de la ville. La place principale Maria Pita (du nom d’une figure féminine célèbre ici) est à deux cents mètres. La ville historique est superbe, dans le plus pur style architectural espagnol. Une réelle douceur de vivre est palpable.

Cathy qui a fait partie du voyage depuis La Rochelle a pris le bus pour rentrer. Valérie de Bordeaux est arrivée le lendemain.

Marga et moi avons assisté, le samedi soir, sur la place Maria Pita justement, à une représentation de Carmina Burana de Karl Orff. Bien servie par un grand orchestre symphonique de qualité, ce fut un moment de qualité.

Nous avons repris la mer le lundi avec du vent de trois quarts arrière (20 nœuds) et de la houle assez conséquente. Alors que nous avancions entre sept et huit nœuds, la fixation de l’une des poulies d’écoute de grand-voile a cassé, libérant la bôme. Le temps de la remplacer, Soa est parti en travers et nous nous sommes faits quelque peu brasser. Quelques heures plus tard, nous étions à Malpica, petit port de pêche.

Suite à une inspection de différents points du bateau effectuée hier mardi, j’ai détecté une usure anormale sur l’un des cardans de transmission du système de barre. Contact pris avec Lewmar France, l’importateur, j’ai décidé de le changer ce qui, inévitablement, va nous immobiliser quelques jours.

Malpica, donc pour nombre indéterminé de jours. Port sympa et coloré. Les chalutiers et autres bateaux plus petits, rivalisent d’activité. Ils rentrent et sortent manette des gaz à fond, ce qui n’est pas sans incidence sur les mouvements de Soa et les nôtres. La vente du poisson doit se faire tôt le matin, il y a donc beaucoup de mouvements entre six et sept heures… heures auxquelles nous sommes plutôt au lit. Ce matin, vers cinq heures, Soa cognait contre le quai. Je me suis levé pour voir ce qu’il en était. Les pêcheurs, à la ligne ceux-là, déplaçaient Soa qui les gênait, depuis le quai, sans en maîtriser le déplacement (le niveau de l’eau était au plus bas de la marée).

La pêche à la ligne est une constante dans tous les endroits où nous sommes passés. La pratique, à Malpica, est acharnée. Certains pêcheurs officient jusqu’à une ou deux heures du matin. D’autres (je suppose), prennent le relai dès quatre ou cinq heures. Deux mètres au-dessus de nous, ils papotent, s’extasient au fur et à mesure des prises… Un sport quasi national ! Plaisir ou nécessité, je ne sais. Toujours est-il que cela m’a donné envie de sortir ma canne à lancer que je n’avais encore jamais utilisée. J’ai demandé conseil pour le montage. Nous verrons le résultat…

Fin synthèse 1.

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