Le texte ci-dessous est celui, complet, que j’ai proposé pour répondre à la sollicitation de Vogue-avec-moi. Pour les besoins de la publication (place disponible), il a été remanié et raccourci pour Voiles et Voiliers. L’article devrait paraître dans le numéro d’août 2022.
Quelques éléments de présentation
J’avais 9 ans lorsque j’ai découvert la voile. Depuis, j’ai parcouru 45.000 milles en tant que chef de bord, seul ou en équipage dont 25.000 milles, trois transatlantiques et une remontée solitaire du Brésil, à bord de Soa. Soa est un monocoque aluminium biquille de 14 mètres que j’ai conçu et dont j’ai piloté la construction. Diplômé et formateur en Éducation Physique et Sportive (spécialité voile), j’accompagne chacun dans sa progression pratique et théorique, sans me substituer aux structures spécialisées.
1°) Quel type de co-navigation pratiquez-vous ?
J’ai engagé en 2018, au départ de La Rochelle, ce qui sera un tour du monde via Panama. Tout au long de mes déplacements, j’ai accueilli des co-équipiers (une quarantaine en 4 ans) soit sur des parcours côtiers, d’ile en ile ou hauturiers. Je me réserve cependant d’assez nombreux temps où je navigue seul. Je propose à chacun de participer à tous les registres de la vie à bord (cuisine, entretien, avitaillement…) et de la conduite du bateau (barre, réglage des voiles, routes, règles de navigation, météo…). Les équipages de trois personnes, deux équipiers et moi, ont ma préférence. Cela offre plus de place à chacun dans tous les registres.
2°) Votre meilleure expérience de co-navigation ?
Une seule ? Difficile. Les navigations transatlantiques sont toujours des moments forts où l’équipage devient, au vrai sens du terme, une équipe. Ma dernière transatlantique aller en date (Cap Vert – Martinique février 2022), en est un vivant exemple. Un équipier, lui-même chef de bord avec qui j’avais déjà navigué, Charles et une équipière expérimentée, Arièle. Parfaite entente et complémentarité dans tous les registres à l’image de ce qu’avaient d’ailleurs été les autres transatlantiques. Mais des navigations telles que Guadeloupe – Les Saintes – La Dominique – Marie Galante – Guadeloupe ou les Grenadines sur deux semaines, m’ont également laissé de très excellents souvenirs.
3°) Pourquoi co-naviguez-vous ?
Pour le plaisir de la rencontre et du partage. Pour disposer, lors de navigations qui le nécessitent, d’un équipage étoffé (ce qui permet, par exemple, d’alléger les quarts). Cela a été pour moi l’occasion de rencontrer beaucoup de personnes (hommes et femmes de 23 à 75 ans) que je n’aurais jamais croisées ailleurs, de découvrir des personnalités, des métiers, des passions, des habitudes alimentaires… et, parfois, de me faire de vrais nouveaux amis. Plusieurs d’entre eux/elles sont revenu.e.s plusieurs fois à bord où ils/elles ont parfois passé jusqu’à quatre mois. Un plaisir.
4°) Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent se lancer dans la co-navigation ?
Je dirais aux équipiers… choisissez un bon bateau et un chef de bord compétent. Que ce dernier soit respectueux de tous, hommes et femmes, qu’il laisse à chacun sa place pour vivre et agir, qu’il soit le plus calme et le plus sécurisant possible, qu’il veille scrupuleusement à la sécurité et à l’entretien de son bateau, qu’il soit capable de faire face à l’imprévu, sache et ai ce qu’il faut à bord pour les réparations courantes. Il va de soi que les navigations côtières à la journée ou sur deux/trois jours, ne répondent pas aux mêmes exigences que les navigations hauturières. Prenez grand soin des avis portés et publiés sur Vogueavecmoi et les sites dédiés des navigateurs lorsqu’ils en ont ; ayez des contacts téléphoniques et/ou rencontrez les capitaines avant de naviguer et de vous engager auprès d’eux.
Pour ce qui est des chefs de bord… entretenez vos bateaux, disposez de tous les éléments et équipements de sécurité nécessaires, ne vous engagez que dans des navigations que vous maîtrisez (vous êtes responsables des personnes que vous embarquez). Ne prenez jamais d’engagements de long terme sans connaître parfaitement la personne que vous allez embarquer. Sachez qu’il y a, selon ma propre expérience, 10 à 15% de mauvaises surprises : incompétence quant à la navigation, alcool, exigences démesurées, difficultés à vivre à plusieurs… Pour finir et comme le conseille Vogueavecmoi, gardez-vous des temps de respiration.
Bon vent à tous.
Didier