Au fil de l’eau, carnet n°2 – Espagne du nord-ouest / Portugal – Août/octobre 2018

Au fil de l’eau, carnet n°2 – Espagne du nord-ouest / Portugal – Août/octobre 2018

Au fil de l’eau, carnet n°2 / Période du 22 août au 31 octobre 2018

Synthèse
Lundi 22 octobre 2018

Proposée par une de mes équipières, cette citation de Nicolas Bouvier correspond pleinement à mon ressenti actuel :

 » Un voyage se passe de motif. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt, c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.  »

Trois mois déjà depuis que les amarres rochelaises ont été larguées. Le temps passe vite. L’idée initiale de la  » balade  » s’est incarnée au jour le jour, au fil de l’eau, au fil des découvertes, de l’Espagne d’abord dont je ne connaissais pas les côtes atlantiques, du Portugal ensuite dont je ne connaissais rien, des nombreux ports et mouillages fréquentés (25). Navigations superbes, calmes ou agitées, diurnes et/ou nocturnes pour un total de 1153 milles (2135 km). Côtes magnifiques, montagnes plongeant dans l’océan ou en arrière-plan, végétation verdoyante, aiguilles marines trouant la surface de l’eau. Des caps à n’en plus finir dont ceux du Finisterre (nord-ouest Espagne) et de Saint-Vincent (sud-ouest Portugal). Autant et même plus de phares en tous genres. Dauphins dont les ballets virevoltants enchantent, baleine à l’ondulation tranquille, oiseaux chasseurs-plongeurs… Levers et couchers de soleil, rayon vert compris (un seul malheureusement), et de lune. Villes et villages dont certains, pour une ou plusieurs raisons font rêver (Avilés – Cudillero – Malpica – Saint Jacques de Compostelle – Viana do Castelo – Porto -Lisbonne). Des rencontres que le hasard m’a proposées et que je n’aurais jamais faites autrement (dont six équipier-e-s). La fête de la mer de Malpica, moment d’exception à bord de Santino do Mar en compagnie de Pedro, son adorable patron qui a hébergé Soa sur sa propre bouée. Longues balades le long des chemins côtiers. Plats et spécialités locales, bière 1906 à la terrasse des bistrots. Concerts divers, fado en live, un régal…

Soa, avec ses 25 m2 habitables hors pont et rouf, est désormais mon lieu de vie, ma maison. Une maison qui berce ses hôtes, qui fend tranquillement les flots, et qui, pour l’essentiel, déplace ses quinze tonnes grâce à quelques bouts de tissu… Magique. Ses qualités marines se confirment. Son confort est vanté et apprécié de tous.

Depuis mon départ, j’ai repris sérieusement la lecture, romans et autres. Très agréable. J’écoute des disques que je n’avais plus écoutés depuis longtemps. J’ai également renoué avec une certaine idée de la photo, celle qui fait que l’on regarde autrement, que l’on regarde vraiment, celle qui vise à traduire une émotion, un esthétisme… le tout très modestement. Choisir de conserver ou de publier tel ou tel cliché est le plus difficile. A la fois mémoire et vecteur de partage. Pour ce dernier aspect, j’ai fini par me résoudre à créer une page Facebook qui permet de visualiser et d’informer sur les lieux fréquentés par Soa, sur ses navigations, sur son environnement : https://www.facebook.com/didier.tlf.3

Dans ce même registre et sur l’idée d’un partage élargi, mon site www.soa-france.net qui, bien qu’il soit encore en phase de finalisation, est désormais pleinement opérationnel. Sébastien continue à y travailler…

In fine, l’esprit du voyage, de la découverte, du partage, d’une certaine forme d’aventure (avec beaucoup de guillemets). Un rêve assumé. Une liberté choisie et raisonnée. Un plaisir pour ne pas dire un bonheur, d’être  » en route « , sans destination figée, sans impératif de temps (hormis les alizées de la  » transat  » de février prochain), sans autre contrainte que celle de la sécurité, de l’état de la mer, du vent, du désir…

Au fil des jours
Vendredi 24 août 2018

Pas de nouvelles de Lewmar (fabricant de matériel)… la patience est une vertu indispensable (pour rappel, j’attends impatiemment une pièce mécanique que je dois changer).

10 h. Un chalutier d’une vingtaine de mètres, le Santino Do Mar, se présente sur notre arrière. Il a besoin de déposer son filet à terre et souhaite s’intercaler entre le quai et nous. Les marins nous aident, le patron surveille avec attention. Dans la manœuvre, le hublot de coque de la cabine arrière étant resté ouvert, nous avons embarqué pas mal d’eau de refroidissement de son moteur. Vêtement, draps, duvets, matelas ont été bien imbibés… En bateau, l’animation est quotidienne, aucun risque d’ennui.

En début d’après-midi, le patron et armateur, Pedro discute avec Marga, chacun sur son bateau. Par courtoisie et pour lui redire combien j’ai apprécié sa manière de faire, je les rejoins. De fil en aiguille, il me fait visiter son chalutier, de l’irréprochable salle des machines (un moteur principal de propulsion, deux moteurs d’appoint pour l’électricité et les autres matériels et machines) à la passerelle de commandement particulièrement bien équipée. Il allume chacun des appareils (sondeur, sonar, radar…) pour me montrer leur fonctionnement. Il nous rejoint ensuite sur Soa, muni de trois bouteilles de vin blanc pétillant qu’il nous offre. Dans le courant de la conversation, il nous propose, à compter de lundi, jour où il reprend la mer, de nous amarrer sur sa bouée dans le port. Je souscris volontiers à cette idée qui nous apporterait beaucoup de confort et éviterait à Soa de raguer contre le quai du fait des marées et du passage quasi incessant des bateaux, petits et gros.

Malpica est en fête ce week-end. Musique et animations diverses, procession de bateaux dimanche. Marga, dont le départ est programmé pour demain samedi après trois semaines de navigation partagée, nous invite, Valérie et moi, à prendre un verre et à dîner. En bord de plage, nous assistons au concert du groupe Los Mécanicos… tenues de chauffe à l’avenant. Registre endiablé, reprise de tubes des années soixante et soixante-dix. Sympa. Nous dégustons une bière dans des verres qui nous ont été confiés par le bistrot. Nos voisins font de même. Pas franchement une pratique que nous observerions en France. Après le dîner, deuxième concert, dans la rue principale celui-là. Un trio chante des succès espagnols. La foule qui s’est progressivement amassée est bon enfant. Là encore, jeunes et vieux se côtoient. Beaucoup d’entre eux dansent spontanément. Il règne une ambiance décontractée et plus que plaisante. Leçon de vie collective…

Samedi 25 août 2018

Lever 8 heures, pour partager le dernier petit-déjeuner avec Marga. La voiture qui doit la prendre en passant et la ramener à Irun, son lieu de résidence, est programmée pour neuf heures. Elle arrivera en réalité avec presque une heure de retard. Pas mal d’émotion au moment des adieux…

Après un pot devant la mer et la plage, Valérie et moi faisons quelques courses sur le chemin du retour. Dans l’épicerie ou nous avions fait des achats la veille, nous prenons un kilo de cerises, des tomates, deux pamplemousses, des pommes de terre, un kilo d’oranges… pour la très modique somme de 10 €. Les seules cerises (superbes Burlat) auraient, chez nous, coûté la même chose voire davantage !

Dimanche 26 août 2018

Étonnante journée que celle-ci, fête de la mer à Malpica, oblige. Après une matinée un peu standard, nous avons eu la chance d’être embarqués sur le chalutier de Pedro et de participer à son bord et depuis la passerelle de commandement, à la procession des bateaux de pêche. Depuis plusieurs jours déjà les préparatifs battaient leur plein. Pavois et grands pavois hissés (pavillons), feuillage et/ou fleurs embarqués, en complément, sonorisation avec du coffre pour la musique.

A notre bord, à quelques exceptions près, des jeunes gens de seize à vingt ans, amis du fils de Pedro qui en a dix-huit. Un bateau de trentenaires est tout proche. Chris, futur architecte résidant en Suisse, est à notre bord. Sa famille étant d’origine espagnole, il vient en vacances ici tous les ans. Il nous a été d’un précieux secours dans les traductions. Trois anciens patrons de pêche sont avec nous sur la passerelle. Pedro et eux nous donnent force explications concernant le bateau, la route suivie, la consommation du moteur (100 litres environ à l’heure, manette à fond, 11 nœuds – vitesse standard de 6 nœuds pour 30 litres/h). Tous les instruments sont en marche, traceur de cartes, radar, sonar. Ce dernier détecte les fonds et les bancs de poissons. Évidemment très précieux pour des pêcheurs.

Une première boucle dans la baie consacre la dimension religieuse. L’ensemble des bateaux fait route de concert. La Vierge Marie est à l’honneur. Remerciements et protection vont de pair. Cette dimension est traitée de façon plutôt rapide, sans ostentation particulière. A notre bord, il n’y est que peu fait référence.

Vient ensuite la dimension festive. Les bateaux, tous équipés de sonorisations musicales musclées, rivalisent quant aux watts développés. Les musiques proposées dépendent du public accueilli. Les dix-huit / vingt ans ont la leur, les trentenaires une autre. Boissons en tous genres, alcoolisées comprises, accompagnent l’événement. Gaîté et défoulement sont au rendez-vous. Les jeunes espagnols sont visiblement délurés et à ce jeu-là, une mention toute particulière pour les filles.

Nous faisons des photos avec Pedro sur la passerelle. Cet homme de cœur fait d’ores et déjà partie des belles rencontres marquant mon voyage. Il incarne pleinement les valeurs portées par les gens de mer. Une leçon de vie, de courage, d’humilité.

Les iles Sisargas situées à quelques milles du port constituent la destination finale. Baignade à proximité des bateaux pour les plus courageux (l’eau doit être à 15°). La nuit tombe au moment du retour. Les iles et la côte rougissent sous les derniers sursauts du soleil. Cette journée magnifique, tant du point de vue de l’évènement vécu que de la dimension humaine, restera gravée dans ma mémoire.

Lundi 27 août 2018

Comme promis, vers 19 h, Pedro conduit Soa qu’il a pris en remorque, sur sa bouée au milieu du port. Deux de ses marins sont montés à bord afin de nous aider à nous y amarrer. Excellente idée au vu de la taille et du poids des amarres utilisées. Mes taquets, pourtant de grande dimension, suffisent à peine. Grand merci à lui pour cette installation.

Toujours pas de nouvelle de ma pièce… Valérie, qui reprend le chemin du retour vers Bordeaux vendredi, décide, et je la comprends, de partir en avance afin de visiter Saint Jacques de Compostelle. Soa étant désormais en sécurité, je choisis de l’accompagner plutôt que de passer les heures et jours à attendre. Nous prendrons l’autobus le lendemain.

Mardi 28, mercredi 29 et jeudi 30 août 2018

Santiago de Compostela (Saint-Jacques-de-Compostelle) donc. Il se dit d’elle  » qu’on n’en finit pas de la découvrir « . Ville historique, massive, baroque à l’excès, somptueuse, attachante de vie et de diversité. Elle doit son nom et sa notoriété à l’apôtre Jacques (venu évangéliser l’Espagne) et aux pèlerinages plus que millénaires qui s’y rattachent. Déambuler dans les rues pavées de granit du centre historique, apprécier, depuis la  » praza de Obradoiro « , la très imposante cathédrale dont la tonalité de la façade évolue au gré du déplacement du soleil ; le Parador, ancien hôpital des pèlerins, devenu l’un des plus célèbres hôtels de luxe d’Espagne… Mais aussi, ses places, ses jardins, ses églises et chapelles, en nombre. Partout, tables de bistrots et de restaurants rivalisent. Tortillas con patatas (omelette aux pommes de terre), piments doux de Padron, poulpes, comptent parmi les plats locaux les plus appréciés. Les vins de la région de Rioja régalent les muqueuses… et l’esprit.

Le cœur de la cathédrale, où trône la statue de Saint-Jacques, est monumental. Il est possible d’embrasser (au sens de tenir dans ses bras !) la statue du Saint. Les files d’attentes sont impressionnantes. Bien sûr, les pèlerins sont partout. Beaucoup d’entre eux tiennent à ce que leur statut se voit. Un brin ostentatoire parfois. Pour conquérir le droit de se réclamer pèlerin, il faut parcourir à minima 100 km à pieds ou 200 km à vélo selon les itinéraires balisés. Pas vraiment beaucoup…

Le marché aux produits frais vaut à lui seul le détour. Le très bel édifice en pierres comprenant plusieurs halles en granit qui l’accueille, rassemble tout ce qui se produit, se cultive, se pêche alentours. Pour déjeuner, il ne reste plus, après la réjouissance des yeux et le titillement olfactif qu’à acheter ce qui vous tente, le faire cuire par un des commerçants et le déguster ensuite, accompagné par exemple, d’un verre de vin blanc à la terrasse de la Vinoteca. Valérie n’a jamais mangé de pouces pieds ni de couteaux, nous en prenons donc. Excellents, ils sont à recommander vivement.

Vendredi 31 août 2018

J’ai accompagné Valérie à son départ de bus pour Bordeaux en milieu de journée puis ai attendu le mien. Les déplacements en bus permettent de voir le paysage, les constructions… Toujours plaisant.

Une fois arrivé au port de Malpica, comme tous les marins ayant laissé leur bateau sans surveillance particulière, j’ai cherché Soa des yeux. Il est à sa place. Par contre, surprise pour l’annexe, elle n’est plus à l’endroit où je l’ai laissée. Un tour d’horizon du port ne me permet pas de la repérer. Je la vois finalement attachée à couple d’une petite barque de l’autre côté du port. Ouf ! Une fois rejointe, je m’aperçois que l’amarre avec laquelle je l’avais attachée s’est coupée. Solidarité de la mer oblige, quelqu’un l’avait récupérée et attachée-là. Qu’il en soit grandement remercié.

Lundi 3 septembre 2018

Ma grande petite fille vient de faire sa rentrée au CP. Déjà !!! Tu grandis (et c’est bien normal), les années défilent. Te voilà désormais lancée dans le bain d’une nouvelle phase de vie et d’apprentissages. La lecture notamment… Tu es très bien équipée (vocabulaire, capacité de réflexion, mémoire…) pour parfaitement réussir. Tant mieux.

Je l’ai appelée hier soir (avec sa maman), veille de rentrée. Elle était dans un état d’excitation avancé, à l’évidence, heureuse de revenir à l’école.

20 h. Nouvel appel. Le degré d’excitation n’a pas baissé, au contraire. Elle a retrouvé la plupart de ses copains de l’année dernière dont Philippa. Elle est bien sûr ravie. L’année s’engage au mieux. Sa nouvelle maîtresse semble lui convenir…

Mardi 4 septembre 2018

Espoir. Toujours bloqué à Malpica, je viens de recevoir la pièce mécanique que j’attendais. Très satisfait de cette arrivée, je savais cependant qu’il fallait attendre de la déballer et de la monter pour être sûr qu’elle convienne. A première vue, elle paraissait semblable à celle qui doit être remplacée. En réalité, pas tout à fait. Le bras qui doit commander le gouvernail n’est pas soudé selon le bon angle, l’ensemble est donc inutilisable ! Déception garantie.

Il va donc falloir trouver une solution et patienter encore… Heureusement, les conditions d’attente sont plutôt bonnes. Soa, même s’il est un peu secoué par la houle et le sillage des bateaux de pêche, est en sécurité, ce qui est essentiel. Le mouillage sur lequel Pedro nous a placés est, non seulement parfait, mais également gratuit. Une nouvelle fois, très grand merci à lui. Je m’habitue à Malpica. Le port de pêche d’abord, qui me rappelle mon enfance congolaise (Pointe-Noire), au bord des quais. Le travail très rude des marins, leurs horaires nocturnes… Les pêcheurs à la ligne ensuite. Omniprésents. Et puis la ville avec ses immeubles colorés. Pris individuellement, ils sont assez peu esthétiques mais, vus ensemble, ils forment une composition acceptable. La plage du côté océan, à l’opposé du port. La houle y déferle lorsqu’elle est un peu formée, ce qui semble être souvent le cas. Cela fait le bonheur des surfeurs. Elle fait le plein le week-end lorsque le temps s’y prête. Les bistrots installés tout autour sont pris d’assaut. Il est souvent difficile de trouver une place libre. Souvent, j’y prends une  » 1906 « , ma bière locale préférée. Les goélands, en grand nombre, s’expriment avec force. Plusieurs balades à pieds permettent d’avoir un peu d’activité physique, de passer le temps, de voir autre chose. Je le redis, mon séjour à Malpica marquera une étape à la fois riche et très particulière.

Jeudi 13 septembre 2018

Inaya, ma petite fille adorée a six ans aujourd’hui. C’est le premier de ses anniversaires auquel je ne serai pas présent. Cela me serre un peu le cœur. Mais on ne peut pas tout avoir, voyager au gré du vent et être auprès des siens. Bien qu’à distance, j’y suis cependant.

La vidéo est de ce point de vue-là, un outil précieux. L’ouverture du colis que je lui avais adressé pour l’occasion s’est donc fait en direct, tôt le matin, parce que ça ne pouvait plus attendre ! Le livre d’Elmer l’éléphant, en espagnol (bien connu en France), des chaussettes pour marcher dans la maison sans chaussure, des figurines de San Andres en pâte à sel, des magnets à coller sur le frigo… Ce fut en tous cas un vrai plaisir pour moi de pouvoir partager ce moment avec elle et sa maman.

Aujourd’hui, je n’ai pas quitté le bord. J’ai travaillé aux contenus de mon site Internet  » soa-france.net « . Ça avance doucement mais sûrement même si je préférerais parfois que cela aille plus vite.

Samedi 15 septembre 2018

Beau temps sur Malpica ces jours-ci. J’en ai profité pour nettoyer la coque au niveau de la ligne flottaison (des algues y avaient élu domicile), et diverses petites choses. J’ai travaillé aux articles de mon site, fait des courses et, grande première, suis allé chez le coiffeur. Une coiffeuse en l’occurrence. C’est une jeune employée, la trentaine, qui m’a coupé les cheveux. Un peu anxieuse semble-t-il. Très concentrée… pour un résultat à la hauteur, ce dont je l’ai remerciée et gratifiée.

Le deuxième cardan (soudé correctement celui-là, j’espère) a quitté La Rochelle hier… Une bonne nouvelle en soi.

Lundi 17 septembre 2018

Cela fait quatre semaines que je suis à Malpica. Bien qu’arrêt contraint, je ressens une sorte d’attachement à cette petite ville. J’aime la vie et l’authenticité de ce port de pêche (très, très loin des marinas aseptisées), les chalutiers, les pêcheurs à bord qui désormais me saluent en passant, les pêcheurs à la ligne, jour et nuit omniprésents, Pedro, inoubliable et adorable, Martial, le français de l’étape, sympa et serviable comme pas deux, un ancien employé de l’ambassade de France de Madrid, parlant un français irréprochable … mais aussi, les personnes des magasins où je vais régulièrement et où je suis désormais identifié pour ce que je suis sur ma  » barquera a vela « . La boulangerie fait des pains d’exception dont un, avec beaucoup de fruits secs, carrément délicieux. Les empanadas (sorte de tourtes peu épaisses) le sont également. Un vin rouge en bouteille à 1,50 €, déniché dans une petite charcuterie, qui en ferait pâlir plus d’un de chez nous à trois ou quatre fois ce prix. La  » 1906  » (je me répète), bière de Galice dégustée face à la mer. Le soleil, les paysages, la mer…

Sur un autre plan, force est de constater que la barrière de la langue est, au-delà du fait de pouvoir acheter à manger, boire, etc. une vraie difficulté… Les échanges sont tellement limités que rien n’est vraiment possible en termes de dialogue et de rencontre. Une vraie frustration. L’anglais n’est quasi parlé par personne ici… et, comme de toutes façons, je ne le parle moi-même que de manière très, très basique…

Mardi 18 septembre 2018

J’espérais recevoir mon cardan ce matin… il n’en est rien. Le temps commence à me durer un peu… Xavier a rejoint le bord aujourd’hui.

Vendredi 21 septembre 2018

Après différentes frayeurs concernant la livraison du cardan tant attendu (colis immobile pendant trois jours à la Corogne, la Poste de Malpica ne pouvant pas le réceptionner, Chronopost n’étant pas… La Poste !), j’ai fini par apprendre qu’il devait être livré dans la journée. Habillés en quatrième vitesse, Xavier et moi sommes partis faire le pied de grue dans le bistrot situé à l’entrée de la rue à sens unique du bureau de Poste. Une fourgonnette qui faisait des livraisons dans le village, s’est engagée dans la rue en question. J’ai foncé pour la retrouver cent mètres plus loin. Et, oh miracle, le colis était là !!! Une fois récupéré, je suis entré dans le bureau de Poste pour le montrer au préposé qui avait, durant tous ces jours, été fort agréable (malgré ses dénégations matinales quant à un colis pour moi). Il a éclaté de rire. Photo… pour marquer le moment. Pour prolonger le plaisir, Xavier et moi nous sommes offerts quelques  » chipirones  » au bistrot.

J’ai passé cinq heures de mon après-midi à monter le cardan-réducteur, à réinstaller le bras de liaison avec le secteur de barre et le capteur d’angle du pilote automatique, à régler les butées du secteur afin de limiter son débattement, à caler la barre au centre… Tout avait l’air de bien fonctionner. Avant tout cela, j’ai interverti une partie de l’ancienne pièce avec la nouvelle, le diamètre de l’axe de cette dernière n’étant pas identique à celui de la précédente pièce. Un (très) long sketch où la compétence de Tecmar (distributeur français) et Lewmar (fabricant) n’a pas brillé !

Samedi 23 septembre 2018

Un mois et trois jours plus tard, Soa reprend enfin la mer. Un moment d’intense plaisir même si, le vent n’étant guère coopératif, nous avons dû faire essentiellement du moteur. La mer était superbe, le soleil omniprésent. Les iles Sisargas somptueuses. Une sorte de gros dauphin nous a montré son aileron.

Le soir, le port de Muxia, où nous avons été très bien accueillis, était quasi désert. Seuls quatre ou cinq bateaux visiteurs étaient là. Le village, à l’image de ses habitants, d’un triste à mourir. Le seul de ce genre depuis notre départ.

Dimanche 24 septembre 2018

Les différents sites météo étaient quelque peu divergents concernant les prévisions du jour. Le modèle considéré comme le plus fiable pour la zone par le marinero du port (Windy) laissait présager une journée encore calme avant l’avis de coup de vent prévu pour la nuit. Nous avons donc décidé de partir. Plusieurs autres équipages ont fait de même. Le vent étant monté en puissance, nous avons terminé le périple vers Muros sous grand-voile seule à six nœuds ce qui est très acceptable. La ria est profonde et le port, aux multiples digues, très bien abrité.

Cette journée aura été celle, forcément mémorable, où Soa aura engagé sa descente vers le sud après avoir passé plus d’un mois  » cap à l’ouest « . En point d’orgue, le célèbre Cap Finisterre, le (presque) plus à l’ouest de l’Europe, calme et tranquille en ce jour. C’est loin d’être toujours le cas.

Le même dauphin qu’hier, ou son frère (ou sœur) nous a gratifié de sa discrète apparition. Une bande d’une demi-douzaine de dauphins plus petits a nagé quelques minutes en parallèle avec nous dans un déplacement très tranquille. Toujours agréable à voir.

Conformément à l’avis le plus répandu, le village de Muros est superbe. Le centre historique a été parfaitement restauré et maintenu en état. Rue, venelles, impasses sont entrelacées dans l’esprit du labyrinthe. La pierre mordorée est partout, apportant beaucoup de douceur et de chaleur. Places et placettes, bistrots se succèdent… Ici comme ailleurs, une belle et imposante église dont les voutes gothiques, qui ont abandonné toute velléité de finesse, sont impressionnantes de puissance.

Le coup de vent (frais) annoncé a bien eu lieu, nous avons attendu qu’il se calme… Grâce à lui, nous nous sommes offert un plateau de  » marescas de la ria  » (fruits de mer) d’anthologie. Gambas, couteaux, palourdes, crabes et autres nous ont régalés. La veille, apéro sur un bateau voisin que nous avions déjà croisé… et suite à bord de Soa. Ainsi va la vie du marin errant.

Mardi 25 septembre 2018

La météo est redevenue plus clémente avec 6 à 10 nœuds de vent annoncés. Nous sommes donc repartis de (relativement) bonne heure (8h30). Quinze minutes plus tard, voiles déjà établies, le vent est monté d’un coup à 35 nœuds (environ 65 km/h). Pas du tout conforme aux prévisions. Une demi-heure plus tard, pétole (pour les non-initiés, c’est le petit nom affectueux qu’on donne à une absence complète de vent). Moteur, comme au cinéma ! Au final le vent s’est établi autour de 12 nœuds et dans le bon sens. Mer belle, ciel bleu et large soleil, température qui nous a imposé le T-shirt à certains moments. Une fois établi, le spinnaker nous a permis de naviguer presque trois heures à 6 nœuds…

Compte tenu de ces conditions, et bien que partis pour Baiona, nous avons décidé de poursuivre jusqu’à Viana do Castelo, au Portugal et 25 milles plus loin, avec une arrivée prévue autour de 23 heures. Bien nous en a pris. Nous avons d’abord assisté à un magnifique et durable coucher de soleil. La première fois que je voyais cette boule rouge disparaitre aussi lentement dans l’eau et ce, avec de fabuleuses et chatoyantes couleurs. Un peu plus tard et du côté montagne cette fois (plein Est), la lune nous a gratifié de ses premiers pas vers le ciel. Superbe spectacle également. Pour finir la journée, deux dauphins au ventre blanc sont venus jouer avec l’étrave de Soa… Il y a des jours comme ça…

Très bien balisée, l’entrée du port de Viana se fait sans difficulté. Une fois arrivés à la hauteur de l’entrée de la marina, légère surprise. Une passerelle tournante, fermée pour l’heure, en empêche l’accès. A quelques dizaines de mètres, des bateaux, à couple pour certains, sont amarrés à un ponton extérieur. Nous faisons le choix de nous placer aux côtés d’un First 47. Nous n’en bougerons pas le lendemain.

Mercredi 26 septembre 2018

Notre découverte de Viana do Castelo débute par une visite rapprochée du pont du bon Monsieur Eiffel. Posé sur des piles en pierre, entièrement peint en vert, ses poutres en treillis métalliques sont rivetées entre elles. Sa spécificité vient des deux niveaux qui le constituent. Le plus bas des deux est réservé à la circulation des trains. Le plus haut, à celui des voitures, piétons, cyclistes… L’ensemble est à la fois léger et très esthétique.

Après avoir traversé le cœur de ville, nous attaquons l’escalier en pierre cerné de deux murs du même matériau, qui mène à la basilique de Santa Luzia (1904). Dédaignant le téléphérique qui y conduit, la montée d’une vingtaine de minutes nous amène à une sorte de Sacré-Cœur local dont la forme, inhabituelle, est quasi carrée. Cela se traduit par un intérieur très généreux en volume en même temps que très lumineux. Pas de surcharge ici, contrairement à beaucoup d’autres églises rencontrées précédemment. La coupole décorée est superbe. A l’extérieur, sa position lui permet de dominer la ville et d’offrir un large point de vue sur l’embouchure du Lima et de la côte Nord et Sud. Une fois redescendus, nous arpentons les rues anciennes du centre-ville. Bel endroit avec quelques élégantes demeures. L’ambiance est cependant plus sage et moins festive qu’en Espagne. A l’inverse, beaucoup de gens parlent français ce qui, évidemment facilite la vie des touristes que nous sommes

À midi, dégustation d’un plat traditionnel chez Paulo… qui parle un français parfait (restaurant Vasco, 21 rue Grande). Le plat de  » bacalhau minhota  » (morue cuisinée de manière traditionnelle dans plusieurs eaux et au frais) est un régal. Nous ne le finirons pas tant la quantité est généreuse (14 € par personne). Après un tour rapide à une galerie présentant quelques rares azuleros (carrelages anciens d’inspiration arabe), nous visitons l’ancien navire hôpital Gil Eannes, récemment rénové. Il accompagnait les bateaux locaux dans leur campagne annuelle de pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve et du Groenland. Passerelle de commandement, salons, salle des machines (impressionnante avec ses deux moteurs principaux de sept cylindres), cuisine, cabines, salon de coiffure… mais aussi bien sûr, salle de soins et de radiographie, salle d’opération… En un peu plus de cinquante ans, on mesure les progrès accomplis concernant les bateaux modernes, leurs équipements…

Jeudi 27 septembre 2018

Réveil à 8 heures pour rejoindre Porto. Enfin, 7 heures compte tenu du fait que l’heure légale a, ici, une heure de retard par rapport à la France et à l’Espagne (de manière générale, les fuseaux horaires changent théoriquement tous les 15 degrés (360°/24h) et donc tous les 1660 km environ à l’équateur et 1500 km chez nous (1 degré = 60 minutes d’angle qui correspondent à 60 milles nautiques). Nous avions juste oublié de mettre les montres à l’heure légale portugaise.

15h30 Sous spi (10 nœuds de vent, 4 nœuds), sous passons devant Vila de Condé. Les immeubles de la ville n’ont rien à envier à ceux de la Baule. Pas vraiment un compliment. La plage s’étend sur plusieurs kilomètres.

Xavier, qui avait mis une ligne à l’eau en fin de matinée, vient de sortir son deuxième maquereau. Le repas se précise…

Nous avons fait (surtout moi compte tenu du fait que je vais y rester plusieurs jours) le choix du port nord de Porto, celui de Leixoas (prononcer Léchoas). C’est tout à la fois le port de commerce de Porto et un port de plaisance. Il est nettement plus loin du centre mais présente l’avantage considérable d’autoriser le mouillage dans l’avant-port.

Vendredi 28 septembre 2018

Première visite à Porto grâce à l’autobus  » 507  » qui nous amène, après pas mal d’attente et de détours via les zones commerciales, en plein centre-ville, et ce, pour moins de deux euros.

La ville, est la deuxième du pays en taille avec deux millions d’habitants pour l’agglomération (le Portugal dans son ensemble en compte 10 millions). Le cœur historique s’étage sur la rive droite, très pentue, du Douro. En face, sur la rive gauche, l’autre ville, Villa Nova de Gaia. Pour le visiteur, ces deux villes n’en forment qu’une tant elles sont unifiées. Cette dernière abrite les anciens quais de transport du  » Porto « . Sanderman, Cruz et les autres marquent leur territoire. Des  » barco rabelo  » qui jadis transportaient les tonneaux de Porto ont soigneusement été alignées devant le quai, ajoutant au plaisir des yeux. D’une vingtaine de mètres, ces embarcations à fond plat et sans quille utilisaient principalement le courant du fleuve, montant ou descendant en fonction de la marée, pour rallier les zones de production (70 km) aux villes. Elles pouvaient également se faire haler. Chacune porte la marque d’un producteur.

Le quartier historique de Ribeira est classé à l’UNESCO. Il regroupe nombre d’édifices anciens parmi lesquels la cathédrale, imposante, les églises dos Clerigos et dos Congregados, la mairie… Les maisons anciennes sont serrées les unes contre les autres. Le plus souvent, leurs façades sont colorées et/ou ornementées des fameux  » azulejos « , carrelages d’inspiration mauresque. Des balcons en fer forgé sont présents quasi partout. A noter le tramway historique – une seule voiture de petite taille – qui gravit et descend gaillardement les rues abruptes.

Dans ce registre, là encore des ponts métalliques de type Eiffel. Pas moins de trois aux côtés de trois autres ponts plus récents, en béton. En acier, conçu par Théophile Seyrig, disciple de Gustave, le pont Louis 1er est spectaculaire. Inauguré en 1886 par le Roi du Portugal, Luis 1er, sa construction a duré cinq ans. C’est le plus ancien. Les trains circulent dans la partie haute tandis que les voitures, piétons et autres circulent dans la partie basse. De même inspiration, le pont Maria Pia fut construit spécifiquement pour le transit des trains. Il est aujourd’hui désaffecté. De très belles photos, constructions comprises, ici https://www.vanupied.com/porto/monuments-porto/les-ponts-de-porto.html

Les  » portuans  » semblent décontractés et heureux de vivre. Les terrasses des cafés et restaurants sont pleines à craquer. Il y a, bien sûr, bon nombre de touristes. Le vin de Porto (oui, c’est un vin) est partout. J’ai appris pour l’occasion qu’il en existait du blanc, du rosé et du rouge. La culture me direz-vous… Trois grands niveaux de qualité sont clairement identifiés : lLe ruby qui tire son nom de sa couleur, le tawny (roussâtre en anglais et qui se conserve le mieux) dont l’âge s’étage de 10, à 40 ans et, tout en haut du podium, les Vintage et LBV (10 à 50 ans de vieillissement) considérés comme les meilleurs Porto. Je n’ai par contre guère vu de Vino Verde dans les bouteilles très répandues chez nous.

Sur les conseils du Routard, pour le déjeuner, nous avons expérimenté le Cervejaria Brasao à proximité immédiate de l’office du tourisme. Si le lieu est intéressant – granit, boiseries, partie de mur recouverte de porte-bouteilles et de bouteilles de bière – la nourriture ne l’est pas moins. Xavier et moi avons apprécié les deux plats différents de morue que nous avons commandés, les deux étaient excellents. Très bien aussi, la bière artisanale Sovina, à l’amertume remarquable, le cheesecake, modèle du genre… tout cela pour un prix raisonnable (pour nous).

Déambuler dans le dédale des rues est un bonheur. Le chemin sur les remparts dit Muro des Bachalhoeiros (pêcheurs de morue) offre une vue grandiose sur le fleuve…

Samedi 29 septembre 2018

Après dix jours passés à bord, Xavier repart à Paris ce matin. Pour ma part, ravitaillement (avitaillement renouvelé). Le plan du quartier remis par la capitainerie du port est précieux. Bus, métro, poste, alimentations sont repérés. Beaucoup de port français (et autres) feraient bien de s’inspirer de cette pratique. Trois-quarts d’heure de marche aller-retour pour le supermarché le plus proche. La poissonnerie est bien achalandée ce qui n’est pas le cas partout. La bière bue au restaurant le vendredi est en vente en petit format… j’en prend deux.

Je profite d’être encore dans le port pour faire le plein des réservoirs d’eau, de laver pont, rouf et cockpit à l’eau douce. Grande toilette aussi pour le capitaine (il parait que ça ne fait pas de mal !), l’eau chaude et abondante des sanitaires étant toujours appréciable. J’en profite même pour me raser (h = 3 mm).

Je déplace ensuite Soa à l’extérieur du port, soit à moins de cinq cents mètres. Nous sommes trois à mouiller ici. L’annexe étant facilement opérationnelle, je suis largement aussi bien à cet endroit… et c’est gratuit.

Lundi 30 septembre 2018

Ayant beaucoup de papiers, de méls et autres, en retard, je suis resté à bord toute la journée d’hier. L’habituel brouillard matinal a persisté et n’a pas daigné se lever. Ambiance cotonneuse d’automne garantie. Sébastien ayant mis à jour les rubriques et sous-rubriques du site de Soa, j’ai tenté, après les avoir sélectionnées et réduites, de mettre des photos en ligne. Faute de débit sans doute, je n’ai pas réussi à y parvenir.

Anne, qui a fait la descente La Rochelle – Santander avec moi, arrive demain pour deux mois. Je resterai à bord pour l’attendre. Je vais mettre à profit cette journée, et ce, d’autant plus que le soleil est de retour, pour une deuxième visite à Porto…

Je fais en sorte de prendre des chemins différents et notamment d’emprunter la partie haute du pont Luis 1er. La vue imprenable sur les eaux du Douro est magnifique. Les  » barco rabelo  » transformés en bateaux de promenade vont et viennent dans un balai incessant. Sous les feux du soleil, les façades multicolores des maisons sont lumineuses… un bonheur esthétique.

Mercredi 3 octobre 2018

Suite à l’arrivée d’Anne hier après-midi, nous avons fait quelques courses de ravitaillement.

La journée d’aujourd’hui est consacrée à une balade dans Porto qu’Anne souhaitait faire. Soleil au zénith, température estivale, short et polo. Compte tenu de mon avance dans ce domaine, je sers de guide. Cette ville est vraiment très belle et très agréable. On mesure ici, combien les différences entre les lieux de vie des uns et des autres, peut jouer sur le bien-être, la joie de vivre même peut-être.

Je profite de cette troisième incursion pour, après dégustation, acheter du Porto (Tawny, 20 ans d’âge) dans une maison spécialisée  » petits producteurs  » que j’avais déjà repérée lors de mes venues précédentes. D’une bouteille à l’autre, les goûts sont très différents.

Dans le même registre, je rachète trois bouteilles de bière artisanale que nous avions bu au restaurant avec Xavier. Son goût spécifique et son amertume particulièrement développée la rendent fort agréable. Pour ne rien gâcher, la bouteille est très belle et sa fermeture à l’ancienne (genre limonade d’antan) la rend très facilement réutilisable.

Jeudi 4 octobre 2018

Faute de vent, descente presque totale au moteur vers Aveiro, la Venise portugaise nous a-t-on dit. Nous sommes évidemment impatients de voir les gondoles locales. L’entrée dans le port ou en tous cas l’embouchure dans laquelle se trouve le port, est déroutante. Le fait que le bloc marine n’en dise rien aurait dû nous alerter. Une tentative d’entrée dans le chenal conduisant au port est vite interrompue, plusieurs bateaux locaux nous ayant vivement conseillé de passer par l’extérieur et le second chenal. Problème, il n’y a pas suffisamment de hauteur d’eau pour y faire passer Soa. Nous nous mettons en recherche d’un mouillage. La seule zone identifiée regroupe différents petits bateaux à moteur et un voilier de sept ou huit mètres, tous sur bouée. Je juge l’espace insuffisant en termes d’évitement. Nous allons voir plus loin. Finalement nous passerons la nuit au mouillage dans le chenal dit  » Jacintha « , sur la rive droite et donc complétement à l’opposé de la ville… dont nous ne verrons rien !!! Un peu agaçant… mais, bon, il parait que la frustration structure.

Vendredi 5 octobre 2018

Compte-tenu de l’heure de la marée et du courant dans la rivière, nous quittons le mouillage tranquille où nous avons passé la nuit dès 7h45. Le brouillard est installé. Il s’épaissit au fur et à mesure que nous approchons de la sortie du port pour finir par être vraiment très épais. Un cargo de plus de cent mètres (dixit l’AIS, système de repérage et d’identification des bateaux) qui a entamé sa sortie un peu après nous, nous double à quelques dizaines de mètres. Nous n’en voyons qu’une très vague silhouette…

Le brouillard ne se lèvera qu’aux alentours de treize heures. Le vent, peu après, ce qui nous permet de rejoindre Figueiras do Foz deux heures plus tard.

L’idée de la découverte d’une ville met toujours en appétit. Celle-ci ne nous laissera pas un souvenir inoubliable. La partie ancienne est quasi à l’abandon. Sorte de ville morte. La partie la plus récente, côté océan, s’anime un peu. Un grand Casino trône au milieu ? Esthétiquement, parmi ce que nous avons vu de moins bien.

Dans le port, à une dizaine de mètres de nous, Freja, une sorte de clone de Soa. Sloop (un seul mat) de seize ou dix-sept mètres en acier (je serais curieux de savoir combien il pèse !). Il possède lui aussi une casquette en dur qui vient  » coiffer  » le rouf et une partie du cockpit ainsi qu’une barre à roue contre le rouf… Comme un air de famille en plus massif. Le mat, d’un diamètre énorme, est en bois. Un monument ! N’empêche, en navigation, il doit être très agréable et confortable. Voir un bateau dont la conception est similaire à celui qu’on a conçu, est comme une forme de validation des choix effectués. Shana, le dernier bateau de Céline et Antoine (entièrement réalisé par Antoine) est parfaitement dans la même lignée…

Samedi 6 octobre 2018

Départ plus tardif ce matin… La dizaine de nœuds de vent établi nous fait monter le spi aussitôt après le départ. Le vent forcissant rapidement, nous le tiendrons une grosse demi-heure (après un peu de sport pour le rentrer et 8,5 nœuds au compteur). Le reste de l’étape du jour se passe sous GV (grand-voile) et génois (la plus des grande des voiles d’avant). Six nœuds de moyenne pour dix-sept nœuds de vent trois-quarts arrière. La mer s’est formée, elle est hachée. La houle a pris un peu d’amplitude. Malgré le soleil, la température reste fraiche. La côte qui défile est relativement plate avec de très longues plages qui occupent quasi tout le littoral. Comme un air de Vendée.

Tranquillement installé dans le carré (partie intérieure), bien au chaud, j’écris ces lignes et… je surveille la marche du bateau. Tout est à portée de regard, instruments, voiles, environnement (mer, terre, autres navires…). Souligné par tous les équipiers ayant navigué à bord, ce très confortable lieu de vie et de surveillance, constitue, de jour comme de nuit, un des atouts majeurs de Soa. Il me permet de profiter du paysage, du plongeon des oiseaux en chasse, du scintillement du soleil sur l’eau… En face de moi sur bâbord, la ville de Sao Pedro de Muel et, posé sur le piton rocheux derrière lequel elle s’abrite, son phare à éclats  » Penedo da Saudade  » de 55 m. Depuis notre départ de ce matin, pas un bateau en vue malgré le week-end. Même les bateaux de pêche se sont faits discrets.

15h30 Le sable des plages a laissé la place aux falaises de granit. Beau mais beaucoup moins engageant. Nous poursuivons à une moyenne de six nœuds et des pointes au-delà de sept. Le cap de Pontal de Nazaré, juste au-dessus de la ville du même nom est en vue. Nous devrions y être d’ici une heure environ. Un petit groupe de dauphins nous fait une courte visite. Toujours agréable de voir la vivacité avec laquelle ils évoluent.

Samedi 6 octobre

Nazaré côté club. Accueil sympa en français. Les places de la marina standard (au fond à droite en arrivant) ne semblent pas terribles. Un marinero nous interpelle au moment de notre passage côté club (en entrant à gauche). Nous nous amarrons en bout de ponton. Parfait. Une station-service est à cent mètres. Ça tombe bien, la réserve d’essence pour le moteur de l’annexe arrive à son terme. Un coup de diable à roulettes et de jerrican et nous sommes outillés pour quelques temps. Pour le reste, petite ville balnéaire sans intérêt…

Dimanche 7 octobre

Peniche ne semble pas avoir la cote auprès des guides. Anne et moi l’avons pourtant beaucoup appréciée. Considérée comme la Mecque des surfeurs, les vagues battent, parait-il, des records mondiaux. Suivant les sources, il est dit qu’elles peuvent atteindre 27 à 30 m. Ça commence à faire !!! Ici comme presque partout ailleurs, le fort type Vauban trône en bout de ville. Nous allons jusqu’à la pointe ouest du Cabo Carvoeiro que nous avons doublé la veille à la voile. Les iles Berlenga (réserve naturelle) sont à quelques encablures. Nous nous offrons un excellent déjeuner au Restaurante A Sardinha pour la somme exorbitante de dix euros. Pour ce prix, menu complet avec soupe de poisson, très belle assiette de poisson grillé, salade de fruits frais, vin, café et sourire compris. Pas facile à trouver chez nous de nos jours ! L’après-midi, histoire de digérer, nous entamons une grande balade jusqu’à la pointe sud-est. En chemin, nous visitons la criée en pleine activité. Chaque caisse de poissons est vendue séparément. Les mareyeurs, munis d’une télécommande, achète selon une procédure d’enchères inversées (en allant vers le prix le plus bas… inhabituel). Un peu plus loin, des filets en grand nombre tapissent le sol. Les ramendeurs (homme ici) sont à l’ouvrage. Une fois la ville contournée, nous marchons sur la magnifique plage qui la borde. Ses 3 km nous laissent le temps d’admirer le paysage et nous permettent de rejoindre la presqu’ile de Baleal. Soa est visible dans le scintillement du soleil. Belle image. Petite bière Super Bock très fraîche avant de repartir par la route. Deux surfeurs suédois en vacances ici, nous prennent en stop. Nous aurons quand même marché près de cinq heures…

Mardi 9 octobre 2018

Superbe journée de navigation qui nous conduit à Cascaïs (prononcer cachcaïch) dont une bonne partie s’est passée sous grand-voile seule, un ris et demi de pris (diminution de la surface de voile utilisée). Le mouillage situé juste à côté de la marina – dont la réputation n’est pas bonne – nous tendait les bras. A vrai dire il les avait tendus à pas mal d’autres avant nous. Une bonne douzaine de bateaux était déjà là. Nous avons opté pour une petite place juste à côté de la plage avec vue imprenable sur la ville. Très sympa.

La balade du lendemain nous permettra de faire nos emplettes au très grand marché local (primeurs, viandes, poissons, fromages… textiles et autres). Nous y achèterons deux belles tranches de thon rouge pour quelques euros. Dégustées en carpaccio, elles se sont révélées excellentes. Nous y trouvons également un très bon fromage (selon moi), ce qui est assez rare par ici. Je m’y achète également deux polos (vraies étiquettes de marque) pour 22 €. La ville est agréable. Elle marie parfaitement l’ancien historique et le moderne. A l’intérieur du fort, hôtel moderne haut de gamme, très belle et originale exposition de statues en bronze… envol, naissance… Des jumelles géantes posées au sol vous renvoie votre image. Nous avons dépassé hier, à la voile, le phare situé un peu plus loin. La bâtisse de la marine, située juste en face de notre mouillage est imposante. Belle escale avant de rejoindre Lisbonne.

Jeudi 11 octobre 2018

Nous quittons Cascaïs pour rejoindre Lisbonne. Il fait beau. Nous rencontrons à l’endroit où les eaux du fleuve et l’océan se conjuguent, une très forte houle. Un peu plus loin, le Santa Cruz, trois mats de la Belle Époque s’avance en sens opposé à nous. Superbe. Nous croisons ensuite la Tour de Bélem (reconstruite après le tremblement de terre de 1755). Nous franchissons le pont du 25 avril 1974, tout de métal. Il symbolise la victoire contre la dictature. La vue sur Lisbonne s’offre à nous. Beaucoup de couleurs. Des constructions à l’architecture moderne côtoient celles du passé. Le mélange ne choque pas.

Nous rejoignons le  » port  » de Seixal (prononcer Seichal) sur la rive gauche. À la lecture des avis concernant les marinas de Lisbonne, nous avons fait le choix de ce petit port situé dans un bras d’assez petite taille, du Tage, juste en face de Lisbonne. Tout simple, le village est sympa. Le  » port  » se résume à un ponton (4 ou 5 bateaux maxi en plus de l’imposant bateau traditionnel local) et à des bouées dans le lit de la rivière. Charmant et efficace, le marinero qui nous accueille parle un parfait français… et pour cause. Il a vécu en France, a été marié à une française et… plus inattendu, a vécu à Mayotte plusieurs années. Le hasard est parfois plus qu’étonnant. Cerise sur le gâteau, les prix sont les plus bas de tout ce que nous avons rencontré.

Au moment de ce choix, j’ignorais que Leslie, tempête  » tropicale  » allait passer pas loin dès le lendemain soir, juste un peu au nord de Lisbonne. C’est Sébastien depuis le Liban qui m’en a informé. N’ayant pas l’intention de bouger à ce moment-là, j’avais un peu perdu de vue la météo. Des rafales de vent de 70 nœuds (130 km/h) étaient annoncées, pas rien. A cet endroit, pas de vagues rugissantes n’étaient à craindre ce qui est déterminant. Amarres triplées, voiles et annexes sécurisées, bouées rentrées… en prévision. Heureusement, sur les dernières heures avant son arrivée, sa trajectoire s’est modifiée. Au plus fort, en milieu de nuit, nous avons enregistré des vents à 40 nœuds (75 km/h environ). Un peu de mouvement mais, in fine, rien de problématique et surtout, aucune casse. Ouf.

Vendredi 12 octobre 2018

Des bateaux rapides relient Seixal à Lisbonne (à peine plus de quinze minutes). Débarquement en plein cœur de de cette grande ville de près de trois millions d’habitants (agglomération) soit presque le tiers de la population portugaise qui en compte dix.

Lisbonne, ville multiple noyée sous le tourisme… dont nous faisions partie. De très nombreux lieux et bâtiments imposants (Place Dom Pedro IV, immense et tant d’autres). Des ruelles à découvrir dans le vieux quartier de l’Alfama au pied du Castelo (château). Des rues très mondialisées où toutes les grandes enseignes commerciales se retrouvent dans un air standardisé de déjà vu…

Le tramway avec sa fameuse ligne historique n°28 qui date du début des années 1900. Les voitures, assez minuscules, sont peintes à la couleur de la ligne, jaune pour celui-là. Il est une incontestable attraction de la ville (voir vidéo postée sur Facebook). Le quartier de  » LX Factory  » où nous a invité Lidia. Lidia est une collègue des affaires étrangères portugaises que j’avais rencontrée à Alger où elle était en poste en même temps que moi. J’ai eu grand plaisir à la revoir. Elle nous a donné plein d’informations sur son pays, le développement touristique et autres…

Considérée comme inoubliable par certains, Lisbonne, est intéressante à plein d’égards. Pour moi, elle n’égale cependant pas Porto et sa douceur de vivre.

Grâce aux conseils de Lidia, j’avais réservé une soirée fado dans un lieu réputé qui se révèle être un petit restaurant avec plusieurs salles. Nous y sommes accueillis avec beaucoup d’égards. Les plats sont de très grande qualité, très belle daurade grillée notamment, le vin est bon… Le fado incarne la  » saudade « , ce sentiment de nostalgie censé envahir tout Lisboète à la vue du Tage. Trois chanteurs (une femme, deux hommes) se succèdent… dont les employés du restaurant, ce qui ne laisse pas de surprendre. Chants et musique sont superbes. L’émotion est au rendez-vous. Un grand moment.

Sans transition comme l’on dit parfois, et beaucoup moins drôle, je me suis fait voler mes papiers dans la minuscule pochette qui est la mienne, sans que je ne m’aperçoive de rien. Bravo l’artiste. Police, consulat… Cela ne change cependant rien à ce séjour à Lisbonne.

Vendredi 19 octobre 2018

Après une semaine passée à Seixal, l’étai de trinquette changé et le gréement dormant révisé, les pleins faits, l’eau du chauffe-eau à sa meilleure température, nous reprenons notre route vers le sud pour atteindre Sesimbra (38° 26′). Igor, le marinero portugais-mahorais a accompagné notre départ. Une autre belle rencontre que cet homme. Il vit sur son bateau amarré à une bouée face au port.

Un peu plus de 30 milles aujourd’hui, beaucoup moins en latitude pure puisque nous ne sommes que 14 milles plus sud par rapport à Lisbonne. Cette très belle journée de navigation est la première de Sarah à bord. Soleil, température très acceptable, vent variable. Nous avons navigué entre 3 et 8 nœuds suivant les moments. Nous sommes une nouvelle fois passés sous le pont à haubans du 25 avril. Dessous, le bruit que font les véhicules qui y passent est assourdissant. La houle est beaucoup plus faible que celle que nous avions eue au moment d’entrer dans le Tage. Nous contournons le fort de Sao Lourenço qui marque l’entrée (et donc la sortie) du Tage avant de prendre notre cap du jour, 220° (sud-ouest). L’idée du voyage est aussi là, arriver dans un lieu, le découvrir, s’en imprégner… puis en repartir pour en découvrir d’autres.

Le cap Espichel marque la proximité de Sesimbra située côté sud, bien au creux de la montagne et donc à l’abri des vents dominants et de la houle. Le phare blanc et rouge situé à l’extrémité du cap mesure 26 m de haut ce qui donne une idée de la hauteur des falaises que l’on peut estimer être de l’ordre de 100 à 120 m. Côté sud elles sont truffées de grottes dans lesquelles s’engouffrent des trombes d’eau dans un vacarme impressionnant. Face à Sesimbra ensoleillée qui se rapproche, nous parcourons les derniers milles au vent arrière, voiles en ciseau, bateau à plat, 4 à 5 nœuds au compteur. Un vrai bonheur.

Nous jetons l’ancre entre la digue et la plage. Nous sommes seul. Un arc-en-ciel se dessine. Les couleurs du ciel sont magnifiques. Le coucher de soleil aussi.

Samedi 20 – dimanche 21 octobre 2018

Compte tenu de la météo (je devrais dire des météos, du fait des différents modèles existants) nous faisons le choix de renoncer à la halte prévue de Sines et de doubler le cap Saint-Vincent en tout début de matinée du dimanche, le matin étant, d’après Igor qui connait bien cette zone de navigation, le moment le plus propice. La journée est printanière pour ne pas dire plus.

Nous aurons trois visites de dauphins dont deux très longues. Leur ballet à l’étrave ne lasse pas. Bien plus rare, une baleine vient également nous rendre visite. Si l’on ajoute à cela, un magnifique arc-en-ciel (un autre) et un non moins splendide coucher de soleil… nous avons été gâtés.

Minuit. Durant près d’une heure, nous avons une nouvelle visite de dauphins. La lumière blanche de la lune nous permet de les voir virevolter autour du bateau.

Je suis de quart depuis 4h. A cette heure-là, le roux de la lune disparait derrière l’horizon. La nuit devient vraiment noire. Seules les lumières de la côte, 11 milles à bâbord, sont visibles. Très nombreux partout, les feux rouges des éoliennes décorent la côte.

7h00. Une légère blancheur tapisse l’océan et permet de commencer  » à voir « . Les conditions de mer sont excellentes. Soa glisse sans bruit vers le cap Saint-Vincent dont on voit depuis longtemps déjà l’éclat du phare (portée 32 milles). Très progressivement, le ciel rougit. Le cap lui-même, imposant même de loin, est désormais visible. Sa réputation de lieu très venté ne se confirme pas aujourd’hui. Les dix nœuds de vents qu’indique l’anémomètre nous suffisent.

8h15. Le soleil qui s’annonçait depuis un moment, émerge de derrière la couche basse de nuages, frangeant d’orangé le bord de ceux-ci. Moment toujours magique. Le cap se rapproche.

9h30. Nous sommes à la perpendiculaire du cap Saint-Vincent. Cap massif, surplombé d’une sorte de plateau, il est le plus sud-ouest de l’Europe continentale. Dès que nous l’avons doublé, le vent gagne 6 nœuds, mais rien de problématique. Le phare de 86 mètres qui le surplombe porte le même nom. Depuis notre départ hier matin, nous n’avons vu que deux ou trois bateaux de pêche au loin et rien d’autre. Posé sur le rouf, un papillon a fait une grande partie de la route avec nous. Il nous a quitté à proximité de la terre.

11h. Mouillage au milieu de la baie de Sagres, entre plage plein sud et hautes falaises. Quasi immédiatement arrêtés, Sarah plonge une tête dans une eau qu’elle trouve très bonne. Balade l’après-midi, fort, pointe est…

Lundi 22 octobre 2018

Nous repartons pour rejoindre Portimao, située à une vingtaine de milles plus loin. Les conditions de navigation sont idylliques. Les plages alternent avec les falaises teintées de rouge. Un très grand nombre de grottes les parsème. L’eau s’y engouffre avec force. Magnifique spectacle.

Nous portons notre choix sur l’avant-port, face à la plage. Portimao est à notre gauche, le village de Ferra Gudo et sa plage sont à notre droite. Mouillage calme dans un très bel endroit. Une demi-douzaine de bateaux sont à nos côtés. Nous resterons là jusqu’à vendredi compris. Courses et balades au village, baignades pour Anne et Sarah à côté du bateau ou côté mer à l’extérieur du port, bricolage et écriture pour moi. Il fait beau, les jours coulent paisibles.

Durant ce séjour, nous aurons la chance de voir passer plusieurs bateaux anciens depuis la copie d’une Caravelle à un magnifique et impressionnant cinq mats.

Samedi 27 – dimanche 28 octobre 2018

Nous quittons Portimao pour rejoindre Olhao à une trentaine de milles plus à l’est. C’est là que nous attendrons François qui doit nous rejoindre dans la soirée de demain.

Le chenal à remonter est sujet au courant, il nous faut le remonter en fin de marée montante. Ayant un peu de temps devant nous, nous en profitons pour une pause baignade côté océan. Nous jetons l’ancre à une centaine de mètres de la plage et du phare de Santa Maria. Anne et moi regardons Sarah se baigner.

Nous rentrons ensuite dans la partie intérieure du delta. Le vent s’est sérieusement renforcé. Au mouillage, à côté d’une dizaine d’autres bateaux, nous enregistrons des rafales à près de 40 nœuds. La nuit fut cependant assez calme. Grand soleil au réveil…

En milieu d’après-midi, nous rejoignons le port d’Olhao, situé à quatre milles de là. Il sera vraisemblablement notre dernière escale au Portugal.

Lundi 29 octobre2018

François a rejoint le bord au beau milieu de la nuit après un voyage plus que longuet. A ma demande, il avait dans ses bagages, une sonde et une poulie ainsi que quatre polars. Il est également venu avec quelques éléments indispensables de réconfort (rhum, citrons-verts, pâté Henaff). Toujours agréable.

Côté navigation, les différents modèles météo s’accordent sur un coup de vent pour la nuit prochaine et demain mardi avec 40 nœuds possibles de vent au plus fort. Nous allons donc rester sagement à Olhoa jusqu’à mercredi matin. Nous mettrons le cap, à ce moment-là, sur Chipiona située à 70 milles plus loin sur la côte espagnole, juste un peu au-dessus de Cadiz. Nous devrions y arriver dans la journée de jeudi. Notre étape portugaise prendra ainsi fin…

Cet article a 3 commentaires

  1. Merci pour ce rappel émouvant et ce partage qui continue de faire rêver. J’espère que vous avez bien étalé le coup de vent. Bonne nav !!!

  2. La vie est belle et vaut la peine d’ětre vécue. Que ton bonheur soit et demeure. Dans tout homme sommeille un enfant, et c’est le petit mundele que je vois à travers tes récits. Bon vent Commandante!

  3. Je pense fréquemment au moment ou je vais te rejoindre en janvier et d’autant plus en lisant ces lignes. Bon vent jusqu’aux canaries

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