Au fil de l’eau, carnet n° 9 – Tobago et Trinidad – Juin/septembre 2019

Au fil de l’eau, carnet n° 9 – Tobago et Trinidad – Juin/septembre 2019

Au fil de l’eau, carnet n° 9 – Tobago et Trinidad – juin/juillet 2019

« Le cœur de l’homme est comme la mer, il a ses tempêtes, il a ses marées et, dans ses profondeurs, il a aussi ses perles » Vincent Van Gogh

Après onze mois de pérégrination, Soa et son équipage quittent le continent sud-américain (Brésil, Guyane française, Suriname) pour rejoindre Trinidad et Tobago. Les prémices d’une future villégiature caribéenne…

TRAVERSEE PARAMARIBO (SURINAME) – TOBAGO ET TRINIDAD – 480 milles

Jeudi 20 juin 2019 – Départ Paramaribo (Suriname) – Tobago et Trinidad – 480 milles

Valérie, mon équipière transatlantique, m’accompagne sur cette portion de voyage. Levés à six heures, nous partons une heure plus tard sous un beau soleil. La descente du fleuve Suriname est longue, très longue. L’océan que nous découvrons est très formé avec une grosse houle et un clapot croisé. Pas agréable du tout. Nous naviguons alternativement sous GV et génois ou sous GV seule. Les 20 à 25 nœuds de vent établis de l’après-midi et de la nuit nous permettent de très bien avancer. L’océan a repris des couleurs d’océan, finies les eaux marrons et opaques de la Guyane et du Suriname, place à un beau vert bouteille.

21h30 – La lune qui vient de se lever nous accompagnera jusqu’à la relève du soleil. Impuissant, le noir a rendu les armes.

Vendredi 21 juin 2019 – Jour 2 – Paramaribo (Suriname) – Tobago et Trinidad – 480 milles

07h00 – 142 nm parcourus. L’océan est toujours formé mais le vent a molli. Le soleil domine. La matinée se déroule tranquillement (temps de sommeil compris) après une nuit agitée durant laquelle, compte tenu de la faible hauteur des fonds (20 à 50 mètres), nous avons assuré la veille à tour de rôle (je craignais, avec raison, la présence de chalutiers – nous en croiserons trois dont un d’assez près).

14h00 – Nous dépassons une zone de forage pétrolifère. Trois énormes plates formes et leurs quatre bateaux accompagnateurs. Des immeubles océaniques version sons et lumières.

Samedi 22 juin 2019 – Jour 3 – Paramaribo (Suriname) – Tobago et Trinidad – 480 milles

07h00 – 131 milles parcourus ces dernières vingt-quatre heures soit 273 milles cumulés. Reste environ 210 milles.

Nous avons donc fait plus de la moitié du parcours en deux fois vingt-quatre heures. Plutôt rapide. Si les conditions se maintiennent, une arrivée dans la nuit de dimanche à lundi est possible. La surface de l’océan est toujours hachée. Le ciel uniformément gris. Il pleut parfois abondamment. Pas réjouissant de ce point de vue.

Nous continuons à filer entre 7 et 8 nœuds durant la matinée et le début de l’après-midi. Il va falloir ralentir pour arriver durant les heures de bureau de l’immigration et de la marine, des taxes supplémentaires semblant être réclamées si tel n’est pas le cas (témoignages STW). Un peu surréaliste, mais c’est comme ça.

Le vent tombe en milieu d’après-midi et quasi complétement ensuite. Les GRIB prévoient 10 nœuds, nous en avons 4 à 5. Nous ralentissons malgré nous… Point positif, l’océan est beaucoup plus calme. Nous en profitons pour goûter au vieux Porto (acheté dans une cave spécialisée dans la ville du même nom…) que je n’avais pas encore entamé. Il est, de fait, très bon.

Dimanche 23 juin 2019 – Jour 4 – Paramaribo (Suriname) – Tobago et Trinidad – 480 milles

07h00 – 108 milles parcourus ces dernières vingt-quatre heures soit 391 milles cumulés. Reste environ 90 milles.

La nuit a été calme, le vent nous fait toujours défaut. Nous nous traînons autour de 2 nœuds… dans les accélérations.

10h30 – Cinq nœuds réels de vent, et une nouvelle orientation. Nous rangeons la GV et dégainons le spi… pour voir et, si possible, tenir un cap plus direct. Le choix s’avérera pertinent. Nous naviguons à 5 nœuds et plus jusqu’à la tombée de la nuit. Parfait.

19h00 – Par précaution, avant la nuit, nous remplaçons le spi par le génois, plus facile à manœuvrer dans l’obscurité, même relative, si besoin. Nous sommes désormais à 70 milles de Scarborough, port administratif d’entrée de Tobago. Pour éviter d’être surtaxés pour cause « d’over time » comme déjà dit plus haut, si besoin, nous nous mettrons à la cape en limite de la zone de sonde des mille mètres soit à une trentaine de milles de Scarborough.

Lundi 24 juin 2019 – Jour 5 – Paramaribo (Suriname) – Tobago et Trinidad – 480 milles

01h00 – Nous sommes à quelques milles du point où nous avons choisi de nous mettre à la cape. Il nous restera ensuite une trentaine de milles à parcourir le long de la côte Sud-Est de Tobago afin de rejoindre Scarborough dans les temps. Pour l’heure, Soa est à 6/7 nœuds, la mer est belle. Nous naviguons dans l’axe de la Grande-Ours qui est devant nous, tandis que la lune qui s’est levée il y a un peu plus d’une heure, est derrière nous. Le ciel est constellé d’étoiles. Devant, à une distance difficile à évaluer, outre les halos lumineux de Tobago (nous sommes désormais à quinze milles des côtes), des lumières qui me laissent penser à des bateaux. Bien que je n’en voie pas trace, ni avec l’AIS, ni avec le radar, je fais le choix de veiller. J’avais bien dormi jusque-là.

06h00 – Une écoute bat fort sur le pont. Je me lève voir ce qu’il en est. Soa a tourné. Le soleil qui se lève me donne de l’énergie. Je relâche la trinquette et prolonge la rotation engagée, direction Tobago. C’est parti, sous trinquette et une demie GV, nous sommes autour de 7 nœuds. La houle croisée et nerveuse nous balade un peu. Compte tenu de l’orientation du vent, je ne peux rejoindre facilement Scarborough en direct (on serait plein vent arrière). Je mets le cap sur la partie Nord de l’ile, nous empannerons ensuite et longerons la côte. Vingt-cinq milles au total.

Tobago n’est plus une promesse. Son relief, très marqué, se découpe désormais nettement…

A proximité de la côte, nous captons le réseau téléphonique et avons accès à Internet (merci Digicel). Nous en profitons (je devrais dire, Valérie qui, contrairement à moi, maîtrise un anglais courant) pour vérifier la possibilité de réaliser les formalités d’entrée à Charlotteville (plusieurs blogs mentionnent cette possibilité tandis que le Bloc Marine ne cite que Scarborough). Cette option serait beaucoup plus intéressante pour la suite de la visite de l’ile (sens du vent et de la houle). Après plusieurs appels téléphoniques (Ambassade de France, Douanes et immigration locales…) nous finissons par avoir confirmation de la possibilité de faire l’entrée à Charlotteville. Virement de bord immédiat. Nous pointons le nez de Soa vers le Nord de l’ile et les ilots qui s’y trouvent : Little Tobago, Goat Island (ile aux chèvres), Black Rock… Pour la première fois depuis longtemps, nous sommes au près et qui plus est, quasi face à la houle courte, hachée et très formée. Une fois les ilots débordés, nous repartons au portant sous GV seule. L’entrée de la baie de Man of War au fond de laquelle Charlotteville est blottie, s’offre rapidement à nous. Quasi fermée, ses hauts pans montagneux à la végétation luxuriante offrent un abri de choix et d’un esthétisme rare. Quatre voiliers sont déjà à l’ancre : un américain, un belge, un français, un hollandais.

RECAPITULATIF TRAVERSEE SURINAME – TOBAGO ET TRINIDAD – 480 MILLES

Ces données sont celles de chaque 24 heures à 07h00 locales.

Distance totale estimée à parcourir : 480 milles

Distance réelle parcourue : 492 milles (911 km)

  1. Jeudi 20 : Départ Paramaribo 07h00 – 480 milles à parcourir
  2. Vendredi 21 : 00°03 S / 42°39 W – Milles/24 h : 142 nm ; restants : 350 nm
  3. Samedi 22 : 01°11 S – 44°14 W – Milles/24 h : 131 nm ; cumulés : 219 nm ; restants : 273 nm
  4. Dimanche 23 : 02°29 N – 46°10 W – Milles/24 h : 108 nm ; cumulés : 327 nm ; restants : 111 nm
  5. Lundi 24 : 03°35 N – 47°49 W – Milles/24 h : 111 nm ; cumulés : 492 nm ; restants : 0 nm

TOBAGO

Lundi 24 juin 2019 – Charlotteville – Tobago

11h30 – Après seulement quatre jours de mer, soit nettement moins que ce que nous avions envisagé, nous jetons l’ancre. La baie qui porte également le nom de Pirate Bay, est vraiment splendide. Un écrin de verdure. Charlotteville, un gros village coloré qui n’est pas sans me rappeler Deshaies en Guadeloupe.

Autour de nous, les « Frégates superbes ». Habillées de noir et de blanc, elles mènent la danse. Elles n’usurpent pas leur nom, elles sont vraiment magnifiques.

« C’est une frégate de grande taille (envergure d’environ 2 m), reconnaissable par ses ailes longues et effilées, son bec long et crochu et sa queue fourchue. Son plumage non étanche ne lui permet pas de plonger ni de nager, elle serait alors prise au piège. Les femelles sont noires avec la tête blanche, les mâles, eux, sont entièrement noirs avec un sac gulaire rouge vif sous le cou qu’ils gonflent lors des parades nuptiales. »

Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9gate_superbe

Premières démarches. Ici comme ailleurs, trouver de l’argent liquide, faire les papiers d’entrée (clearance). La ville est minuscule, tout se tient. L’ATM (distributeur de billets) est au bout de la rue, les bureaux des douanes et de l’immigration à quelques dizaines de mètres. Personne dans les bureaux. Nous partons boire une bière au bistrot du coin.

Mardi 25 juin 2019 – Charlotteville – Tobago

La nuit est nettement plus que calme que la précédente.

N’ayant pu effectuer les formalités d’entrée hier faute d’interlocuteur, nous nous rendons une nouvelle fois, ce matin, dans les bureaux des douanes et de l’immigration qui sont des antennes des services situés à Scarborough. Les horaires annoncés sont restreints : 10h – 15h. A notre arrivée, toujours personne. Alors que nous sommes sur le point de partir, un homme en tenue militaire arrive, le commandant des douanes. Après échange, il nous plante-là en disant qu’il revient. Quelques minutes plus tard, la personne de l’immigration arrive à son tour. Nous engageons la rédaction de la multitude de documents à renseigner. Le carbone nous évite de réécrire plusieurs fois les mêmes. Belle invention que je croyais disparue. Il me faut remettre des copies de l’acte de francisation de Soa, du document de sortie du Suriname, des passeports. Pas de photocopieuse à l’immigration. Dans le bureau des douanes, il y en a une. Le commandant nous propose gentiment de les faire. Une fois les passeports photocopiés, impossible de copier les autres documents. Têtue et obstinée, malgré plusieurs tentatives, la bête refuse… Direction la bibliothèque municipale, toute proche elle aussi, pour les copies. Tout se finalise très vite ensuite.

Ni l’un ni l’autre de nos interlocuteurs ne nous a parlé des « over time » mentionnés par certains blogs. Le commandant nous délivre un document nous autorisant à naviguer sur l’ensemble de Tobago… qui ne vaut pas pour Trinidad. Il nous faudra faire des papiers de sortie de Tobago puis les formalités d’entrée à Trinidad, les deux iles constituant pourtant un seul et même pays… Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Coût de l’opération, cinquante dollars trinidadiens soit sept euros environ. Pas ruineux.

A midi, nous essayons le restaurant réputé être le meilleur, le Sharon & Febs situé à l’entrée du village. Les assiettes de poisson sont copieuses mais franchement pas transcendantes… Un peu déçus.

L’eau claire nous invite au bain. Nous nageons jusqu’à la plage située côté nord de la baie, à environ huit cents mètres

Durant la nuit, le bruit des vagues me rappelle mon enfance africaine. Infini troupeau ondoyant et silencieux, elles vont à la queue leu leu, silencieuses, puis se déroulent et se défoulent sur le sable fin dans ce bruit inimitable qui n’appartient qu’à elles. Le ressac est musique. Entêtante et douce, leur mélopée m’enveloppe et me berce (euh, ma minute lyrique).

Mercredi 26 juin 2019 – Charlotteville – Tobago

Contrairement à ce que nous avions initialement annoncé à nos interlocuteurs officiels, nous décidons de reporter notre départ afin de pouvoir visiter la réserve forestière du nord de Tobago. Par précaution, nous repassons donc les voir afin de les en informer. La dame de l’immigration est, cette fois encore, invisible. Le Commandant Andrew, lui, bien présent. Nous lui indiquons notre souhait de quitter Charlotteville vendredi afin de longer la côte vers le Sud. Pas de problème. Par contre, il faudra que l’on revienne à Charlotteville avant de quitter Tobago. Pas franchement le plus facile (vent et courant contraires) et le plus économique en temps. Après quelques palabres, il finit par appeler son supérieur à Trinidad. Nous obtenons l’autorisation de transiter par Scarborough (au sud), ce que nous souhaitions parce que nettement plus cohérent. Dans la foulée, il nous demande ce que nous avons prévu pour déjeuner. Rien de spécial. Il nous propose de partager une bière. Ça ne se refuse pas, Commandant. Nous partons dans son gros quatre-quatre climatisé chez « Suck-hole », en limite de village et en tout bord de plage. Lieu plus que sympa au milieu des cocotiers. À l’évidence, le commandant y a ses habitudes. Son fils est là ainsi que l’un de leurs amis, Joe. Installés sur les bancs en béton qui entourent chacune des tables rondes, nous buvons donc une bière blonde locale, une Stack. Pas fabuleuse, mais buvable quand même. Nous échangeons longuement. Le périple de Soa, la route future, les activités locales… Joe, presque de mon âge, est pêcheur. Il parle volontiers de son métier qui le passionne, de son père, pêcheur avant lui… Le commandant, originaire de Trinidad, est en mission à Tobago pour neuf mois. Il repartira ensuite à Trinidad et sera remplacé, ici. Une deuxième bière nous est servie tandis que le commandant nous dit qu’il a commandé un plat pour nous… qui ne tarde pas à arriver. Une très belle assiette de poulet et d’ognons frits accompagnée de légumes divers et une autre avec des frites qu’un belge n’aurait pas renié. Rien à voir avec ce qui nous a été servi l’avant-veille à quelques centaines de mètres de là, tant du point de vue esthétique que gustatif. Sans parler de la plage et de la baie qui s’étalent à nos pieds. Nos hôtes nous quittent. Lorsque nous demandons l’addition, la patronne nous indique que le Commandant a tout payé ! Pas fréquent de se faire payer à manger par le commandant des douanes !!!

Jeudi 27 juin 2019 – Charlotteville – Tobago

08h00 – Journée forêt, cascades et autres. Curtis, une grande baraque d’une quarantaine d’années, est notre guide. Il nous emmène, lui aussi, dans son gros 4×4 qui accuse le poids des ans. Bien qu’un peu brinqueballant, il dit y tenir beaucoup. Nous quittons Charlotteville par le sud. La route monte au milieu des arbres, la déclivité est très forte… Nous effectuons un premier arrêt à la pointe sud de la baie, Cardinal Rock, perchée tout en haut de la colline, puis visitons Bloody Bay et Parlatuvier Bay, superbes écrins naturels aux eaux somptueuses.  

La forêt est dense. Les troncs des arbres, rectilignes, s’élancent d’un seul trait. C’est un sacré boulot pour aller chercher la lumière tout en haut. Curtis nous aide à percevoir les bruits, les chants des oiseaux… Il s’avère être un guide très pédagogue et très au fait des particularités du lieu. Les Woody Woodpecker s’en donnent à cœur joie. Nous assistons à une parade nuptiale de deux oiseaux bleus dont j’ai oublié le nom. Somptueux. Les deux mâles effectuent une sorte de danse ou chacun, alternativement, vole, se pose, revole à proximité de l’autre mâle et de la femelle. Celle-ci choisira lequel des deux aura droit à ses faveurs. Un classique de la nature en somme.

Après cet épisode boisé, à proximité d’une source située en bord de route et à laquelle nous soustrairons de quoi nous désaltérer, nous dégustons les sandwiches préparés par la femme de Curtis. Pas inoubliables, ces derniers. Un peu plus tard, en pleine nature, ce sont les cascades en escalier. L’eau s’écoule successivement dans plusieurs bassins de retenue. Valérie et moi nous baignons dans le plus haut après avoir quasi escaladé le chemin qui y mène. L’eau est fraîche. La force de la chute d’eau qui dégringole de la partie haute est impressionnante. Il est difficile de rester dessous. Pour le retour, nous contournons la pointe nord afin de rejoindre Charlotteville, ce qui nous permet d’admirer les ilots du nord que nous avons contournés quelques jours plus tôt. Une autre vision, toute aussi belle. L’arrivée à Pirates Bay, la baie de Charlotteville, est impressionnante elle aussi. Super belle journée.

De retour au bateau, nous avons la visite de Joe qui vient nous saluer. Nous parlons pêche, poissons, langoustes…

Vendredi 28 juin 2019 – Charlotteville – Tobago

L’orage, les pluies et le vent qui vont avec, sévissent depuis tôt ce matin. L’horizon est bouché. Pas terrible pour naviguer. Le statu quo s’impose.

Dans la matinée, Joe nous rend une nouvelle visite. Il nous apporte un beau poisson et une petite langouste. Plus que sympa…

Samedi 29 juin 2019 – Charlotteville – Tobago

09h30 – Nous levons l’ancre, non sans regrets, et partons vers le Sud. Nous avons choisi de faire l’impasse sur Bloody Bay que nous avions vue lors de notre tour en voiture et de rejoindre English man’s Bay pour déjeuner. Cinq milles environ. Toute petite avec ses cent cinquante mètres de large, la baie est entourée de hautes collines verdoyantes. L’eau est claire et d’un beau vert profond. À l’ombre des cocotiers, en fond de baie, la plage de sable blanc. Aux côtés de Soa, une seule et unique barque colorée de pêcheur. À côté de l’une des deux cases en bois posées sur la plage, des paréos étendus sur un fil. Ils complètent l’impression « carte postale ». L’endroit est magique.

16h00 – Nous reprenons « la route », dépassons Parlatuvier Bay et son ponton et visons Castara Bay, quelques milles plus loin. Pas vraiment une baie d’ailleurs, plutôt une partie de côte un peu protégée de la houle (2 m) et des quinze à vingt-cinq nœuds de vent qui s’époumonent. Les barques de pêcheurs occupent quasiment tout l’espace. La seule possibilité restante de mouillage se situe à proximité des rochers. Ça ne me plait guère. Nous remettons le cap au Sud. Nous rejoignons Great Courland Bay devant Plymouth où nous jetons l’ancre pour la nuit. Il y a de la place. Malgré les nombreuses barques présentes là-aussi,, nous sommes protégés. La ville ne se devine qu’au travers de son stade de foot et de quelques bâtisses. Le grand ponton en bois, complétement délabré, est inutilisable. La plage est longue et belle.

Au terme de cette journée, nous regrettons de ne pas être restés à Charlotteville et de profiter de ce qu’elle fêtait ses pêcheurs durant le week-end. La Man of War Bay est celle qui combine une esthétique de rêve, un village authentique et sympa, quelques possibilités d’avitaillement… Si je dois revenir à Tobago, c’est celle où je repasserai avant de prendre la direction des petites Antilles. 

Dimanche 30 juin 2019 – Charlotteville – Tobago

La saga du rat… mise en veilleuse durant la navigation qui nous a conduit de Paramaribo à Charlotteville, la question du ou des rats se repose avec acuité depuis notre arrivée à Tobago. Des crottes un peu partout, des aliments rangés dans les tiroirs, partiellement rongés, un T-shirt à moi grignoté… et pour finir, deux cubitainers de vin percés… dont le contenu git désormais en fond de cale. Alors là, « il ne faut quand même pas exagérer ». Il y a des limites à tout. La cage faite tout exprès, les tapettes, les différentes sortes de poisons… se sont révélés d’une totale inefficacité. Curtis avec qui nous avions évoqué cette question, nous a donné un appât-poison d’un autre genre, utilisé par les services vétérinaires locaux et, parait-il, très efficace. Intact lui aussi. Je décide donc ce matin d’approfondir sérieusement la question. Cabines et salle d’eau fermées, rangements sous planchers vidés, cale moteur et plomberie ouvertes, j’entame la recherche de la ou des bêtes (j’avais réussi à en faire passer une à l’eau en Guyane). Rien, ni dans la partie avant ni dans la partie arrière de la soute technique que j’avais soigneusement rangée pour éviter les problèmes. Rien sous les planchers de la cuisine. Rien dans la coursive de la salle d’eau. Reste le plancher de la salle d’eau elle-même. Et là, bingo. La bête apparait un court instant et file se réfugier sous le bac à douche, inaccessible pour les humains que nous sommes. Mes tentatives pour l’en faire sortir (fil de fer, insecticide) restent vaines… Je fais le choix d’obturer les six entrées possibles (lumières d’écoulement d’eau le long des longerons, triangles d’environ trois centimètres de côté) non sans craindre les dégâts éventuels sur le tuyau d’évacuation de douche. Devant poursuivre notre descente vers le Sud, nous en restons là pour aujourd’hui.

13h00 – Nous nous sommes transportés à Crown Point, dix milles plus loin, à l’extrême sud de Tobago. Nous y jetons l’ancre. Quatre voiliers dont un français, sont déjà là. La plage accueille beaucoup de monde. Des inconditionnels du jet-skis s’en donnent à cœur joie… ce qui ne fait pas du tout notre affaire en termes de tranquillité. Le plaisir des uns ne coïncide pas toujours avec celui des autres…

Lundi 1er juin 2019 – Crown Point – Tobago

Contrairement aux autres jours, aucune trace de rat nulle part. Une satisfaction en soi. Depuis hier, Valérie et moi avons poursuivi la réflexion sur la stratégie à adopter. Le laisser « bloqué » sous la douche implique, outre les dégâts éventuels, qu’il meurt là et qu’il empuantisse fortement et très durablement la partie avant du bateau. Que faire d’autre ? Lui laisser le champ libre, toute autre issue que celle vers l’extérieur fermée ? Lui donner accès à la partie située sous le plancher de la salle d’eau qui peut être isolée du reste du bateau (peut-être aurait-il la bonne idée de mourir-là plutôt que sous la douche même s’il n’y a pas beaucoup d’illusion à se faire) ? Ce deuxième choix est celui que nous adoptons… pour l’instant. Un petit chocolat pendant quelques jours puis que du poison ? Après examen plus attentif de la partie considérée, des possibilités de passage sous les WC et la colonne qui porte le lavabo ne permettent pas, en l’état, de les obturer et de laisser libre ce seul accès à cette partie du bateau. Hypothèse invalide.

Nous profitons du beau temps et de l’après-midi pour aller explorer la plage de Crown Point, à quelques centaines de mètres de notre mouillage. Elle est réputée être la plus belle de Tobago. Elle se double d’un parc arboré dont la pelouse ferait pâlir un lord anglais (brexiter ou pas). De fait, la plage est splendide. Très longue, elle se déroule en suivant les courbes de la côte. Le beau ponton et la cabane qu’il porte, complète, là encore, l’aspect carte postale. Beaucoup de monde, malgré l’accès payant. Vraisemblablement, une frange aisée et bonne vivante de la société locale. Étant proches de l’aéroport, nous avons pu observer l’arrivée d’un nombre important d’avions parmi lesquels beaucoup d’ATR à hélices qui effectuent habituellement des distances relativement courtes (quelques centaines de kilomètres au mieux). Les vacances d’été y sont, sans doute, pour quelque chose.

En face du mouillage, de l’autre côté de l’hôtel qui se trouve là, une autre plage. Beaucoup plus petite celle-là. Nous nous y rendons en annexe (à la rame) pour boire une bière au soleil couchant. La population est fort différente. Le minuscule et unique bistrot où nous nous installons ne joue pas dans la même division que ses collègues d’à côté. Les bateaux de promenade avec partie du fond en verre pour l’observation des coraux, y débarquent par l’arrière et directement dans l’eau, leurs flots de touristes. Peu habituel comme mode de débarquement… Bien que très différente, l’ambiance est sympa. De son côté, le soleil a fait un peu mieux que ces jours derniers mais sans forcer quand même.

Après avoir soufflé entre quinze et vingt-cinq nœuds ce matin, le vent est tombé. La baie est calme. En cette veille de départ pour Trinidad, la nuit devrait l’être.

Mardi 2 juillet 2019 – Crown Point – Tobago

Mauvaise surprise… nous découvrons des crottes de rat dans le carré. La satisfaction de la veille a été de courte durée. Le même rat qui a trouvé une sortie (ou en a fait une) ou son frère (si ce n’est toi, c’est donc…) ?

09h00 – Nous retrouvons le taximan autoproclamé, rencontré la veille et prenons la direction de Scarborough pour les papiers de sortie… Nous sommes dans les bureaux de l’immigration environ une demi-heure plus tard. Il nous faudra patienter quarante-cinq minutes pour obtenir le blanc-seing de départ. Comme convenu, nous avions appelé le Commandant Andrew pour le prévenir de notre présence. Il nous accompagnera dans le bureau des douanes et tiendra (quasi) le stylo de son collègue en charge de notre document. Merci Commandant.

Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons acheter des oranges, une main de petites bananes jaunes et des ananas. Nous en profitons pour nous offrir un smoothie multi fruits bien frais (sans sucre ajouté !). Excellent.

La suite de la journée se passe tranquillement. Nous vérifions la météo pour la nuit. Quinze nœuds de vent Est-Nord-Est pour les quatre-vingts milles que nous avons à parcourir. Douze à quinze heures environ. Nous naviguerons au portant si tel est le cas. Nous programmons le départ pour l’immédiat après diner.

21h15 – Nous levons l’ancre. Les quinze nœuds de vent annoncés ne répondant pas à l’appel, c’est au moteur que nous effectuons les premières heures de la traversée vers Trinidad. Nous établirons la GV peu après minuit et la garderons, avec ou sans génois, jusqu’à l’arrivée.

Une étoile filante trace son chemin ultra-rapide et ultra-court dans la nuit…

TRINIDAD

Mercredi 2 juillet 2019 – – Chaguaramas – Trinidad

08h00 – Nous sommes à proximité des trois iles situées à l’Ouest de la pointe Nord-Ouest de Trinidad. La houle croisée et les vingt à vingt-cinq nœuds de vent maintenant bien présents, nous baladent un peu. Pascal que j’avais rencontré à Jacaré au Brésil (il effectuait son troisième tour de l’Atlantique), m’avait conseillé de passer à l’Ouest de la plus à l’Ouest des iles, du fait des courants. Deux voiliers à proximité de nous embouquent pourtant le passage qui apparait relativement étroit, entre Trinidad et Monos Island, la première des iles. Beaucoup plus court pour rejoindre Chaguaramas. Je ne suis pas chaud malgré la faible puissance du courant annoncé (un nœud par le travers). Le passage entre la première et la deuxième ile, Chacachare Island, est nettement plus large. Après m’être un peu tâté, je dirige l’étrave de Soa vers son entrée. Nous passerons sans difficulté malgré les changements de direction du vent et une brusque gite un peu forte à un moment donné. La végétation verdoyante des côtes Ouest est superbe, tel un rideau d’arbres d’une centaine de mètres ou plus, plongeant dans l’océan.

Beaucoup de très belles villas sont blotties dans les anfractuosités des côtes Sud des iles. Pour ceux à qui elles appartiennent, la vie doit y être agréable.

La baie de Chaguaramas est très, très loin de cette vision de rêve. Le port de travail y prend ses aises. Les grues sont plus nombreuses que les palmiers. Cargos et autres bateaux de travail sont partout. Viennent ensuite les bateaux de plaisance, fort nombreux eux aussi. Il en est également un grand nombre, stockés à terre dans les différents chantiers qui bordent le fond de la baie.

11h00 – Après un tour de repérage nous jetons l’ancre au milieu de ce fatras, avec, d’un côté, des voiliers déjà au mouillage et de l’autre, des remorqueurs grand format en bon ou très mauvais état. L’eau est sale, des détritus de tous ordres sont à la surface, le gazole surnage, bien visible…

Quelques minutes plus tard, Corinne et Jean-Claude de « AragoRn » (nous les avions rencontrés à Crown Point deux jours plus tôt), viennent nous saluer. Hasard des choses, leur bateau était à Rochefort en même temps que Soa qui, bien qu’à terre à l’époque, les avait fait rêver !

Après un déjeuner rapide, une grosse sieste réparatrice (je n’avais dormi que quatre heures et demie depuis le départ de Tobago), direction l’immigration et les douanes. Pour ces dernières, tout est bouclé en quelques minutes. A l’inverse, à l’immigration, trois quarts d’heure seront nécessaires pour que notre situation pourtant simple, soit comprise et réglée. À cette occasion, on s’aperçoit que la préposée de Charlotteville m’a donné un visa pour un seul mois au lieu des trois demandés. La prolongation ne pouvant être faite sur place, il faudra que je me rende aux bureaux de l’immigration de Port Of Spain, la capitale…

Afin de boucler agréablement la journée, les toilettes se mettent en grève. La pompe tourne mais au lieu d’aspirer, elle refoule l’eau (et le reste) présente dans la cuvette. Quand tout va, c’est qu’il y a un problème. Toujours très agréable…

Jeudi 3 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Au réveil, l’endroit n’est pas plus engageant que la veille. Entretien du bateau, oui, villégiature, non. Ce n’est, à l’évidence, pas là que je pourrai accueillir Caroline et Inaya pour leurs vacances, ce qui me tracasse un peu.

Valérie souhaite passer les deux jours qui lui restent, ailleurs, dans un endroit où la nature n’est pas trop défigurée par l’homme, ce que je comprends aisément. Nous partons explorer les alentours en bateau. Côté Est, à proximité du village de Petit-Bourg, Carénage bay. Un mouillage plus sympa, mais pas au top non plus. Rien qui puisse permettre de se baigner, de se balader… Rien d’engageant non plus le long de la côte Sud-Ouest qui mène à Port Of Spain, un peu plus bas. Nous rebroussons chemin et repartons côté Ouest. Entre l’ile principale de Trinidad et Menos Island. Nous trouvons un refuge beaucoup plus avenant, Scotland Bay. Toute petite baie profonde et très étroite. Elle est très bien abritée des vents d’est et de la houle. Des collines boisées, une petite plage de sable blanc à l’entrée. Un autre monde, un contraste saisissant. Deux voiliers s’y trouvent déjà, mouillés sur ancre à l’avant, amarres prises sur un arbre à l’arrière.

Quelques barques de pêcheurs explorent les lieux, les pélicans occupent le ciel, les lucioles clignotent et puis… et puis, un bruit inconnu, une sorte de cri ou de hurlement très puissant qu’on suppose émaner d’animaux. La nuit apporte une dimension mystérieuse à cet endroit hors du temps.

Vendredi 5 juillet 2019 – Trinidad

07h30 – Le calme règne sur Scotland Bay. Silencieux, les pélicans chassent. Un hurlement (ou grognement ?) long, puissant et profond, identique à celui de la veille, déchire parfois le silence. Sangliers, phacochères, singes rouges hurleurs dont un article lu avant notre arrivée mentionnait la présence dans la région… les paris sont ouverts (in fine, ce sont les singes).

Comme prévu, nous partons explorer la baie de Maracas, sur la côte Nord. L’une des plus belles plages de Trinidad, parait-il. Depuis Scotland Bay, quatre heures au moins de navigation. Nous partons suffisamment tôt pour rebrousser chemin au cas où les conditions de mouillage ne seraient pas bonnes.

De Maracas Bay, nous sommes à quarante milles nautiques des plages de Crown Point à Tobago soit environ une journée diurne de navigation. Une issue se trouve peut-être là concernant Caroline et Inaya ?!

La remontée entre Trinidad et Monos Island, un mille environ, se passe tranquillement. L’océan est en revanche beaucoup plus agité au niveau de la rencontre des eaux. Il le reste ensuite. Les cinq nœuds de vent que nous avons de face nous obligent à faire route au moteur. Le ciel est bouché, il pleut par intermittence.

11h00 – Deux globicéphales pointent leurs nageoires à l’étrave de Soa. Ils ne feront que passer… Un court instant, quelques dauphins prennent le relai puis disparaissent à leur tour.

13h30 – Conseillés par des pêcheurs d’une barque (à qui nous achèterons un très bel « king fish »), nous jetons l’ancre dans la partie nord de Maracas Bay appelée Tyrico Bay, juste après l’entrée sur la gauche. Une petite plage nous fait face. Un peu de houle mais assez peu… compte tenu de cela, nous choisissons d’y rester . Valérie va visiter la plage à la nage.

Samedi 6 juillet 2019 – Trinidad

09h00 – Nous reprenons le chemin de Chaguaramas (Valérie prend l’avion demain matin à six heures). Il fait beau, l’océan est assez sage, les douze à quinze nœuds de vent établis nous permettent de cheminer dans de très agréables conditions sous GV et génois, vent portant.

L’ouverture d’un des tiroirs de la salle de bains nous fait constater, au vu des dégâts, que le rat est de retour…

Dans un tout autre registre, l’incisive droite de ma mâchoire du haut, me fait mal depuis une dizaine de jours. À certains moments, les douleurs sont ou ont été, très aigües. La gencive est très inflammée et très douloureuse au toucher. La dent elle-même bouge plus que sensiblement depuis deux ou trois jours. Pas bon signe. Concernant cette même dent, j’avais signalé des douleurs passagères à ma dentiste avant mon départ de La Rochelle mais la radio faite n’avait rien révélé. Il s’agit là d’autre chose, semble-t-il.

Dimanche 7 juillet 2019 – Trinidad

Monsieur Dean le taxi qui conduit Valérie à l’aéroport, est convoqué pour deux heures trente du matin (la nuit, quoi). Il souhaitait être rappelé une heure avant. La nuit fut un peu entrecoupée…

Une fois Valérie accompagnée jusqu’au taxi, je reprends le chemin de Soa et… de mon lit. Sans restriction. 

Mon incisive bat toujours « la breloque », selon la formule de mon grand-père. Pas franchement réjouissant et toujours douloureux même si un peu moins.

En fin d’après-midi, désormais rendu à ma solitude, je m’offre un tour à terre et une bière au café de la marina (une vraie, celle-là). Sur la terrasse, à côté de moi, trois femmes et un jeune garçon. On entame la conversation. Le sailorman français que je suis ne comprend pas tout, loin s’en faut. Avec mes mots (très limités) j’explique quand même son périple. In fine, je leur demande si elles connaissent un dentiste. L’une d’elle, Joanne, maman de Djamel, onze ans, me propose de me faire parvenir les coordonnées de sa dentiste. Nous échangeons nos numéros de téléphone… Je reçois quelques heures plus tard les coordonnées de la dentiste en question, Madame Angélique Wiseman. Super.

Lundi 8 juillet 2019 – Trinidad

L’urgence de certains coups de fils à passer me font remettre au lendemain la visite chez la dentiste locale. Le fait que j’aie moins mal y contribue sans doute. Je finis par avoir le cabinet de ma dentiste rochelaise dont je n’avais pas de nouvelle. En réalité, elle m’avait répondu dès le vendredi… mais son mail s’était égaré dans les spams et je ne l’avais donc pas vu. Elle me conseille, à minima et en attendant une consultation, la prise d’antibiotiques à spectre large dont je dispose à bord. Dont acte. Merci à elle. Dans la foulée, j’imprime les feuilles de soins spécifiques « étranger » de la Caisse des français de l’étranger (c’est mon cas !).

J’attaque ensuite la question de l’assurance de Soa. Le cabinet De Lassée (La Rochelle) m’a adressé un nouvel avenant à mon contrat du fait du changement de zone. (scan signé en retour…).  Rien de neuf dans le contenu si ce n’est que la période cyclonique est considérée s’étendre jusqu’à fin octobre (et non septembre comme je le pensais), la perspective de rester à Trinidad et Tobago durant encore presque quatre mois, ne m’enchante vraiment pas. J’appelle Geoffroy De Lassée, le patron, pour en parler avec lui. Après discussion, il me propose de tenter une démarche auprès de la compagnie chez laquelle il a placé le contrat (RSA) pour obtenir, moyennant finances, une dérogation me permettant de naviguer jusqu’en Martinique soit en dessous de 15° Nord (contre 11° Nord actuellement). Une différence très significative. Il me demande de lui adresser un courrier précisant mon programme, mon plan de repli en cas de cyclone, mes moyens de vigilance à ce sujet (météo). Je m’y « colle » immédiatement et lui envoie le tout dans la foulée. Sur la question très restrictive de la navigation solitaire, circulez, il n’y a rien à discuter (24 h maxi). 

Reste la question de l’abonnement Iridium qui arrive à son terme dans quelques jours. J’appelle la chargée du dossier chez Pochon à La Rochelle (mon fournisseur). Sur les 500 minutes achetées en juillet 2018, il m’en reste 222. Sans un paiement complémentaire de l’ordre de 70 € par mois (soit quand même presque 850 € par an), elles sont tout bonnement perdues. Merci les forfaits et les entreprises qui en abusent… pour le « bien » du client, naturellement. Reprendre le même forfait (passé à 600 minutes dans l’intervalle) ne me coûterait que 150 € de plus. Dilemme…

La pluie faisant son festival durant une bonne partie de l’après-midi, je travaille longuement à la finalisation de mon « fil de l’eau n° 8 », celui sur la Guyane et le Suriname. Bien que je n’aie pas quitté Soa, la journée est passée très vite.

En fin d’après-midi, Joanne me rappelle. Ses sœurs et elle me proposent de passer me prendre le lendemain matin et de m’accompagner chez la dentiste… Pas belle, la vie ?

Mardi 9 juillet 2019 – Trinidad

09h00 – Mon taxi spécial, celui de Charline, la sœur de Joanne, vient ma chercher. Joanne est là aussi. Elle m’accompagne jusque dans le cabinet et fait en sorte que je puisse être pris en charge. Grand merci à elle.

À défaut de madame Angélique Wiseman c’est un de ses confrères, dans la cinquantaine, qui me prend en charge. L’homme est avenant et à l’écoute. La première radio fait apparaitre, de façon très visible, une cassure horizontale de la totalité de la dent (sous la gencive). La nouvelle n’est évidemment pas bonne. Par contre, je comprends beaucoup mieux le gonflement et l’inflammation de la gencive ainsi que les très fortes douleurs que j’ai pu ressentir. Quelle solution à ça ? Je crois comprendre que la dent ne peut être sauvée et que l’actualité du jour consiste à résorber l’inflammation et la douleur et à la stabiliser afin qu’elle reste en place en attendant mieux. Dont acte. Le dentiste perce un trou en arrière de la dent pour avoir accès au canal intérieur qu’il nettoie et remplit d’un produit dont j’ignore la nature. Deux autres radios permettront de visualiser le résultat. Je fais des photos de l’écran sur lequel elles apparaissent tandis que le dentiste m’en donne une impression papier. Je n’ai rien senti, la dent à l’air de mieux tenir, la douleur qui commençait déjà à s’estomper depuis un jour ou deux, a totalement disparu. Une très bonne chose. À la question que je pose au dentiste sur la suite, il répond par « couronne ». Mais encore ? Il dégaine une vidéo sur YouTube qui montre et explique la technique qu’il envisage d’employer. En clair, enlever la partie cassée, percer la partie restante en son centre, y placer une sorte de mèche assez large sur laquelle viendra se fixer la dent céramique de remplacement. Iron man, ça colle avec Le Fer !

La dent en question, fragile depuis longtemps, a dû finir de se casser lors du choc nocturne que j’ai subi à l’occasion de ma remontée solitaire du Brésil. Mon visage avait rencontré un peu durement le montant de la porte de ma cabine à l’occasion d’un coup de roulis…

Depuis le début, j’avais associé ma dentiste rochelaise, Christine De Monredon à mes soucis. Je lui fais suivre les différentes étapes et recueille ses points de vue et conseils. Très rassurant d’avoir l’avis de quelqu’un qu’on connait et dont on apprécie le travail.

Le cabinet dentaire est dans la rue commerçante de la ville. À ma sortie, presque deux heures plus tard, je pars aux services de l’immigration pour ma prolongation de visa. Mon bermuda ne passe pas. Au sens propre comme au sens figuré du terme. J’en suis quitte pour y revenir habillé « décemment », c’est-à-dire, avec une « culotte longue ».

Je poursuis par un début de visite de Port Of Spain. Quelques beaux bâtiments publics anciens parsèment le centre. Une très belle Cathédrale, de belles églises. Dans certaines rues un peu à l’écart, des maisons traditionnelles plus ou moins modestes mais sympa. Pour le reste des buildings modernes aux façades de verre, notamment en bord de côte. Rien d’inoubliable. Bien que pas donné, le modeste repas que je m’offre dans un petit restaurant rapide du coin, n’est franchement pas terrible.

Je pars ensuite à la recherche de la gare routière d’où partent maxi-taxis (douze ou quinze places) et autobus. Tickets achetés (une dame d’un certain âge m’accompagne gentiment au guichet pour m’en montrer l’emplacement), je fais la queue devant la borne n° 9, bus 135, destination Chaguaramas. Un homme de soixante-quinze ans environ est devant moi. Il comprend que je suis français et m’interpelle dans cette langue. De nationalité hollandaise, Job, vit à Trinidad depuis vingt ans. Il a également vécu en Belgique où il a appris le français. Étonnant comme c’est agréable de parler français. Nous échangeons nos coordonnées. Une heure plus tard l’autobus me dépose au port… Fin de partie.

Mercredi 10 juillet 2019 – Trinidad

La résolution était prise depuis quelques jours. Après les urgences administratives, après l’urgence dentaire, je m’attaque à l’urgence la plus emm… d’un bateau, les toilettes ! Elles sont en panne depuis plusieurs jours maintenant. Au lieu d’aspirer, elles refoulent à qui mieux mieux. Un grand bonheur genre Chanel revisité. D’un point de vue pratique, j’ai heureusement un « pot de chambre » de secours. Un grand format version début et milieu du XIXème. Les ustensiles des grands-mères ont parfois du bon. Comme je savais que cela allait être long, j’avais besoin de temps devant moi et de disponibilité mentale pour m’y coller.

Pour être long, ce fut long. Trois heures ce matin, deux heures cet après-midi. Préparation de l’outillage, protection des sols, vidage de ce qui restait de liquide… ont précédé le démontage de la cuvette en porcelaine. Elle est très semblable à celle de nos maisons à ceci près qu’elle comporte, logés dans la partie basse, un moteur d’évacuation, des tuyaux et les fils électriques de commande. J’ai ensuite démonté le moteur et les différents tuyaux d’évacuation. Malgré les produits (évidemment écologiques) censés nettoyer, tout était bouché, clapet anti-retour compris. Grattage et regrattage, vinaigre blanc… râpe à bois à certains endroits (!!!). Je pense avoir enlevé au moins cinq cents grammes de matière séchée. J’ai dû également gratter le gros tuyau d’évacuation qui part au réservoir tampon. Mon fil de fer fétiche (merci Antoine) m’a été d’un précieux secours. Est ensuite venu le temps du remontage. Plus rapide. Avec bien sûr, la question du résultat. Tout étant de nouveau en place, j’appuie sur le bouton du tableau de commande… aspiration nickel ! Ouf !!! En attendant la prochaine panne…

Le rat est discret ces jours-ci. Au vu de ma détermination, il a dû sentir que son tour approchait.

Je finis, ce soir, par joindre Christian, dentiste de ma « famille » guadeloupéenne. Je n’y étais pas parvenu ces jours derniers, ce qui me surprenait. Le numéro que Joëlle m’avait communiqué comportait un « 3 » à la place d’un « 2 »… Les téléphones, bien trop disciplinés, ne répondent de rien en cas d’erreur. Un comble. Au vu de la situation, il me propose d’attendre mon passage en Guadeloupe pour qu’il effectue le remplacement de ma dent. À tous les niveaux, confiance en premier lieu, la formule me convient pleinement. Allons-y comme ça, dans la mesure où il est possible d’attendre.

Jeudi 11 juillet 2019 – Trinidad

Le prochain problème n’aura pas attendu longtemps ! Mon utilisation très matinale des toilettes me laisse pantois. Elles refoulent à nouveau. Une claque. Passé le moment de stupeur et après réflexion, je fais l’hypothèse que des morceaux de tartre détachés hier ont dû rester coincés dans la partie haute du gros tuyau d’évacuation et qu’avec l’eau des deux cycles que j’avais réalisés hier à titre d’essai, ils ont dû redescendre et venir se loger au niveau du clapet anti-refoulement. Si c’est ça, ça devrait aller. Toujours est-il qu’un nouveau démontage s’impose… 

Une fois le « chantier » préparé, je redémonte la cuvette puis le moteur, non sans mettre un peu d’eau partout, bien sûr. Tout est nickel. Le gros tuyau d’évacuation est lui aussi propre. Mon cerveau fait des bulles. Disposant d’un moteur de rechange, par acquis de conscience, je le monte à la place de celui qui était en place, rebranche les tuyaux et réinstalle le tout. Sans changement. L’évacuation ne se fait toujours pas. Problème de carte électronique commandant le processus ? Pourquoi pas. Quelle autre hypothèse ? Le tuyau d’évacuation bouché plus haut ? Pas impossible. Je pars sur cette idée. Le tuyau en question (38 x 45 mm) rejoint, trois mètres plus loin, le haut de la cuve de stockage des eaux noires c’est-à-dire, des WC (obligatoire dans certains lieux de mouillage et ports où on ne peut rejeter à la mer). La cuve est sous le carré, tout au fond sur tribord, coincée entre diverses étagères et boites de stockages. Une fois les abords dégagés, il me faut une bonne demi-heure de contorsions diverses pour parvenir à défaire le collier de fixation du dit tuyau, tout naturellement placé derrière un autre tuyau. Une fois dégagé, je le transporte à l’extérieur. La partie haute est effectivement très encombrée elle aussi, quasi bouchée pour tout dire. En tapant le tout sur l’échelle de bain et en lavant à maintes reprises à l’eau de mer, je parviens à nettoyer ce qui ne l’était pas. Afin de ne pas tout remonter pour rien, je branche directement le tuyau en question sur la sortie des WC… et j’appuie sur le bouton. Miracle, ça fonctionne ! L’évacuation se fait normalement. Je replonge sous le carré et remonte le tuyau, au prix des mêmes contorsions… et repars appuyer sur le bouton. À priori (il faut rester prudent), mes toilettes fonctionnent à nouveau. Excellente nouvelle s’il en est !!!

Morale de l’histoire : un, ne jamais désespérer d’un possible même si provisoire « happy end » ; deux, les toilettes fonctionnent, le circuit est désormais propre sur toute sa longueur, comme au premier jour (mai 2014) ; trois, aucune panne matérielle n’étant à déplorer, je conserve une longueur d’avance dans ce domaine (moteur, carte électronique, tableau de commande de secours toujours en réserve) ; quatre, la pompe manuelle de vidange à dépression (celle qu’on utilise normalement pour les vidanges du moteur) est, ici comme dans d’autres circonstances, un matériel précieux pour ne pas dire indispensable à bord. Réjouissant…

11h00 – Comme presque tous les matins à cette heure-là, il pleut. J’en profite pour m’accorder une pause écriture avant d’attaquer le nettoyage et la remise en place des affaires. Après autant d’activité, un repas correct et une petite sieste s’impose…

J’attaque le nettoyage des fonds cet après-midi. Ceux qu’affectionne le/la/les rat(e/s). En l’occurrence, les différents lieux de stockage des bouteilles de ma cave, principalement au niveau des dessous de plancher de la salle d’eau et de sa coursive. Je sors toutes les bouteilles, les lave une par une et en profite pour en faire l’inventaire. Une majorité de bons Bordeaux mais aussi des Bourgognes, un peu d’Alsace (Gewurztraminer, mon préféré), quelques vins de Loire et autres. Pour ce qui est des fonds, il y a du boulot. Les problèmes passés de plomberie (évacuation de la douche non étanche) et de moteur (problème de montage du chauffe-eau sur le moteur qui a généré un nombre non négligeable de fuites de liquide de refroidissement) ajoutés aux cubitainers percés par le/la/les rat(e/s)… que du plaisir. Les mousses antichocs que j’avais placées entre les bouteilles sont imprégnées d’un liquide noirâtre et sont bonnes pour la poubelle… qu’elles rejoignent immédiatement. En complément, parce qu’un plaisir ne survient jamais seul, un très grand nombre de minuscules billes de polystyrène qui ont unilatéralement décidé de prendre leur liberté (complément d’isolation du frigo) prennent le large. Un bonheur.

Les cochonneries du/de la/des rat(e/s)… bien visibles… mais vu ni son museau ni sa queue…

En toute fin d’après-midi, face au soleil déclinant, confortablement installé à l’avant du bateau sur mon fauteuil pliant (de grand-père), je m’offre, en plus d’une excellente bière brune, un super moment de contemplation. Ma formule à moi de méditation… même si moins à la mode.

Vendredi 12 juillet 2019 – Trinidad

Alors, le rat ? Je n’ai pas vu de trace ces jours derniers. En l’absence d’odeur, il doit pourtant être encore vivant.

Je poursuis le nettoyage/rangement/inventaire des fonds. Pas hyper réjouissant mais utile et nécessaire…

Une fois n’est pas coutume, aujourd’hui, il a plu tôt dans la matinée. Insuffisant semble-t-il puisque, après le soleil, il pleut de nouveau en ce tout début d’après-midi.

Autour de moi, toutes sortes de bateaux… de la barque de pêcheur aux énormes bateaux de transport qui desservent les plates-formes pétrolières toute proches en passant par des rangées de chalutiers, actifs pour certains, désarmés pour d’autres. Le mouvement est permanent, les moteurs tournent jour et nuit.

Samedi 13 juillet 2019 – Trinidad

Après une pleine semaine de travaux (euh… trois jours), je change de registre aujourd’hui, il faut que je ravitaille un peu. La superette sur le port ayant une offre plus que limitée, je vais faire un saut, en bus, à la grande surface située sur la route de Port of Spain. Ça fait trois jours que je n’ai pas mis le pied à terre, ça va me changer…

Je fais un bout de chemin à pied pour voir à quoi ressemble le mouillage (qui accueille bon nombre de bateaux) juste derrière la pointe située à l’Est de l’endroit où je me trouve (nous y étions venus par la mer avec Valérie). Je mets environ quinze minutes pour y parvenir. Il s’agit d’une structure associative de voile. Si elle fonctionne comme les autres, les voiliers de passage ne sont pas réellement pas les bienvenus.

Un taxi dans lequel chacun monte à la volée (idem Mayotte) me dépose devant ce qui s’appelle West Mall. Un centre commercial rutilant. Vous pouvez transporter ses galeries intérieures et ses magasins chics en tout lieu du globe, personne ne s’apercevra de la différence, elles sont toutes semblables. Une petite superette de produits fins se trouve dans un angle. Pas franchement ce que je cherchais. Rien d’autre à l’intérieur. Il doit pourtant y avoir autre chose. Je ressors, contourne le centre et découvre le super marché Massy Stores, la même enseigne que la superette de la marina, en beaucoup plus grand.

Caddy à la main, j’attaque à fond. Le hasard me fait tomber directement sur le minuscule rayon des vins et alcools. La moindre bouteille de vin se vend quinze euros. Les vins du Chili que je payais sept ou huit euros au Brésil, sont ici à dix-huit euros. Ça calme. Je m’apercevrai, au fil des rayons, que tout est cher, fruits et légumes compris. Assez incompréhensible au vu du salaire de base trinidadien qui varie dans une fourchette de 200 à 500 €. Côté fromages, je trouve du Cheddar qui, pour l’avoir déjà expérimenté, peut être considéré comme acceptable. Les yaourts sont nombreux et variés. La viande a bonne mine mais j’ai de moins en moins envie d’en manger. Deux-trois barquettes de morceaux de poisson se battent en duel. Au global, le tout est à des années lumières de la diversité de nos rayons français, ce dont nous n’avons guère conscience, généralement. Pas de quoi faire de folies gustatives en tous cas…

Dimanche 14 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Disparu depuis plusieurs jours, le rat a de nouveau laissé des traces.

Attiré par Soa et son port d’attache (La Rochelle), Pierrick du Super Maramu (Amel) presque voisin, me fait une visite de courtoisie. Elle durera plus d’une heure que nous passerons à papoter. Ancien pilote militaire, sa femme et lui naviguent depuis cinq ans. Les bateaux, les équipements, les lieux, les avions, occuperont une large partie de nos échanges.

Les bananes que Joe nous avait données sont à point, je refais de la confiture.

Lundi 15 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

08h00 – Dûment équipé d’une culotte longue, de chaussures fermées et d’une chemise, je repars ce matin au service national de l’immigration, à Port of Spain. J’y arrive vers dix heures trente. La première personne qui m’accueille me dit que c’est trop tard, qu’il aurait fallu que je vienne à sept heures… Je demande à voir son supérieur. Elle m’en indique le bureau. La salle en question est collective, plusieurs bureaux s’y trouvent. J’explique ma demande de prolongation de visa à la première préposée libre qui m’accueille agréablement. Pas de problème d’heure semble-t-il. Elle sort de son bureau avec mon passeport et les papiers de la douane concernant Soa et les confie à un de ces collègues. Ce dernier vient me voir. Je réexplique ma situation et ma demande, une prolongation de ma durée de visa. Il faut qu’il téléphone au bureau de Chaguaramas et à celui de Charlotteville (Tobago). C’est mal parti. Après quatre ou cinq allers retours, l’intervention de deux autres collègues, il m’est indiqué, au bout de deux heures que je dois écrire une lettre (contenu ?) et fournir un document du chantier où Soa se trouve. Problème, Soa est au mouillage et pas dans un chantier. Ah ! Est-ce que je peux avoir du papier pour écrire la lettre tout de suite ? Non, il est trop tard…  et je vois bien qu’il y a saturation. Le fait que j’aie une autorisation de trois mois pour Soa, semble ne rien signifier pour personne.

Après un repas rapide et quelconque, Trinidad n’est décidemment pas un pays gastronomique, je rejoins le salon de coiffure que Charlène (sœur de Joanne pour ceux qui ont du mal à suivre), elle-même coiffeuse pour dame, m’a indiqué. À la suite du shampoing, la coupe est un modèle du genre. Attention, précision, passages multiples, sans oublier la barbe, les sourcils, les oreilles… Du travail d’artiste effectué avec cœur. Je suis ressorti avec une tête beaucoup plus présentable, le tout pour l’équivalent de moins de dix euros. Le salon étant mixte, une jeune femme à côté de moi, s’amusait beaucoup à me voir être coiffé. Nous avons plaisanté avec nos coiffeurs respectifs…

De retour à bord, l’échéance approchant, je me replonge dans les forfaits et tarifs Iridium (téléphone satellite). Cela m’embête, pour les personnes qui naviguent avec moi, comme pour moi, de ne plus disposer de ce moyen de communication et de sécurité. In fine, je fais le choix de prolonger la durée pendant laquelle je peux me servir de mes minutes restantes. Un double paiement à 74 dollars US le mois.

Je renseigne ensuite le dossier que le chantier m’a remis pour la sortie et le carénage de Soa, programmés pour le lundi 26 août, soit juste après le départ de Caroline et Inaya. J’espère pouvoir négocier le fait qu’ils me fassent un document attestant de cette sortie et donc de la présence de Soa à Trinidad. Ce sera pour demain.

Nous sommes à la veille de la pleine lune. Elle s’est levée tôt en fin d’après-midi. Elle est déjà ronde et superbement lumineuse.

Mardi 16 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Après un nombre non négligeable d’échanges, SVB Marine finit par me faire parvenir une étiquette de retour pour la pompe à eau ayant un problème. Pas trop tôt.

De leur côté, Cdiscount, chez qui Valérie a renvoyé mon MacBook, m’informe qu’ils n’ont rien trouvé et que, de ce fait, ils me le retournent. N’importe quoi. J’avais pourtant mis une étiquette précisant la panne (touche « L » qui ne fonctionnait plus). J’appelle. Le courriel est une erreur, ils ont bien réparé la touche en question. À suivre et à voir à la réception.

09h00 – Journée chantier… qui commence mal. Le moteur de l’annexe cale à quelques dizaines de mètres du ponton. Je le redémarre sans problème mais dès que j’enclenche la marche avant ou la marche arrière, il cale de nouveau… Je finis par rejoindre le ponton à la rame.

L’enseigne Peak est, à Trinidad, une entreprise multi-registre dont celui de la plaisance. Le chantier est assez impressionnant. Le parking à bateaux est immense et quasi plein. La zone de carénage n’est pas en reste. Son voisin, Power Boat est encore plus grand du fait des très nombreux bateaux à moteur stockés sur des sortes d’étagères sur quatre niveaux (250 bateaux au moins). Peak à, par contre, l’immense avantage de compter parmi ses employés, une jeune franco-belge, Ivana, qui parle français. Elle est qui plus est sympa et très à l’écoute. A prestations égales et prix identiques, le choix a été facile. Il en faut peu parfois.

J’en profite pour la solliciter concernant l’éventuel document attestant des futures prestations, des dates et tout et tout. J’ai le document en question entre mes mains quelques minutes plus tard. En espérant que cela contentera les représentants de l’immigration trinidadienne.

Le chantier centralise les demandes de travaux et met les propriétaires en contact avec les professionnels correspondants. Alors que je suis encore dans le bureau, le mécanicien arrive pour voir le moteur de l’annexe. Nous partons ensemble sur le ponton. Je redémarre le moteur, enclenche la marche arrière (pour montrer qu’il cale)… et ça fonctionne. À l’inverse, il cale encore en marche avant. C’est à ce moment-là que j’aperçois un gros plastique coincé dans l’hélice. Une fois retiré, plus de problème. Toutes mes excuses, monsieur le mécanicien et… merci encore pour votre déplacement.

J’ai rendez-vous à treize heures avec le patron de la voilerie pour divers travaux sur les toiles de cockpit (une fermeture Éclair cassée lors de ma remontée du Brésil, le partage de la toile extérieure de protection afin de faciliter l’ouverture d’une seule des deux parties, avant ou arrière…), l’éventuel nettoyage de la trinquette qui s’est teintée de gris, la confection de toiles qui permettraient, au mouillage, de protéger de la pluie et donc de laisser ouverts le panneau avant de ma cabine ainsi que les grands panneaux latéraux du rouf. Il arrive avec quelque retard, nous faisons le point à bord… la « cotation » doit me parvenir sans tarder.

Chasse au rat l’après-midi. Je vide toute la cabine arrière et bouche tous les accès existants entre la cabine et la soute de stockage arrière. Je fais de même entre la soute arrière et le local technique. Je vide ensuite toute la soute en question… et il y a de quoi faire (il faudrait que j’adopte la technique de Céline et Antoine, une fois par an, on se débarrasse de tout ce qui n’a pas servi durant l’année). Au-delà de ces nécessaires gesticulations, le rat court toujours…

La lune est pleine et superbe.

Mercredi 17 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

J’ai rendez-vous à dix heures avec un employé pour le collage de la dame de nage manquante de l’annexe (c’est là-dessus qu’on accroche les rames). Les deux tentatives que j’avais menées n’avaient pas donné le résultat escompté. À dix heures tapantes il est là. Vingt minutes plus tard la « chose » est collée. Je dois attendre deux jours avant de m’en servir. Au moins deux intérêts à cela, pouvoir disposer d’une vraie efficacité en cas de panne moteur, « faire du rameur » comme activité physique (pas question de nager ici tellement l’eau est sale et polluée). Il me suffira pour ça, d’installer le banc prévu à cet effet…

Je pars ensuite à Port of Spain. Dans la salle d’attente de l’immigration, une bonne trentaine de personnes. Pas de ticket ou autre. Au bout d’un moment, je vois l’homme auquel j’ai eu à faire la dernière fois. Je le sollicite du regard et du geste. Il vient me voir une quinzaine de minutes plus tard. Je lui tends le document de Peake. Ça a l’air de convenir. Il me dit cependant que la modification sur mon passeport ne peut être faite aujourd’hui, qu’il va me donner un rendez-vous pour les jours à venir. Ma réaction est un peu vive (raisonnablement quand même). Revenir une quatrième fois pour un cachet et une date à porter sur mon passeport, je ne comprends pas et je trouve ça très désagréable. Le public se marre. Il repart avec mon passeport et l’attestation. Une dizaine de minutes plus tard il m’appelle et me demande de le suivre. Une fois à l’abri des regards, il me tend mon passeport et me montre le nouveau cachet et la nouvelle date… Thank you, thank you very, very much…

Ayant épuisé ma réserve courante d’Ibuprofène du fait de ma dent « enragée », je fais en sorte de trouver une pharmacie. Google Map m’en indique une à proximité. J’ai beau regarder, je ne vois rien, ni enseigne ni autre indication. Je demande. Si, si, là-bas. Je m’approche et vois une sorte de bazar-épicerie. En regardant plus attentivement, je découvre, à l’intérieur, dans un angle, le comptoir pharmacie. Inhabituel pour nous. Ma demande de deux boites semble étonner. Je comprends mieux lorsque je découvre les boites en question. Elles sont énormes, peut-être une centaine de comprimés dans chaque… Je révise ma demande. 

Au retour, je fais un stop dans une grande surface (même enseigne que celle d’il y a quelques jours, mais plus près du port). Je trouve des oranges, super. Le vin est aussi cher que la Vodka (15 à 20 € la bouteille suivant la marque). Je prends un cubitainer d’un litre et demi de vin pour la modique somme de 30 €. L’eau gazeuse, que j’apprécie, se résume à deux marques, San Pellegrino et Perrier… pour 2,50 € la bouteille d’un litre. Ça calme.

Un peu plus tard, j’ai Nathalie au téléphone. Collègue de Mayotte, elle doit me rejoindre à l’automne pour deux mois. Nous ne nous étions pas parlé depuis plus de dix ans. Sympa.

Après cette journée largement occupée par la pluie, le coucher de soleil est superbe.

Jeudi 18 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Les oranges ont le mérite d’exister mais elles sont beaucoup moins parfumées que celles que j’ai pu trouver jusque-là.

Je consacre une bonne partie de ma journée à préparer et programmer les travaux du bord et les achats que je dois effectuer pour cela (Caroline me rapportera certaines choses).

N’ayant pas de retour quant à l’assurance, je relance.

Vendredi 19 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Le rat toujours bien là…

Je fais le plein d’eau par « bidonnage » ce qui nécessite un nombre important d’allers et retours en annexe.  

Samedi 20 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

La bouteille de gaz que j’avais déposée à l’endroit ad hoc, m’est livrée au ponton (13 kg/35 €). L’autre étant entamée depuis peu, j’ai de quoi voir venir… Martinique, Guadeloupe, Saint Martin étant sur la route, le réapprovisionnement ultérieur devrait être facile.

Je pense avoir fait à peu près le tour des travaux et achats à faire. J’ai par ailleurs contacté tous les interlocuteurs qui devaient l’être : clapet non-retour du WC (plusieurs échanges par téléphone et mail avec le fabricant, Sanimarin), Antifouling Trilux 33, drisse de spi de secours…

Réparation et modification de mes toiles de cockpit (fermeture Éclair centrale cassée), modification de la partie occultante, confection de toiles de protection des panneaux de pont et des capots ouvrants de rouf afin de pouvoir les maintenir ouverts en cas de pluie et donc de conserver une meilleure ventilation – dame de nage collée, installation du banc et des rames d’origine – modification de la position des boulons du support de moteur d’annexe – modification de la fixation de la table de cockpit afin de gagner en rigidité… Ça avance.

Caroline m’a envoyé une vidéo d’un moment convivial de leurs vacances. Il met en scène des enfants en train de danser dont Inaya et Morane, fille de Cédric. Toujours sympa. Caroline et Inaya seront là dans deux semaines.

Dimanche 21 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Enfin seul maître à bord. À une heure du matin, mon passager clandestin introuvable, Monsieur (ou Madame) le Rat, a fini, grâce à mon dernier stratagème, par rendre les armes. Quand je dis « seul maître à bord », c’est dans l’hypothèse où il n’y en avait qu’un. Je vous passe les détails du jeu de piste mais la saga semble clause. Un vrai grand soulagement. Comme une libération.

Les conditions météo de ce matin (eau calme et absence de vent) me permettent de nettoyer la flottaison bâbord de Soa. Incroyable comment les coquillages et la verdure se sont installés en un mois de temps. Le dessous est dans le même état mais ce sera pour plus tard.

À la suite de ce nettoyage, je décide d’aller ramer un peu. Trois ou quatre cents mètres plus loin, la dame de nage collée quatre jours plus tôt se décolle malgré ponçage, double enduction, long séchage… Encore loupé.

La mort du rat m’a donné de l’énergie. J’attaque ensuite la cuisine et le ménage. Les poivrons sont sur le feu. La vaisselle est rangée, l’égouttoir à vaisselle nettoyé. Piloté de main de maître, l’aspirateur aspire…

D’humeur légère, j’ouvre une bouteille de mon rosé portugais préféré…

Libéré de l’envahisseur, du moins je l’espère, je reprends et finalise le nettoyage des fonds. Je remets les bouteilles de ma cave en place moyennant un petit aménagement des fonds dédiés (contre-plaqué sur les lisses). Je poursuis également l’inventaire général de « qu’est-ce qui se trouve où ». Le jour où il sera finalisé, je devrais gagner du temps dans certaines de mes recherches.

Pour finir, je change la goulotte cassée depuis quelques temps de l’arceau, celle qui reçoit, sur l’arrière, l’une des toiles latérales de cockpit. Ça faisait un moment que je me promettais de le faire.

ANNIVERSAIRE… UN AN DE VOYAGE ET DE DÉCOUVERTES

Lundi 22 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Un an ! Un an déjà ! Le 22 juillet 2019, Soa, Anne, Cathy et moi, larguions nos amarres rochelaises.

Au total, près de neuf mille milles parcourus (seize mille kilomètres), sept pays visités (États), soixante ports et mouillages avec une très, très large majorité pour ces derniers…

Alors ? Pêle-mêle… la navigation en équipage ou en solitaire, la vie à bord, comme une forme de liberté, les navigations, les lieux découverts, les cultures et modes de vie, boissons et nourriture comprises, les rencontres dont je ne soupçonnais pas qu’elles puissent être aussi nombreuses, diverses et riches (dont dix-sept équipiers, certains ayant navigué plusieurs fois avec moi), les dauphins, les oiseaux, l’océan, son mouvement, son bleu profond, ses horizons, la baignade au milieu de rien, les ciels, les levers et couchers de soleil et de lune, la voie lactée, les arcs en ciel et en mer, imbriqués, et puis… nager, marcher, faire du vélo, lire, écouter de la musique contempler…

Hit-parade 2018 – 2019

  • Navigation(s)

Moments de grâce, de plénitude, temps suspendu, apesanteur… Golfe de Gascogne, Détroit de Gibraltar, traversée Canaries – Cap Vert ; transatlantique Cap Vert – Salvador de Bahia (deux mille cent milles) ; remontée solitaire du Brésil (deux mille milles en deux étapes 600 + 1400 nm), etc.

  • Des lieux
  • Espagne : Avilès, Cudillero, San Andrès de Teixido, Saint Jacques de Compostelle, La Coruna, Cadiz ;
  • Portugal : Porto ; Baie de Sagrès, Cascaïs,
  • Maroc : Tanger, Essaouira ;
  • Cap Vert : Mindelo / Sao Vicente ;
  • Brésil : archipel de Fernando de Norhona, Salvador, baie de Bahia, Itaparica, Olinda ;
  • Guyane : iles du Salut, Saint Laurent du Maroni ;
  • Trinidad et Tobago : Tobago, les baies de Charlotteville, et d’English man’s, sa forêt…
  • Des moments

Fête de la mer à Malpica (Espagne), soirée Fado (Portugal), Carnaval à Salvador, farniente à Itaparica Brésil), Charlotteville (Tobago)

  • Des personnes :

Outre mes équipières/équipiers à qui je rends un vibrant hommage, Pedro, Martial (Espagne) ; Lidia (Portugal) ; Kadija et Yanis, Ali et Moha (Maroc) ; Aurélie, Patricia, Sandra (Guyane), Cdt Andrew, Joe (Tobago), Charlène, Joanne et Djamel, Job (Trinidad)…

  • Plaisirs du palais

Pain de Malpica, bière 1906, mojito (Espagne) ; morue sous toutes ses formes, Pastéis de nata, Porto, vins du Douro (Portugal) ; Tajine, pâtisseries (Maroc) ; Caïpirinha, jus de coco frais (Brésil) ; et puis… king fish (poisson), langouste, fruits dits exotiques (ma pince pour enlever les yeux des ananas fait merveille) et encore… faits maison : crumble, tiramisu, confitures, pain, soupe de poisson et autres…

  • De rares mais beaux achats :

Tapis marocains, théière, livres, drapeaux et autres pour Inaya…

Alors… ? Un bonheur complet

Un regret ? Un seul et unique regret, mais il parait qu’on ne peut pas tout avoir, ne plus être physiquement aux côtés d’Inaya (ma pétillante et forcément adorable petite fille, pour les nouveaux) et ne la voir grandir qu’à distance, même si les moyens actuels de communications permettent de se voir et de se parler… ce qui est beaucoup.

Une certitude ? Non, plusieurs.

  • L’envie de poursuivre.
  • Cette première année comme une première étape. Une découverte de ce mode de vie, des découvertes. La deuxième va débuter avec les petites et grandes Antilles, la mer des Caraïbes, ses eaux claires et chaudes… des distances courtes entre les iles (de quelques dizaines à un peu plus de cent milles en moyenne). Un autre voyage.
  • En termes de vie quotidienne, les grandes villes, impersonnelles, agitées, bruyantes, bitumées, hérissées de tours, … ne sont définitivement pas ma tasse de thé. À l’opposé, Itaparica, village sympa, représente l’archétype de ce que j’aime, du caractère, un rythme de vie humain (comme le bateau), nager, marcher, faire du vélo…

Voilà, pour faire simple.


Portez-vous bien.

Pour fêter cette journée particulière, une demi-bière (Westmall Trappiste triple, excellente) au moment du coucher de soleil. Pour le repas, un foie gras, deux bouts de fromage parmi le (très) peu qui me reste, un verre et demi de vin du Chili pour accompagner l’ensemble et, pour finir, un fond de rhum arrangé de mon cru, version fruits de la passion. Divin. Une soirée fastueuse (rire).

En complément et dans un tout autre registre, j’ai remplacé le pavillon français, dont la partie rouge était en lambeaux et les couleurs complétement passées, par un tout neuf… qui a bien meilleure mine.

TRINIDAD… SUITE

Mardi 23 au 31 juillet 2019 – Chaguaramas – Trinidad

J’ai eu un peu de mal à me mettre au bricolage, rangement, nettoyage et autres, mais ça y est, je suis tombé dedans. Nettoyage de coque, des fonds, rangement de ma cave, tri et classement par dates et par types de nourriture de l’avitaillement présent à bord, préparation de la cabine arrière pour Caroline et Inaya, rangement de la soute arrière, collage des tissus anti-moustiques des capots de la cabine avant, installation de prises électriques supplémentaires (arrière du carré, branchée sur le convertisseur de 350 Watts et placard électrique), remplacement de la glissière arrière bâbord de la toile de cockpit, modification de la fixation de la table de cockpit, pleins d’eau…

À côté de ça, j’ai entamé les achats nécessaires au carénage (antifouling, pas donné !) et à l’entretien ou l’amélioration de l’existant y compris à distance (Accastillage Diffusion, Sanimarin, SVB Marine…), Caroline me rapportera certains matériels comme déjà dit.

Par ailleurs, je pense avoir trouvé, via le cabinet De Lassée à La Rochelle, une formule d’assurance un (tout petit) peu moins chère que celle qui était la mienne jusque-là, mais surtout, moins contraignante en termes de zone cyclonique puisque ma limite Nord de navigation passerait de 11° Nord à 15° Nord, ce qui inclus Grenade, les Grenadines, Saint Vincent, Sainte Lucie et la Martinique ainsi qu’une bonne partie de l’Amérique centrale, Guatemala, Nicaragua, Costa Rica… Ça change tout.

Dans un autre registre, j’ai modifié mes annonces sur les deux sites de co-navigation auxquels je suis inscrit. Trois demandes dès le premier jour. Aux antipodes du Brésil !

J’ai mis en vente mon MacBook à un prix très raisonnable… il a trouvé acquéreur quasi immédiatement.

Nomade, le bateau qui était à côté du mien à Degrad des Cannes (Guyane), vient d’arriver. Il est au mouillage près de Soa.

Jeudi 1er août 2019 – Chaguaramas – Trinidad

« Émancipation Day » (abolition de l’esclavage), Ayana (cousine de Joanne), Joanne et l’un de ses fils (un autre) me chaperonnent. Elles donnent d’ailleurs l’impression de craindre de me perdre dans la foule. Il faut dire qu’il y a du monde. Peut-être un ou deux milliers de personnes. C’est impressionnant. Deux espaces distincts se côtoient, le village éphémère avec la restauration, les vêtements, les produits artisanaux… et la partie spectacle avec des gradins couverts immenses. Je n’avais jamais rien vu de tel jusqu’à aujourd’hui. Les groupes artistiques plus ou moins performants défilent présentant danses et/ou musiques. Sans doute une occasion unique de se produire pour certains d’entre eux qui tiennent plus du patronage que d’autre chose. À l’inverse, certains groupes sont très performants. Les percussions version djembé occupent une place de choix. Je suis l’un des très rares « blancs » à être présent. Hommes et femmes ont sorti leurs tenues africaines traditionnelles. De la couleur, de la recherche, de l’allure, de la distinction… Certaines jeunes mamans tiennent à la main leur copie miniature. Adorable. Ambiance familiale sympa et décontractée.

Vendredi 2 août 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Toile de cockpit révisée, entretien du moteur fait… les choses avancent.

Samedi 3 août 2019 – Chaguaramas – Trinidad

L’arrivée de Caroline et Inaya approche. Je finis de préparer la cabine arrière dans laquelle elles vont s’installer.

Certains d’entre vous m’interrogez sur la question de la navigation solitaire et de son corollaire, la solitude. C’est à l’évidence une question qui se pose. Naviguer seul est à la fois une liberté absolue et une dimension très particulière de vie. Passer d’un pays à un autre, d’un port ou d’un mouillage à un autre, limite drastiquement les possibilités de rencontres durables et ce d’autant plus lorsque la langue parlée n’est pas maîtrisée. Mon projet de navigation est à ce prix. Je n’ai jamais envisagé d’y renoncer pour cette raison, ni avant, ni maintenant. Cela représente-t-il une souffrance ? Non. Un manque ? Oui, parfois, car partager les expériences, le voyage, la vie en bateau, les découvertes, est forcément un enrichissement, forcément un plus. Dans ce mode de vie solitaire, la relation qu’on entretient avec soi-même est essentielle. Mieux vaut qu’elle soit bonne, qu’elle permettent de se porter soi-même…

Je lis actuellement « L’ambassadeur » d’André Brink (auteur sud-africain qui fut très engagé contre l’apartheid). Il traite justement et largement de cette question de la solitude, de ce qui donne du sens à la vie, de ce qui la fait vibrer… L’ambassadeur en question est en poste à Paris, au sommet de sa fonction. Sa famille est à ses côtés. Il se sent pourtant très seul. Comme quoi…

Dimanche 4 août 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Fichier corrompu. La dernière version enregistrée l’a été en date du 23 juillet. Tout ce que j’ai écrit depuis s’est évaporé… Une (malheureuse mais sans doute inévitable) première.

06h00 – Midi à La Rochelle. Vous (Caroline/Inaya) bouclez les valises et vous vous préparez pour prendre le train qui vous conduira à Paris (départ aux alentours de 15h). Première étape de votre parcours pour me rejoindre. Je suis impatient de vous voir…

Hier soir, à l’invitation de Christine et William, j’ai diné à bord de « Nomade » leur Sun Charm. Prof EPS pour l’un, future infirmière pour l’autre. Ils ont refait entièrement et de leurs mains, l’aménagement de leur bateau. Congélateur, climatiseur, récupérateur d’eau de pluie, machine à pain… Nous dégustons un « acoupa » pêché par William et cuisiné par Christine. Excellent. Calva, « 44 », rhum arrangé pour finir. Excellente soirée où nous avons parlé bateau, Guyane et autres.

Aujourd’hui, sous le soleil du matin, je poursuis les préparatifs : compléments d’eau, grosse lessive à la laverie du chantier (draps, serviettes de toilettes, torchons…).

Suite au deuxième collage, les supports de rame de l’annexe ont l’air de tenir… pour l’instant du moins. Je me suis donc remis à ramer depuis quelques jours lorsque courant et/ou vent, m’en laissent le loisir. Excellent pour la forme.

Les machines professionnelles de la laverie font une lessive complète en 23 minutes ! Ça dépote. À la sortie, le linge est propre et particulièrement bien essoré. Les écoutes et filières du bateau servent d’étendoir…

14h / 20h à Paris – Caroline et Inaya sont à l’hôtel, à proximité de l’aéroport d’Orly. J’ai fini de préparer leur cabine, tout est prêt pour qu’elles puissent s’y installer et dormir après leur long voyage.

VACANCES CAROLINE ET INAYA… UN PUR BONHEUR

Mardi 6 au vendredi 23 août 2019 – Trinidad – Vacances de Caroline et Inaya

Je vous épargnerai (presque), vous, mes lecteurs non familiaux, le détail de ces deux semaines et demie de vacances familiales. Elles furent un bonheur. Balades diverses, visite du zoo de Port of Spain, séances de rame sur l’annexe, jeux divers (dominos…), traduction avec google de « The sailor dog » (livre en anglais acheté pour Inaya) et saisie alternée par elle et moi du texte sur l’ordinateur, Scotland Bay et ses singes hurleurs, séance de barre pour Inaya fière comme Artaban (et moi aussi), smoothies matinaux, longues séances de baignade et de sauts dans l’eau depuis la jupe arrière ou le côté du bateau (dans mes bras ou à côté), bouée tractée très prisée, El Zorro (gros bateau à moteur festif), observation des perroquets verts dont les cris plutôt que chants, sont puissants ; séances de gonflage de biceps en soufflant dans le pouce ; des expressions : bonne bête… mère indigne… une dent du voisin ; séances de Mikado avec une Inaya très concentrée, précautionneuse, qui a le coup d’œil, qui vérifie la faisabilité des choses avant d’agir, et puis, comptage des gains : classer par valeur, ranger du plus petit au plus grand, compter de 2 en 2, de 3 en 3, de 5 en 5… 

Quelques anecdotes : « Papy, t’es réveillé ? », phrase magique et rituelle, ouvrant nos discussions matinales. Quelle que soit la réponse, Inaya me rejoint dans mon lit et vient se coller à moi. Nous bavardons de tout et de rien. Et puis, un matin… « Quand c’est que tu arrêtes ton tour du monde – Je ne sais pas, pourquoi ? – Je voudrais te voir, moi… ». Pas facile comme réponse et pas neutre affectivement lorsque de grands yeux marrons, presque noirs, vous regardent…

Nos quatre jours à Maracas Bay. La plage de cette très grande baie (visitée en bateau) est réputée être l’une des plus belle de Trinidad. Chaises longues et parasols se louent à la journée pour une dizaine d’euros. Le week-end, les vacanciers-baigneurs envahissent les lieux. De nombreuses paillottes proposent des déjeuners à base de requin et de poisson frits. Pas d’une légèreté extrême mais il faut bien manger.

Inaya et moi y avons enchaîné de très longues séances de baignade. Les (petits) rouleaux qui se succèdent déclenchent immanquablement ses rires, ses cris proches du cillement… Pour être rincés, nous sommes rincés. Et puis, château de sable fortifié, une autre première pour moi depuis longtemps, en même temps qu’un autre plaisir partagé. Les frisbees embarqués depuis La Rochelle s’avéreront utiles. L’achat d’un ballon complétera le tout.   

À cette occasion nous assisterons à une course de bateaux super rapides, des cigares… dont le trajet, au départ de Chaguaramas, passe par Maracas Bay avant de rejoindre Scarborough à Tobago. À notre retour, l’un d’entre eux était sorti de l’eau au moment où nous reprenions notre annexe sur le ponton de la Marina. Le propriétaire nous a apporté quelques précisions sur les performances et les caractéristiques de sa bête : deux moteurs de 1300 CV, une vitesse pouvant atteindre 110 nœuds (soit plus de 200 km/heure) dans un bruit assourdissant qui s’apparente au grondement d’un quadriréacteur lourd au décollage.

Mais, tout à une fin…

Vendredi 23 août 2019

L’avion du retour décollant à six heures du matin, départ de Chaguaramas à trois heures. La nuit n’est pas noire. Nous faisons un dernier tour d’annexe, nous saluons Soa et, un peu plus loin, El Zorro qui avait réintégré sa place au ponton.

M. Dean nous transporte. Une fois les bagages enregistrés, nous sommes sortis à l’extérieur de l’aéroport, nous avions froid à l’intérieur. Inaya et moi avons joué une dernière fois à l’aide des cartons en forme de gros bracelets qui servaient à protéger nos mains de la chaleur des verres en carton dans lesquels, café et thé, nous avaient été servis. À tour de rôle nous le cachions et devions le trouver…

Juste avant que nous nous quittions, Caroline qui me tenait dans ses bras, pleurait. Inaya est venue contre nous et je l’ai serrée aussi. J’avais les larmes au bord des yeux (maintenant aussi en écrivant ces mots).

Ayant trouvé un taxi quasi au sortir de l’aéroport, j’ai très vite rejoint Soa. Il était un peu plus de six heures lorsque je suis remonté à bord, le jour se levait, vous étiez sur le point d’embarquer. Je me suis recouché et ai dormi un peu…

07h00 – Tandis que votre avion vous conduit aux USA, je suis comme sonné, pas bon à grand-chose, désorienté… et triste. Triste de ne plus vous avoir à mes côtés. Comme le dit Martine qui m’a envoyé un message après votre départ, « un grand vide, mais des images et anecdotes pour attendre la prochaine fois… ». Certes. Pour ce qui est des images et des anecdotes, il y a de quoi faire. Nous avons partagé beaucoup de choses, beaucoup d’activités, nous avons parlé… durant tous ces jours de votre présence à mes côtés.

Inaya. Ton rire, tes mimiques, ta voix m’accompagnent… « Papy, je peux faire avec toi, je peux faire seule… » blender, bâches du cockpit à plier, descente et remontée de l’annexe (tourner la manivelle de winch), ramer, aller sous l’eau… Tes affaires et celles que nous avons utilisées ensemble sont autant de rappel de ta présence… ceinture de nage, gilet de sauvetage, masque, mikado, dominos, crayons de couleurs…

Je me suis trainé toute la journée, envie de rien… Ainsi va la vie et les émotions.

TRINIDAD… CARÉNAGE… SUITE ET FIN

Ces trois semaines vues du côté du bateau…

Alors que nous arrivions au mouillage de Grand Point Bay, le guindeau se traîne pour dérouler la chaine. Pas bon signe. Une fois l’ancre accrochée, je tente de faire fonctionner le propulseur, pour voir… rien ! L’hypothèse « batteries mortes » me vient immédiatement à l’esprit. Le lendemain matin, histoire d’en avoir le cœur net, je vide la soute avant et teste les deux batteries dédiées qui se trouvent au fond : 11.40 V pour la première, 10,30 V pour la deuxième. L’affaire est entendue… pas étonnant que ça ne tourne pas. Je reprends les caractéristiques des batteries et relève les dimensions intérieures du bac à batterie pour pouvoir entamer mes recherches une fois de retour à Chaguaramas.

Dans un autre registre, je poursuis mes investigations concernant la plus que très faible vitesse constatée au moteur. Harnaché comme pour plonger en bouteilles (shorty, masque, palmes…), gants en sus, j’inaugure mon narguilé resté emballé dans sa protection depuis le Maroc (novembre dernier). L’engin fonctionne parfaitement bien et joue pleinement son rôle. Le constat concernant les œuvres vives (ensemble des parties immergées) est impressionnant et déroutant. Une couche quasi uniforme de coquillages recouvre tout sur une épaisseur d’au moins deux ou trois centimètres. D’autant plus impressionnant qu’au départ de Guyane et du Suriname, dont les eaux étaient très majoritairement douces, la coque était parfaitement propre. J’ai gratté les pâles de l’hélice, le saildrive (partie qui porte l’hélice) et l’ensemble du safran. L’essentiel ou la totalité de l’antifouling vient avec les coquillages… Pas étonnant que nous n’avancions pas. Le reste sera pour le carénage dans trois semaines maintenant.

En tout début d’après-midi Caroline et moi remontons les vingt-cinq mètres de chaine déroulés la veille, et l’ancre. Les trente-trois kilos de cette dernière nous donnent quelques suées. Nos efforts sont néanmoins assez rapidement couronnés de succès. J’avais préalablement décroché l’ancre en avançant du côté opposé de l’endroit où nous l’avions déposée, ce qui nous a incontestablement aidé. Les quelques coups de moteur donnés pour cette remontée ont montré un bateau beaucoup plus réactif que la veille. Ma plongée du matin semble porter ses fruits.

Le lendemain matin, dès la fin du « petit déj », j’entame la recherche de batteries. Deux fois cent-vingt ampères heure en douze volts, version AGM et, bien sûr, des dimensions à respecter pour qu’elles logent dans le bac à batteries existant.

Le magasin d’accastillage de chez Peak n’a aucune batterie pouvant correspondre à mes besoins. Celui de chez Power Boat ne vend pas de batterie. Il reste Budget Marine. Bingo, copies conformes des miennes, type, puissance, dimensions… J’achète. La facture est salée… ces deux-là me coûtent mille cent euros soit aussi cher que les trois AGM de deux cent cinquante ampères heure chacune achetées au Brésil. Les prix dans le monde sont étonnants ! Budget Marine accepte de me les transporter jusqu’au ponton des annexes de chez Peak sachant que chacune pèse environ cinquante kilogrammes. Dans la benne du camion, on vérifie le voltage… 12,7 V. Ok. Je vérifie simultanément les caractéristiques inscrites sur les batteries. Surprise. Les 125 Ah ont fondu en 105 Ah. Je signale l’erreur… « Ah oui, mais on n’a pas de 120 Ah en stock. – Merci de ne pas m’avoir prévenu avant ! – Vous les prenez quand même ? – Oui. »

Le montage est facile, le système de fixation des câbles étant semblable à celui des batteries d’origine. Le tout étant en place, premier essai. Tout fonctionne comme avant… guindeau et propulseur. Parfait. Bilan global, la seule batterie à ne pas avoir été changé est la batterie moteur. Moins problématique puisqu’elle est couplée avec les batteries de servitude et que ces dernières peuvent donc servir à démarrer le moteur. J’y regarderai à Saint Martin où les prix sont censés être plus doux parce que détaxés du côté hollandais…

Outre les activités habituelles, je replonge avec le narguilé ce matin pour vérifier l’état de propreté de l’hélice du moteur et tenter de nettoyer les pales des hélices du propulseur d’étrave. Je fais ce que je peux. De nouveaux coquillages se sont installés sur le safran huit jours après que je l’aie nettoyé. Un bonheur.

Nous en profitons pour donner à Inaya son baptême de « plongée sous-marine » (même si c’est un grand mot). L’embout du détendeur est évidemment un peu grand pour elle, elle a du mal à le loger dans sa bouche. Qu’à cela ne tienne… elle se régale…

Samedi 24 août 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Je commence à « digérer » votre absence…

Les photos que j’ai mise en ligne hier soir sur Face Book (celles de nos vacances partagées) ont du succès. La complicité qu’elles montrent entre Inaya et moi est, parait-il « craquante ».

11h – Après deux escales (New York et Francfort) et trente-trois heures de voyage vous êtes arrivées à la maison. Grâce aux SMS, j’ai pu suivre votre cheminement au fur et à mesure de vos déplacements. Toujours bien. Le train qui vous transportait de Paris à La Rochelle a été stoppé une heure du fait d’un défaut à un passage à niveau.

Ce matin, je suis allé faire des courses au Super Marché où nous étions allés ensemble.

Je mets de l’ordre dans le bateau, ceinture et gilet de sauvetage, masque, draps, crayons de couleur, cahiers…

Dimanche 25 août 2019 – Chaguaramas – Trinidad

La sortie d’eau de Soa est programmée pour demain neuf heures. Je me consacre aux derniers préparatifs : échelle pour monter à bord, roues de l’annexe pour la tirer sur le sable de la petite plage de la marina, produits divers…

Lundi 26 août 2019 – Chaguaramas – Trinidad

07h30 – Sortie d’eau dans une heure et demie.

09h00 – Le chantier m’invite via la VHF (radio) à m’avancer. Je fais entrer Soa dans le « U » où il sera pris en charge par le roulev (grue qui roule et lève). Quatre hommes, deux de chaque côté, m’attendent. Je leur passe les amarres. Dans un effort concerté et millimétré, ils maintiennent Soa au milieu du U. Une fois l’annexe mise en lieu sûr, j’observe leur manège. Le roulev s’avance. Un cinquième homme finit d’enfiler une combinaison de plongée. Une fois les sangles de levage prêtes, il plonge pour vérifier leur positionnement sous le bateau. Je n’avais encore jamais vu ça. Une fois Soa dégagé des flots, je constate l’ampleur des dégâts… l’ensemble des œuvres vives n’est plus que coquillages. Très impressionnant. Je comprends encore mieux pourquoi on se traînait… Une fois au-dessus du terre-plein, les mêmes hommes se mettent au grattage. Pas de discussion, pas de questionnement, très concentré, chacun y va à fond. La fourrure enlevée, c’est le tour du Karcher maison. Surpuissant, l’homme chargé de ce travail est arc-bouté sur la lance de l’engin. Il travaille méthodiquement, carré de coque après carré de coque. L’ensemble est nettoyé mais les parties des coquillages accrochées sur la coque, sont encore très nombreuses. Le jet d’eau sous pression ne parvient pas à les décrocher. La bonne nouvelle, suite aux difficultés antérieures, c’est qu’à l’exception de quelques centimètres parfois, au niveau de la ligne de flottaison, l’époxy primaire tient parfaitement. Les cloques du passé semblent être à ranger au rayon des mauvais souvenirs. À l’inverse, il ne reste plus guère d’antifouling. Ce qui explique aussi la présence d’autant de coquillages. Les divers grattages effectués au fil des mois écoulés, sous l’eau, doivent y être pour quelque chose. Ils sont sans doute aussi la cause de la sonde du sondeur d’avant, cassée. Pas étonnant que je n’avais plus d’image. Après quelques tergiversations sur le moyen à utiliser du fait des deux quilles (remorque ou pas ?), c’est le roulev lui-même qui transporte Soa à l’entrée du chantier. Il le dépose sur un triangle de pelouse… au milieu des deux voies d’accès. Étonnant. Pour la suite, c’est à moi de jouer…

10h30 – Un employé vient m’aider à faire les branchements électrique et d’eau en passant l’ensemble sous la route (il y a un pont). La prise électrique de la borne comporte trois broches très particulières. Il m’emmène avec lui au magasin d’accastillage situé à deux pas, pour me montrer laquelle je dois acheter. Sacrée organisation à tous niveaux. Chapeau.

11h30 – La coque a séché, je débute le ponçage… qui va être long. Il se confirme qu’il n’y a pas de cloque. L’époxy est en excellent état. La sous couche d’accrochage, elle, a assez bien tenu. Protégé comme il se doit (moi), c’est parti…

Mardi 27 août – dimanche 1er septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Tandis que Dorian, la tempête tropicale qui sévit actuellement quelques degrés plus au nord, déverse des trombes d’eau sur Sainte Lucie et la Martinique, il fait, ici, très sec et très chaud (38° à l’ombre). Pas de pluie depuis deux jours et demi ce qui est exceptionnel et… pas d’air. Le fait d’être à terre doit amplifier l’effet d’étouffement. Moi qui ne suis pas un passionné du liquide appelé « eau », je bois comme un trou, c’est dire.

J’ai poncé deux fois une heure et demie ce matin. Casquette, lunettes de protection, masque, vêtements légers pour l’équipement personnel. Les parties sous la coque sont, comme toujours, les plus difficiles à nettoyer. Le dos s’en ressent quelque peu. Un massage de fin de journée m’irait bien ! Entre hier et aujourd’hui, j’ai fait toute la partie avant jusqu’en arrière des quilles et le safran (quilles et bulbes compris). À ce rythme trois jours supplémentaires me seront sans doute nécessaires. Mais, pas d’urgence. Je suis bien installé, eau, électricité, sanitaires à disposition (huit euros pas jours). Je dois de toutes façons attendre l’arrivée de la balise de suivi de l’assurance… sans vraiment savoir le temps que sa livraison va prendre. Si je peux partir autour du dix septembre, et être en Martinique avant la fin du mois, ce sera parfait.

Les jours se suivent et se ressemblent. Après une semaine de ponçage en continu, je viens à bout de l’ensemble des œuvres vives ce dimanche 1er septembre. Ouf !!!

Au vu des salissures permanentes constatées au-dessus, je fais le choix de rehausser la ligne de flottaison d’une quinzaine de centimètres (soit presque jusqu’à la première bande décorative en place). Pour cette partie, je fais un ponçage en profondeur pour enlever toute l’alumine qui s’y était installée (protection naturelle qui se forme à la surface de l’aluminium et le protège). Je vais donc devoir appliquer plusieurs couches d’époxy primaire avant de passer l’antifouling. Les délais d’application entre chaque couche et chaque produit oblige à un timing précis… j’élabore un emploi du temps sur trois jours pour m’y retrouver.

Du côté équipiers, j’ai déjà plusieurs contacts en cours. Parmi ceux-là, Jeanne, jeune femme de vingt-six ans qui vit en Martinique et avec laquelle nous échangeons depuis quelques temps. Elle m’a confirmé qu’elle me rejoindrait à Tobago et remonterait en Martinique avec moi à compter du 23 septembre. Ma limite de visa étant le 24, la marge est étroite… De son côté, Sophie, enseignante en Martinique, m’a réservé une place pour les prochaines vacances d’octobre…

Pour ce qui est de la balise de positionnement qu’Helvetia doit m’expédier… aucune nouvelle. Embêtant si ça venait à durer.

Lundi 2 septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Une pensée pour ceux, petits ou grands qui reprennent le chemin de l’école dont Caroline et Inaya…

De mon côté, après six jours de ponçage les bras en l’air, je ressens une baisse de tonus notable. Un peu « ma dose », en quelque sorte. Aujourd’hui, je me suis attaqué à certaines finitions, l’hélice et l’embase du sail-drive, le tunnel et les hélices du propulseur d’étrave (un tube d’environ trente centimètres de diamètre à l’intérieur duquel sont placées deux hélices que l’on fait tourner dans un sens ou dans l’autre suivant que l’on veuille faire aller l’avant du bateau vers la droite ou vers la gauche… très, très pratique pour ne pas dire indispensable lors des manœuvres de port), le haut du safran (partie immergée du gouvernail), le dessous des bulbes. Reste les passe-coques pour boucler cette phase. Assez long tout ça… mais ça va venir.

Mardi 3 au samedi 7 septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Journées de break. J’en ai besoin. Il faut notamment que je ravitaille et que je trouve de l’argent liquide (pas de distributeur ATM à Chaguaramas !). J’ai aussi pas mal de courrier en retard…

Les produits Soromap n’étant pas distribués ici, j’ai fait le choix d’appliquer du Trilux 33 comme antifouling (marque International). Pas donné, c’est le moins qu’on puisse dire !!! Pour l’époxy du rehaussement de la ligne de flottaison, j’ai demandé conseil à Alexandre de chez Soromap… qui m’a répondu par retour. Merci à lui. Pas facile de s’y retrouver quand on ne maîtrise pas la langue locale et qu’on ne connait pas les produits.

Je finalise les achats des différents produits et matériels afin d’avoir tout sous la main lorsque je vais attaquer les applications des diverses couches. Ce que j’avais acheté avant de partir trouve sa raison d’être (bac peinture…).  

Dimanche 8 septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Après cinq heures de boulot ce matin et l’application d’une première couche d’époxy primaire, je dois, compte tenu des délais d’application entre produits, attendre la journée de demain pour poursuivre. J’en profite pour aller faire des courses et acheter des produits frais, fruits et légumes notamment.

J’en profite également pour mettre à jour mon calendrier des présences à bord des différents équipiers à venir. Jeanne va faire la remontée avec moi de Tobago à la Martinique ; Daniel, mon équipier Canaries-Mindelo, veut venir trois semaines en début d’année ; Sophie viendra les deux dernières semaines d’octobre ; Magali et sa cousine, deux semaines fin novembre ; Anne, une québécoise, trois ou quatre semaines voire plus en mars ; Laure doit me préciser des dates… Sans parler de Nathalie une de mes collègues et amie de Mayotte qui viendra deux mois à compter de la mi-octobre. Ces différentes demandes sont à caler avec les iles et les aéroports susceptibles de convenir en fonction du moment et de chacun. Un vrai travail…

Lundi 9 septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Whatsapp. Caroline et moi évoquons nos prochaines vacances communes… Possiblement février à Saint Martin et juillet et/ou août en Martinique. Elle doit en rediscuter aves Cédric qui viendra peut-être aussi avec ses enfants. À suivre.

J’ai bien avancé. Après quatre couche d’époxy sur la partie surélevée de la ligne de flottaison et sous la jupe arrière (qui n’était pas protégée jusque-là), j’ai passé l’antifouling sur la moitié avant de la coque, quilles et bulbes compris. J’étais bien parti ce matin pour finir la première couche d’antifouling… c’était sans compter avec la pluie.

J’ai fait repousser une nouvelle fois la date de remise à l’eau. Je table désormais sur jeudi… J’espère que la météo me permettra de finir.

Poncer… un travail long et fatigant. Pour mémoires les œuvres vives de Soa représentent cinquante-cinq mètres carrés. Imaginez un plafond de la même surface et vous y êtes presque. Travail bras en l’air, pression sur la ponceuse, poussière… Tout y est. En termes physiques, une sorte d’effort fractionné à l’alternance assez rapide : un effort continue pendant une trentaine de secondes sur une zone déterminée, un relâchement un peu plus court et on recommence. À ce rythme, je tiens trois heures en continu, pas plus. Une pause généralement d’une demi-heure m’est ensuite nécessaire. Plus que les bras, c’est le dos qui « dérouille ». Ajoutez une température de trente-cinq à trente-huit degrés à l’ombre et vous avez le tableau à peu près complet. Au total, six jours pleins d’effort. Pas besoin de berceuse le soir. Au-delà de tout ça, ne jamais oublier l’immense satisfaction de s’occuper de son propre bateau.

Mercredi 11 septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Suite et fin du carénage. Deuxième couche d’antifouling appliqué partout. Satisfaction et soulagement du travail (bien) fait et (bien) fini. Ouf. Ayant encore du bricolage à faire et compte tenu du mauvais temps annoncé pour la fin de semaine, je fais le choix de reporter la mise à l’eau à lundi. Ce sera mon dernier mot, j’espère.

Ce soir, je dîne sur Aton, l’OVNI de mes voisins allemands, Michaéla et Frantz, adorables et très attentifs tous les deux. Pour fêter la fin du carénage et le plaisir de notre rencontre, j’offre le champagne, rosé parce que c’est le préféré de Michaéla (Merci Michèle). C’est Frantz qui était aux fourneaux. Une sorte de lasagnes améliorées avec divers légumes. Excellent. Soirée super sympa et en anglais s’il vous plait (sans Google traduction) ! Je dois dire que je comprends mieux leur anglais que celui des locaux dont l’accent est plus que très particulier.

Jeudi 12 septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Pour ne pas perdre la main : je ponce la table de cockpit et passe les deux premières couches d’huile de teck ; je range et nettoie l’intérieur du bateau (première partie) ; je fais une grosse lessive ; je change les draps ; je débute le nettoyage des pare-battages (Abdou, mon copain sénégalais, adorable lui aussi, me donne un coup de main).

Vendredi 13 septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

Une pensée toute particulière pour Inaya qui a sept ans aujourd’hui. Nous nous parlons sur Whatsapp…

Deuxième journée bricolage : fixation d’une deuxième drisse de spi en tête de mât, troisième couche d’huile de teck pour la table de cockpit, étanchéité du hard top de cockpit avec démontage des panneaux solaires, réfection du joint entre les plaques qui composent le hard top, réfection de l’étanchéité de toutes les vis (tant de fois repoussée, je savais que ça allait être long et qu’il devait faire beau), nettoyage des bandes décoratives de coque…

Lundi 16 septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

15h00 – Mise à l’eau de Soa sans incident. Ayant l’intention de faire des courses dans la foulée et de partir le lendemain matin, je prends une bouée juste devant le chantier.

Je finis de mettre de l’ordre en vue d’aller, une fois les papiers de sortie faits, directement à Scotland Bay aujourd’hui puis à Maracas Bay le lendemain.

Mardi 17 septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

09h00 – J’attaque la journée par la paperasse. Premier round, l’immigration… qui porte mal son nom en l’occurrence. J’indique ce que je souhaite… fin de non-recevoir à la limite du désagréable. Une fois à Maracas Bay, soit trente milles environ d’ici, je devrais, pour suivre leur souhait, revenir à Chaguaramas par la route pour faire la sortie. J’indique que dans ce cas, je préfère aller directement à Tobago. Pas possible, j’ai demandé Maracas, je dois donc aller à Maracas !!! Quand une administration (ou la personne qui la représente) veut être stupide, pour ne pas dire plus, elle l’est.

Pour le reste, il pleut, il pleut, il pleut…

10h30 – Bien que la formule me pèse un maximum (perte de temps et d’argent), grâce à Abdou, je me suis trouvé quelqu’un, susceptible de me servir de taxi pour faire l’aller-retour Maracas Bay – Chaguaramas. Pas vraiment le choix.

12h00 – La simultanéité des évènements et parfois étonnante (synchronicité ?). Jeanne qui doit me rejoindre à Tobago m’adresse un message selon lequel il serait plus facile pour elle que je la « récupère » à Grenade. Qu’à cela ne tienne, va pour Grenade, exit Tobago. Je n’ai plus qu’à revenir à l’immigration… Pour tout dire, je suis assez curieux de voir leur tête.

Pièce de quatre mètres sur quatre, une TV, son à fond, qui débite des séries américaines plus lénifiantes les unes que les autres, une pendule qui égrène, un cerbère plus tout jeune, genre un mètre quatre-vingt-dix et cent vingt kilos passablement avachis, une « officier » qui a visiblement décidé de ne rien comprendre et qui ne doit pas apprécier que je modifie ma destination. Deux heures passent (vous avez bien lu, deux heures). Un peu énervant au début, risible ensuite. Elle a passé coups de téléphone sur coups de téléphone. Au fil du temps c’est comme si mon problème, avoir mes papiers de sortie, n’était plus le mien, mais le sien. Dans ce genre de moment, rien ne m’inspire davantage que la sagesse africaine. Je suis là, je respire, donc je vis… Le reste importe peu, la terre tourne. Évidemment, le fait que je ne sois pas à un jour près, aide grandement. Seize heures. Heure théorique de fermeture de l’office. Elle téléphone toujours. Pas facile quand on s’enferme dans une logique mortifère, de trouver une issue… In fine, tout cela prête à rire (texte écrit in vivo).

Trois jeunes trinidadiens qui étaient là m’écrivent un mot sur leur téléphone avec traduction en français : ils s’excusent auprès de moi quant au comportement de cette dame… Ils tentent d’intervenir sans succès.

Un de ses collègues sorti de la partie réservée… attendra un bon moment qu’elle daigne venir lui ouvrir pour y re-rentrer. Le fait que je ne la comprenne que très mal, l’énerve. Elle refuse d’utiliser le traducteur. Elle, derrière son comptoir vitré, la TV qui hurle derrière moi…  je n’entends pas le dixième de ce qu’elle dit et ne comprends qu’une petite partie de ce que j’entends. 16h15. Elle m’appelle. Je me dis que ça doit être bon. Quinze secondes après, son téléphone sonne. Elle recommence à débiter sa diatribe… Le pseudo problème tient au fait que, lorsque Caroline et Inaya étaient là, nous avions fait les papiers pour aller à Tobago mais que, suite a la défaillance des batteries et a l’état de la coque, nous n’y étions pas allés. Nous étions à ce moment-là revenus ensemble à l’immigration et aux douanes. Ces dernières avaient apporté un correctif sur le document officiel remis à notre première arrivée. Tout est là, rouge sur blanc.

16h30 – Elle me rappelle… Comme l’heure officielle d’ouverture est dépassée, je dois payer pour obtenir les papiers. Informé de cette pratique, je m’y attendais. Je lui indique que dans ces conditions… je reviendrai demain. Je dois bien dire que je n’ai pas été déçu de voir sa tête à cet instant précis (petit plaisir revanchard) !

En rentrant au bateau, je passe remplir le réservoir d’essence de l’annexe. Toujours ça de fait.

Mercredi 18 septembre 2019 – Chaguaramas – Trinidad

08h00 – Je suis de nouveau à l’immigration. Le cerbère à l’œil torve est assis derrière son petit bureau dans un des angles de la pièce. Éveillé ou endormi, on ne sait pas bien. Et dire qu’il passe sa vie comme ça ! L’agréable préposée de la veille n’est pas là. Quelle tristesse. J’explique à ma nouvelle interlocutrice ce qui a déjà été fait, papiers compris. Ô surprise, impossible de remettre la main sur les papiers de la veille. Fallait s’y attendre. Je refais donc tout : trois liasses de trois ou quatre formulaires identiques… à l’aide de carbones à placer du bon côté (il y a bien longtemps que je n’en avais pas utilisés). Une demi-heure au total et tout est plié. Étonnant, non !? Aux Customs (douanes), les choses se font tout aussi rapidement.

09h00 – Je fais un gros complément de gazole avant de partir (400 litres pour 2500 dollars trinidadiens soit 350 € environ, une aubaine).

10h00 – En quittant Chaguaramas, sous un très beau soleil, je fais un crochet par la baie où Caroline, Inaya et moi avons passé quelques jours. Au moment où je les appelle, Inaya qui a invité des copines à la maison pour fêter son anniversaire, ouvre ses cadeaux. Inutile de dire qu’entre la vision de la baie et les cadeaux, il n’y avait pas photo.

Presque quatorze mois après mon départ de La Rochelle, je suis désormais en route pour une nouvelle étape de mon voyage. Après l’Europe, un tout petit bout d’Afrique, un petit bout d’Amérique du Sud, Trinidad et Tobago qui touchent le Venezuela (très mal en point en ce moment), me voilà sur la route des Caraïbes. Avec tous les clichés que je peux avoir en tête à ce sujet…

Grenade… c’est quatre-vingt milles quasi plein Nord…

TRINIDAD ET TOBAGO… EN UN MOT…

Tobago pour elle-même et pour la beauté de sa côte, son côté nature préservée… Charlotteville en premier lieu, les autres baies…

Trinidad, pas inoubliable en elle-même même si quelques baies sympas. Un plateau technique parfaitement équipé et performant, des prix raisonnables sauf accastillage, antifouling et autres… J’y reviendrai vraisemblablement caréner en 2020 en ayant préalablement acheté mon antifouling en Guadeloupe ou à Saint Martin. Gazole et essence de bonne qualité à prix bas.

PLAISIRS DE LA RENCONTRE, PORTRAITS

Parce que les rencontres sont une composante majeure du voyage…

Commandant Andrew

Commandant des Douanes, la cinquantaine, taille moyenne, volubile, il porte une petite boucle en or à chaque oreille. Trinidadien, il est en mission à Tobago pour neuf mois, aux termes desquels, il sera remplacé. Virevoltant, difficile à cerner lors de notre première rencontre, il s’avérera un allier sûr et plus que sympathique. Situé au premier étage d’un bâtiment sans âme, son bureau comporte deux petites pièces. Ça ne doit pas arriver souvent dans une vie de plaisancier étranger qu’un commandant des Douanes que l’on ne connait ni d’Ève ni d’Adam, vous invite au restaurant !

Anthony, alias Joe le pêcheur

Soixante-quatre ans, en forme, son surnom est également le nom de sa barque de pêcheur, peint en lettres de couleur sur la coque. Une vie, un métier, de père en fils. Un homme adorable. Il nous apportera un beau poisson et une langouste…

Curtis, le pêcheur – tour-operator

A l’occasion de notre première descente sur la terre de Tobago, nous nous sommes mis à couple d’un beau bateau à moteur open (coque ouverte), de couleur bleue, d’approximativement dix mètres, lui-même amarré au ponton. L’homme à bord, un grand gaillard costaud d’environ cinquante ans, nous a accueilli de manière sympathique. Cette fois-là, comme les fois qui ont suivi.

A la recherche d’un « operator » susceptible de nous emmener voir la réserve forestière… nous sommes tombés sur ce même homme. Curtis est multifonction, ce qui semble assez souvent le cas ici. Nous découvrirons dans la forêt qu’il est également un fin connaisseur de la faune et de la flore locale. Il identifie les oiseaux à leur cri, les repère facilement dans le feuillage, connaît leurs habitudes et comportements… Son 4×4 Toyota de plus de vingt ans d’âge semble être sur la fin mais il y tient beaucoup. Le matin, avant de partir, sa fille de onze ans est venue se faire chouchouter… touchant.

Joanne, Charlène, Djamel et les autres…

J’ai rencontré Joanne, son fils Djamel (11 ans), Charlène sa sœur et leur tante au bar de l’hôtel Crews Inn. Par l’entremise de Djamel, nous avons fini par échanger. Je leur ai expliqué que j’étais en bateau… et que j’avais un problème avec une dent. Je leur ai demandé si elle connaissait un dentiste.

Le surlendemain, Joanne et Charlène sont venues me chercher en voiture à Chaguaramas et m’ont accompagné chez le dentiste de Joanne à Port of Sapin, ce qui m’a permis, grâce à son intervention, d’être pris en charge dans la matinée même. C’était plus que nécessaire (dent cassée). Grand merci.

Joanne, sa cousine et un de ses autres fils m’ont également chaperonné pour la fête de l’Émancipation Day (abolition de l’esclavage). Bel découverte et belle rencontre.

Abdou

Sénégalais d’origine, parlant parfaitement français, Abdou s’est installé à Trinidad après avoir navigué sur différents océans. Adorable et serviable. Nous échangeons sur le monde, sa vie ici, la mienne. Il me donnera spontanément un coup de main pour nettoyer les pare-battages… Il m’offrira une belle drisse dont il n’avait pas l’usage. Rendez-vous est pris pour mon probable retour à Trinidad en septembre prochain.

Michaela et Franz,

Aton, un Ovni d’il y a quelques années, est posé à quelques mètres seulement de Soa. De nationalité allemande, la cinquantaine, Michaela et Franz en sont les nouveaux propriétaires. Ils lui font une beauté et mettent les équipements à niveau, peinture, ajout de radar, etc. L’un et l’autre sont adorables. Nous prenons l’apéritif à bord de Soa qui leur plait beaucoup, je dîne à leur bord, nous partageons, avec d’autres équipages, quelques soirées barbecue… Ils seront des voisins attentifs, bienveillants et chaleureux. Une très belle rencontre qui a éclairé mon séjour à terre… et qui perdure

PORTS – MARINAS – MOUILLAGES

BAIE DE CHALOTTEVILLE

  • Pourquoi y aller :

Clearance possible (avec Scarborough)

Baie superbe et bien protégée. Ponton pour annexe.

Petite ville sympa, très nature. Petit avitaillement. ATM (distributeur de billets).

Forêt à visiter (voir Curtis, partie droite de la plage).

Restaurant-bar : Suck-hole », en limite de village et en tout bord de plage. Lieu plus que sympa au milieu des cocotiers.

  • Limites / restrictions :

Pas d’avitaillement important.

  • Au final :

Un très bel endroit où il ne faut pas hésiter à passer du temps.

CROWN POINT

  • Pourquoi y aller :

Clearance possible à Scarborough (taxi)

Assez bien protégée. Pas de ponton pour annexe. Point de départ le plus près de Trinidad.

Très belle plage du même nom à gauche.

  • Limites / restrictions :

Pas d’avitaillement important.

  • Au final :

Escale pratique pas désagréable.

CHAGUARAMAS – TRINIDAD

  • Pourquoi y aller :

Clearance à côté de l’hôtel Crews Inn.

Pour le stockage à terre ou le carénage du bateau. Quelques places aux pontons et sur bouées (8 €/jour). Chantiers bien équipés et efficaces.

Divers corps de métiers (mécanique inboard/outboard, voilier…).

Pour faire le plein de gazole (0,90 € /litre). Eau par bidonnage.

Ravitaillement chez Massy Stores (un express à côté de l’hôtel Crews Inn au fond de la baie, deux classiques grand format, un à Carénage l’autre à West Mall sur la route de Port of Spain).

Trois shipchandlers (Peake/Power Boats/Budget…)

Ivana, jeune franco-belge sympa qui travaille chez Peak, parle évidemment français… bien utile parfois.

M. DEAN, taxi GSM 1 868  336 7153 – mail : coataxiservice@gmail.com

  • Pourquoi ne pas y aller :

La baie est sale (détritus, gazole dans l’eau…).

Prolifération de coquillages sur les œuvres vives.

Shipchandlers chers (attention, prix au « pied/foot » pour les cordages et autres).

Rien à faire sur place (bus et maxi-taxis obligés pour Port of Spain… qui n’est pas inoubliable)

  • Au final :

Je suis resté à Chaguaramas pour des raisons organisationnelles (billets avion pris préalablement par mes visiteurs), je n’y serai pas resté sinon.

Peak, le chantier, s’est révélé d’une très grande efficacité. Les services sont excellents, tout le monde, du patron à l’employé est sympa et attentif.

Quelques baies sympas à proximité immédiate.

La baie de Maracas constitue une bonne étape sur le chemin de Tobago.

Passage entre les iles sans problème particulier.

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