- En un mot…
Le désir de naviguer et de vivre sur l’eau, combiné au désir de découvrir le monde… dont nous connaissons presque tout, et, en réalité (pour ma part), quasi rien !
Le souhait de disposer d’un bateau solide, confortable et sécurisant regroupant quelques caractéristiques très précises dont un vrai salon de pont, un poste de barre et un cockpit protégés.
In fine, le choix de concevoir et construire Soa…
- La mer, le bateau…
Fils de marin pêcheur, j’ai passé mon enfance au bord de l’eau et des quais.
Mon premier bateau fut une (petite) pirogue traditionnelle d’Afrique taillée dans un tronc d’arbre. Je l’avais achetée à un pêcheur local. Le plan d’eau de Pointe-Noire, au Congo, était mon terrain de jeu. Il faisait beau, l’eau était chaude. J’avais dix ans.
Didier 10 ans / Pointe-Noire Congo Le Paul Gufflet – Chalutier initiatique.
Première barre tenue… sous la surveillance de mon père.
C’est là encore que j’ai vécu ma première expérience de navigation à la voile. Un Vaurien, je pense. J’ai saisi la proposition qui m’était faite sur le bord de plage, de « faire un tour ».
Je n’ai ensuite jamais cessé de naviguer. Je dois mon premier bateau de croisière, bien plus tard (1995), à mon ami Jean-Claude. Sept ans de sa vie lui ont été nécessaires pour le concevoir et le construire de ses mains. Après sept ans de navigation sur les côtes atlantiques françaises il me l’a vendu un prix défiant toute concurrence, quasi celui des matériaux utilisés pour sa construction. De toute façon, à l’époque, je n’aurais pas pu mettre davantage !
Par la magie d’une plaisanterie avec ma fille Caroline, adolescente à l’époque, Éole est devenu Herpès. Je l’ai moi-même gardé dix ans et ai navigué avec lui sans relâche. Lourd, très lourd, il était stable et marchait bien… au portant. Le près n’était pas son fort. J’ai découvert, par mer formée et vent fort, ce qu’étaient les bords carrés ou presque. Avec lui, j’ai effectué environ 20.000 milles cumulés.
Mon souhait d’avoir un bateau efficace au près vient de là.
- La découverte du monde…
Aix, Oléron, Ré, Yeu, Houat, Hoëdic, Belle-Île, Groix, les Glénans, Sein ont été mes terrains de jeu préférés avec une mention toute particulière pour le golfe du Morbihan, ses îles, ses courants, ses couleurs, ses villages… l’île d’Arz et l’île aux Moines. Je dois ma première incursion, dans le golf à Fabienne et Jacky de Star Vraz. Ils m’ont, en quelque sorte, tenue la main… j’ai suivi le sillage de leur bateau pour ma première entrée. Un grand et beau moment.
Au-delà de La Rochelle et de la Charente-Maritime, la Vendée et la Bretagne donc… Les côtes de cette dernière sont magnifiques, les mouillages nombreux, la végétation splendide et, comme il se dit souvent, il ne pleut que deux fois dans l’année ! C’est sans doute pour cela que les hortensias sont si beaux…
Et puis aussi, les huîtres et les moules, ramassées sur les rochers, quelques poissons pêchés dont de nombreux maquereaux, pas si mauvais que ça en papillote ou à la moutarde…
Et encore le Kouign aman et le Palantin (Le Palais à Belle-Île), sans oublier l’hydromel, au goût inimitable.
Et puis encore, le cinéma adorablement kitch de Groix, le bien connu Te Beudeff, grand bistrot de faux et de vrais marins devant l’Éternel, la citadelle de Belle-Île, les ports du Bono et d’Auray dans la rivière du même nom.
- La vie sur l’eau…
En temps cumulé, j’ai passé l’équivalent de presque deux ans à bord d’Herpès avec de nombreuses périodes estivales de six à sept semaines. J’ai adoré ce mode de vie à la fois simple et vrai. Être en sécurité, manger, dormir, profiter de la mer, découvrir les terres où l’on arrive… De vrais grands bonheurs !
- Le choix de construire Soa
Au fil de ces navigations, l’idée de partir plus loin, plus longtemps s’est imposée peu à peu comme une évidence. Où, quand, comment, n’étaient pas encore des questions essentielles.
Dès lors, j’ai pris grands soins de photographier tous les bateaux qui me paraissaient intéressants en eux-mêmes ou dont un élément me semblait digne d’intérêt. J’ai fait des centaines de photos, argentiques d’abord puis, très vite et heureusement par rapport à leur exploitation, numériques.
Les Garcia, Atlantis, Méta, Ovni, Allure, Alliage, Amel, m’ont tout particulièrement intéressé. J’ai emprunté aux uns et aux autres toutes les idées qui me paraissaient pertinentes.
Plus tard, j’ai passé des heures sans fin à dessiner, redessiner, redessiner encore. Douze mètres d’abord, puis, au fil de l’amélioration de mon budget, treize, puis quatorze mètres.
Conforté par quelques incursions sur des catamarans amis, le vrai salon de pont des Chatam et Atlantis de Gilbert Caroff a durablement orienté mon choix. J’insiste sur « vrai » salon de pont, ce terme n’étant que très rarement utilisé à bon escient par les revues nautiques qui confondent, presque toujours, volontairement ou non, luminosité du carré et vision directe sur l’extérieur. Une sacré différence.