Au fil de l’eau, carnet n°17 – Antilles – Préparation transatlantique retour – Janvier/avril 2021

Citation : « Il n’y pas de chemin qui mène au bonheur, le bonheur est le chemin. » Bouddha

Résumé : Nathalie et moi, pour éviter d’y être confinés, nous sommes prestement échappés des Iles Vierges Britanniques le samedi 27 avril 2020 à 18h, soit deux heures avant la fermeture des frontières. Le vent – et ma préférence – nous a conduit en Guadeloupe… Une cinquantaine de bateaux de plaisance étaient déjà sur place… Après une quatorzaine stricte durant laquelle nous avons survécu grâce à l’approvisionnement que Marie nous a fourni (il y avait quand même des réserves à bord), ce fut une longue immobilité ou presque, l’étrave de Soa n’ayant fréquenté que les eaux baignant la Guadeloupe et la Martinique. Beau terrain de jeu en soi…

Lundi 4 – jeudi 7 janvier

Nina, avec laquelle je suis en contact depuis un certain temps déjà via Vogue avec moi, embarque pour quatre jours. À sa demande, nous prenons la direction de l’îlet aux Cabris (les Saintes / Guadeloupe). La descente se fait sous le soleil, en trace directe et à très bonne allure. Une bouée, une seule, est disponible. Va pour la nuit et pour la journée du mardi, très beau temps compris.

Nous faisons le choix d’une deuxième nuit au même endroit. La couleur turquoise des eaux environnantes est magnifique, tout comme celle des couchers de soleil.

La balade à pieds vers ce qui fut le fort Joséphine est agréable. Seuls les murs d’enceinte du fort subsistent. Pas très reluisant. La prison aux deux seuls cachots jouxte les ruines du fort. À une centaine de mètres plus loin, la vue sur Terre de Haut et Terre de Bas est splendide. Aucun iguane au rendez-vous, ce qui me surprend.

De retour de notre balade, nous rejoignons Grand Anse à Terre de Bas. Nous jetons l’ancre en avant des bateaux qui sont déjà présents. Proprette et sans chichi, l’île est restée très naturelle, dans son jus comme l’on dit. Pas d’esbroufe ici, sans doute du fait d’une fréquentation touristique moindre. Avenantes, les maisons entretenues avec soins sont de couleurs vives. Beaucoup d’autres sont fermées et à l’abandon. La population vieillit…

Notre remontée du jeudi vers la marina de Bas du Fort est à l’image de notre descente. Du près sur une mer peu formée et sous le soleil. Par chance l’orientation « est » du vent nous permet de remonter d’un trait.

Vendredi 8 janvier 2021

Jade pas là… pas de motif impérieux pour venir.

Sophie qui rejoint le bord pour environ deux mois, doit arriver dans cinq jours. Les départs de Paris ne semblent pas compromis. Élisabeth, québécoise au charmant accent qui devait me rejoindre en 2020 mais n’a pu le faire, ne sait pas trop. Ses vols ont été annulés par deux fois. La situation sanitaire au Québec et au Canada en général fait que les vols pour les Antilles sont annulés les uns après les autres.

Je poursuis dans le registre des aménagements complémentaires de ma cabine. Après avoir réalisé, ces jours derniers, deux placards supplémentaires afin de gagner en volume de rangement, je viens d’ajouter, aujourd’hui, deux étagères bibliothèques. Je dois dire que je suis particulièrement satisfait du résultat malgré un travail très artisanal avec « les moyens du bord », comme l’on dit. Tous les livres que je conservais dans deux grandes boites y ont pris place sans difficulté bien que j’aie veillé à en limiter les dimensions pour ne pas alourdir l’ambiance. J’y ai également placé deux belles bouteilles de vieux rhum de ma collection pour peaufiner l’esthétique et rester dans la couleur locale. Sympa. Le test grandeur nature de l’ensemble (placards/étagères) me donne pleine satisfaction. Je ferai réaliser tout ça en beaucoup mieux par Antoine l’été prochain.

Dimanche 10 – mardi 12 janvier 2021

Je poursuis mes bricolages…

Mercredi 13 janvier 2021

Tandis que Sophie rejoint Soa, le vol d’Élisabeth est de nouveau modifié. Drôle de période. 

Jeudi 14 – vendredi 15 janvier 2021

Nous descendons jusqu’à Marie Galante et en revenons le vendredi. Deux agréables moments de voile.

Nous profitons du marché du Gosier, toujours aussi sympa, pour y faire nos courses.

Carole qui arrive de métropole, nous rejoint en toute fin de soirée pour une petite semaine. Son sac déborde d’excellents fromages des montagnes alpines… Reblochon et autres. Un régal.

La maison de Limoges est officiellement vendue !!!

Samedi 16 janvier 2021

Nous prenons la direction des Saintes que nous atteignons après une belle navigation d’un peu plus de trois heures. Nous prenons une bouée aux abords de Terre de Haut.

Dimanche 17 janvier 2021

Carole et Sophie visitent le Fort Napoléon. Nous allons ensuite nous baigner à la plage de Pompière au fond de la magnifique baie quasi fermée du même nom.

Je poursuis les modifications d’aménagement de ma cabine, les bords de lit en l’occurrence. La formule trouvée qui consiste à tout surélever, permet de conserver les deux hauteurs existantes de l’aménagement initial. La partie située du côté de la tête de lit est surélevée de dix centimètres. La partie située au pied du lit, bien qu’également surélevée elle aussi, reste plus basse de dix centimètres. J’ai prévu de faire découper des mousses qui recouvriront ces emplacements, afin d’obtenir une continuité avec mon matelas… et donc, c’est le but, de disposer d’une continuité du matelas pour pouvoir se caler contre le bordé lors des navigations gitées. À voir si cela se révélera efficace et suffisamment confortable. Au final, pas d’alourdissement de l’ensemble, des volumes supplémentaires de rangement, et une soixantaine de livres rangés et accessibles…

Lundi 18 janvier 2021

Mon kayak que j’avais mis en vente depuis quelques temps, trouve preneur. Il avait fait le bonheur des petits et grands vacanciers de l’été dernier (Caroline, Inaya…). Bon vent à lui.

Carole nous gratifie d’une tartiflette au Reblochon des montagnes. Excellent !!! Entre deux bouchées, nous discutons de la suite du programme… Marie Galante, îlets de Petite Terre, Gosier…

Mardi 19 janvier 2021

Nous partons en début de matinée à l’assaut du Chameau. Tout au long des 300 m de dénivelé qui nous y conduisent, des paysages à couper le souffle. Baie de Terre de haut, Pompière, la piste de l’aérodrome les autres iles…

Au retour, Pedro adorable pêcheur local, nous vend trois belles langoustes (2kg/50 €).

En début d’après-midi, nous rejoignons le mouillage de Grande Anse à terre de Bas

Iguana Loc (sans espace pour le mot de passe), et l’un des très rares bistrots ouverts. Il est également l’un des deux seuls endroits de ce côté de l’île où l’on trouve du Wifi !!!

Inaya – Sur le bord de la route dans l’anse qui accueille les navettes maritimes (à proximité d’Iguana Loc), un présentoir expose des masques en terre. Ils sont en libre-service. Il suffit de mettre dix euros dans l’urne cadenassée et de partir avec le modèle qui nous plaît. Il y a longtemps que je ne t’avais rien acheté… Je choisis le seul exemplaire peint, un beau bleu, en l’occurrence. 

Mercredi 20 janvier 2021

Nous poursuivons notre balade par une navigation nous conduisant à Marie Galante. Une destination archi connue et déjà fréquentée moult fois… mais comme un air de (petit) voyage quand même… que je dois aux souhaits de navigations parfaitement légitimes de mes équipières.

Comme à l’accoutumée, notre premier bord nous aura rapproché de la Dominique. La mer est formée, deux bons mètres de houle, du clapot. Le vent est très instable en puissance passant de 10 à 25 nœuds réels avec une pointe à 30 auxquels il faut ajouter le vent créé par le déplacement du bateau soit environ cinq nœuds de plus. Sous un grain très actif, le baromètre qui affichait 1012 hp au départ a soudainement chuté à 994 hp. Un écart énorme que j’avais déjà vécu lors de ma remontée solitaire du Brésil. Nous avons navigué dans un premier temps sous grand-voile et trinquette. Voyant le vent baisser, conformément aux prévisions de la météo, nous remplaçons la trinquette par le génois… que nous réduisons peu de temps après. Nous remontons ensuite plein nord avant de repiquer sud-est pour rejoindre Saint Louis.

Jeudi 21 janvier

Le mouillage de Saint Louis s’est révélé d’un calme intégral.

Faute de pouvoir rejoindre les îlets de Petite Terre et sa réserve naturelle (pas de place), nous restons à Marie Galante.

Nous dînons « Chez Henri », restaurant du bord de plage tenu par un Marie Galantais. Henri est un ami de Marie et Didier de Lumacotta. Moment sympa de partage avec Carole et Sophie. Le rhum est bon, la cuisine aussi… le service conforme aux pratiques locales, une heure et demie d’attente pour planter sa fourchette dans quelque chose.

Vendredi 22 janvier 2021

Chez Henri bis, pour l’apéritif… en compagnie, cette fois, de Marie, Didier et leurs équipiers. Bien sympa aussi.

Samedi 23 janvier 2021

Ce matin, emmenées par Didier, Carole et Sophie partent à la découverte de la distillerie Bièle. Après celle d’hier, Carole offre à Soa et son équipage, une nouvelle bouteille de rhum.

Après un déjeuner rapide mais fort agréable à bord (sortes de chaussons fourrés au poisson, patates douces, haricots verts…) nous levons l’ancre et mettons le cap sur le lagon de Saint François… que je n’ai encore jamais fréquenté. Il fait beau, la mer est belle, une petite brise de dix à quinze nœuds nous emporte gentiment vers notre destination. Trois heures et demie suffiront pour y parvenir avec une navigation entre cinq et sept nœuds.

En chemin, Carole à la barre, Sophie au réglage (des voiles), nous rattrapons puis dépassons Gulliver, un très joli sloop d’une dizaine de mètres à la coque vert foncé qui me rappelle celle d’Herpès, mon premier bateau. Photos et films fusent de part et d’autre.

Saint François et son lagon donc. De prime abord, je ne reconnais pas le mouillage que j’avais eu l’occasion de voir depuis la terre. Le deuxième (r)abord me rafraîchit la mémoire. Étroit, le chenal d’entrée est bordé de rochers et/ou cayes (coraux). L’espace est des plus compté. On se trouve un petit trou entre les nombreux bateaux présents dans trois mètres d’eau. Des logements flottants (chambres…) débordent de candidats au Covid. L’endroit, superbe, nous gratifie d’un beau coucher de soleil. Un de plus !

Dimanche 24 janvier 2021

Cyril, propriétaire de Gulliver, nous rend visite. Nous échangeons nos photos et vidéos de la veille. Gulliver, très bien entretenu, est superbe sous voile. Les photos de Soa, malheureusement en contre-jour, rendent beaucoup moins bien. Dommage.  

Nous restons à St François pour profiter du lieu…

Lundi 25 janvier 2021

08h. Nous partons pour un long bord vent arrière en direction de la marina de Gosier (Bas du Fort). Carole est à la barre, génois et grand-voile sont en ciseau. Fort agréable moment de voile à une allure plutôt inhabituelle ici.

Après dix jours super sympas, Carole quitte le bord en fin d’après-midi pour l’aéroport. Didier qui reconduit ses propres équipiers l’emmène. Jamais anodin, un départ.

Jean-Claude, mon ami patron pêcheur, vient de d’arriver. Il nous vend quelques très bons rougets…

Mardi 26 janvier 2021

16h00. Tous les pleins faits, le réservoir d’eau de boisson traité à la Javel (1 litre pour 133 litres soit 0,6 litre pour 80 litres d’eau selon la méthode militaire) et moult fois rincé, le pont de Soa nettoyé, les batteries chargées, nous rejoignons le mouillage de Gosier.

Mercredi 27 janvier 2021

Depuis le temps que nous disions qu’il fallait que nous fassions naviguer ensemble Lumacotta et Soa… c’est maintenant. Quarante-quatre pieds et des voiles neuves pour Lumacotta, quarante-cinq pieds, en soustrayant le bout dehors, pour Soa et des voiles toujours en excellent état après avoir parcouru 12.000 milles (22.200 km).

Le premier bord nous fait descendre au sud-est, au près serré comme il se doit. Dix-huit à vingt-six nœuds de vent, génois et grand-voile entièrement déroulés… ce qui nous fera être un peu surtoilé à certains moments. Les passe-avants seront abondamment rincés. Nous faisons globalement jeu égal. 

Didier fait virer Lumacotta assez tôt. Je maintiens Soa sur sa trajectoire et ne vire qu’une demi-heure plus tard. Nous remontons ensuite au nord-est, toujours au près, sur deux trajectoires parallèles. Arrivés à proximité de la côte sud de Basse Terre, Lumacotta qui est assez loin côté ouest, range ses voiles et engage sa remontée vers Saint François au moteur. De notre côté, nous poursuivons sous voile… et passons à quelques dizaines de mètres en avant de son étrave…

Nous avons parcouru vingt-six milles… d’un total plaisir malgré le côté lessiveuse de la chose. Nous avons fait de part et d’autre nombre de photos et vidéos… que nous échangeons le soir devant une bière dans l’un des bistrots du port. Je n’ai jamais eu autant de photos et vidéos de Soa sous voiles ! Comme un plaisir partagé de gosses…

La soirée se termine en version dîner chez une amie de Marie et Didier… une autre Marie pour une autre soirée très agréable.

Carole, une autre que celle qui vient de nous quitter, me confirme son arrivée samedi après-midi prochain. Ça bouge à bord de Soa.

Jeudi 28 janvier 2021

La météo annonçait un temps très désagréable pour cette journée, ce qui fut pleinement confirmé dans l’après-midi… version pluie. Stand bye donc.

Après des mois d’attente (elle devait venir dès mars 2020 puis en juin, septembre, novembre…), Élisabeth quitte son Québec pour nous rejoindre. Après plusieurs reports de ses vols, elle a pris l’option Québec – Paris – Guadeloupe… qui semble payante puisqu’elle embarque effectivement… dans un aéroport quasi désert nous dit-elle. Il était d’ailleurs temps puisque à compter de lundi prochain, soit deux jours, un motif impérieux sera de nouveau exigé !

Le Vendée Globe connaît son épilogue. Charlie Dalin qui pointe en tête sera coiffé sur le poteau par Yannick Bestaven du fait du temps compensé (sauvetage Escoffier). Pour sa deuxième participation, le rochelais remporte donc l’épreuve. Chapeau à lui et à tous les autres dont Jean Le Cam, 58 ans qui termine quatrième sur un bateau d’avant.

Vendredi 29 janvier 2021

Nous reprenons le chemin de Gosier où nous devons réceptionner Élisabeth le soir.

Comme déjà constaté, malgré la longue charge au ponton de la marina, les batteries avant (propulseur/guindeau) sont toujours faiblardes. Soit, elles ne chargent pas complètement, soit elles sont fichues, moins de deux ans après leur achat. Je profite de l’absence de vent, de la mer plate et du fait que nous faisons la route au moteur pour regarder l’installation de charge (elles se chargent via un chargeur spécifique branché sur les batteries de servitudes). La charge démarre lorsque ces dernières sont à plus de 13 Volts. Gagné, le fusible de 40 Ah est mort… et donc pas de charge. Je shunte le porte-fusible et met le cap sur la marina pour en acheter d’autres, ma réserve n’étant pas énorme dans ce domaine (fusible très particulier, difficile à trouver).

J’en profite pour faire un apport de 300 litres de gazole pour compléter les 120 ou 130 litres qui me restent depuis Trinidad (450 litres en septembre 2019).

Marché primeurs, fruits, légumes, ribs, poulet boucané, boudins et… sorbet coco !

Samedi 30 janvier 2021

Carole, deuxième du nom, nous rejoint en milieu d’après-midi. L’équipage est complet pour la semaine.

Le temps de faire connaissance et de procéder à un début d ‘installation, d’envisager notre itinéraire pour la semaine, la journée défile rapidement.

Dimanche 31 janvier 2021

Direction les Saintes, histoire de ne pas rompre avec une bonne habitude. Il faut dire que cet archipel est superbe (classé au patrimoine mondial). La descente quasi plein sud se fait rapidement au travers dans d’excellentes conditions de navigation, soleil compris.

Lundi 1er février 2021

La découverte (Carole S.) ou redécouverte (Élisabeth) de Terre de Haut débute par la traditionnelle visite du fort Napoléon. Le côté musée est sympa avec ses dimensions historiques des batailles locales pour la maîtrise des lieux, avec nos compères anglais ; la toute petite histoire locale… et aussi, l’incontournable et remarquable vue à 360° sur les différentes îles de l’archipel, depuis le haut du fort.

Pour l’après-midi, balade à la baie quasi fermée de Pompierre (ou Pont Pierre suivant les écritures). Endroit magnifique s’il en est avec sa plage et ses cocotiers…

Mardi 2 février 2021

Nous attaquons à l’envers de la fois précédente, du (relativement) plus sérieux avec le fort du Chameau et la montée (310 m de dénivellation) par la face ouest c’est à dire le chemin très caillouteux qui y conduit. La descente sur le béton de la route est moins agréable mais beaucoup plus facile. Les plus beaux points de vue sont de ce côté : ensemble des îles, baies, plages, aérodrome…

Au retour de notre balade, nous prenons possession des langoustes que nous avions commandées la veille à Pedro. Un remake intéressant.

Avant de rejoindre Soa en annexe, nous passons saluer Marie, Didier et leurs équipiers, Lumacotta étant arrivé dans l’intervalle.

Pour clore l’après-midi, balade à l’immense plage Est, celle qui ouvre sur la piste de l’aérodrome. Battue par le vent et les vagues, la baignade n’y est pas vraiment recommandée. Au retour nous faisons halte au pied d’une grande croix du Christ crucifié… Elle surplombe la grande baie des Saintes, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Régalade du soir avec une langouste chacun… qui se termine par une dégustation de vieux rhums. C’est bien le moins.

Mercredi 3 février 2021

Du fait d’une houle de plus de deux mètres, la météo n’est pas extraordinaire bien que le vent annoncé soit modéré (15 nœuds). Didier qui part à terre en annexe passe nous décrocher de la bouée sur laquelle nous sommes amarrés depuis notre arrivée… ce qui nous évite de mettre l’annexe à l’eau et de la remonter ensuite.

8h30. Libérés de nos attaches, nous embouquons le canal Nord entre Terre de Haut et l’îlet à Cabrits. Le vent quasi inexistant à l’intérieur de la baie est de presque vingt nœuds. La houle, elle, est nettement moins importante qu’annoncée. Tant mieux. Un ris dans la grand-voile et le génois, nous naviguons dans de bonnes conditions. L’orientation du vent nous permet de ne pas trop nous éloigner de notre cap idéal. Nous jetons l’ancre devant Saint Louis (Marie Galante) à 14h.

Nous regardons les cartes marines de l’Atlantique (et les parcours que j’y ai reportés), mon recueil des îles de l’arc antillais… des rêves immobiles.

La pluie nous a rattrapés, elle semble décidée à vouloir s’incruster…

Jeudi 4 février 2021

Après avoir acheté quelques fruits et légumes à une vendeuse locale dont l’étale a croisé notre chemin, nous faisons quelques courses au Super U du coin. Nous sommes équipés pour les trois jours qui viennent avant notre retour à la marina de Bas du Fort pour le départ de Carole.

En passant, nous réservons une table chez Henri, sur la plage, pour ce soir. Entre les langoustes, les « apéros » les fromages, les saucissons et le reste, j’ai pris quelques centaines de grammes depuis que je ne suis plus seul à bord.

Pour midi, Carole attaque à fond au niveau cuisine, une pâte brisée faite en un tour de main, des courgettes revenues avec des lardons, du parmesan que Marie et Didier nous ont offert et c’est parti pour la cuisson d’une tarte aux légumes particulièrement appétissante. Résultat au top. Merci.

L’après-midi nous voit marcher le long de l’immense plage de Saint Louis et nous baigner longuement sous le regard attentif et bienveillant du soleil.

De retour à bord, un peu avant que le soleil décline, un beau deux mats version « Pirates des Caraïbes » s’avance vers nous sous voiles. Il jette l’ancre à une centaine de mètres de Soa. Superbe spectacle.

Élisabeth entame le deuxième round… colombo de poulet, courges, poivrons, patates douces… en prévision de la journée de navigation de demain.

Nous clôturons donc la journée « Chez Henri » histoire de clore dignement cette journée. Service exceptionnellement rapide ce soir, qualité toujours au rendez-vous.

Vendredi 5 février 2021

08h30. Nous quittons le mouillage de Saint Louis pour rejoindre Saint François. De la houle et du vent pour cette navigation au près qui nous fait rattraper et largement dépasser un catamaran qui suit le même parcours que nous. Les « filles » se partagent la barre. Carole, super attentive, engrange les progrès.

Peu avant notre arrivée, un coup de vent plus fort que d’habitude s’associe à une grosse vague pour faire embarder Soa. Dans un élan de générosité, l’annexe bien que suspendue comme à son habitude sous l’arceau arrière, s’incline un peu et déverse son contenu dans l’océan. Une première. Adieu veaux, vaches, cochons… euh, je m’égare, adieu pommes, bananes, fruits de la passion… bidon vide d’essence, bidon d’acétone… Nous enroulons aussi rapidement que possible les voiles et partons à la pêche, gaffes et épuisette en main. À l’exception d’un maracuja (fruit de la passion), nous parvenons à tous récupérer.

Le relai wifi de la station Garmin a rendu l’âme (mais pas encore les boyaux). Sans doute par souci d’imitation, la commande électrique du WC à fait de même. J’utilisais le relai wifi depuis la mise à l’eau de Soa. Pour ce qui est de la commande WC, c’est le troisième remplacement !!! La première commande avait tenu deux ans, la deuxième, deux ans et demi… Six mois de gagnés sans doute dû au fait que j’ai été longtemps seul à bord cette année et qu’elle a donc été moins sollicitée. Obsolescence programmée avez-vous dit ?

Apéro du soir, ti’punch au rhum ambré qui fait l’unanimité… en plus de reste de la tarte aux courgettes, tarte aux pommes réalisée par Sophie sous la vigilante conduite de Carole. Nous dégustons quelques vieux rhums, Zacapa 28 ans (merci Nathalie), Mountain Gay XO, Saint James 15 ans (merci Caroline et Cédric)…

Samedi 6 février 2021

Le départ de Carole S. nous fait rejoindre la marina de Bas du Fort… vent arrière, voiles en ciseaux.    En une semaine à bord, elle a su prendre, sans excès, toute sa place, participer à tous les registres d’activités, être en relation avec chacun, cuisiner… Pour cette dernière balade, elle tiendra longuement la barre. Domaine dans lequel elle a beaucoup progressé au fil des jours.

Les départs ne sont jamais émotionnellement anodins. La fin d’un épisode partagé de vie, générant, lorsque tout s’est bien passé, une sorte de vide. Comme une métaphore de la vie. Et tous les départs ne font pas le même effet.

Dimanche 7 février 2021

Élisabeth, Sophie et moi sommes ensemble jusqu’aux alentours du 10 mars. Ça nous donne de la marge. Problème, il n’y a guère de destinations proches accessibles. La Martinique est le seul endroit où nous puissions aller, toutes les iles étrangères étant fermées ou imposant des conditions d’accès version repoussoir.

En prévision du départ (en Martinique donc), nous rejoignons la marina du Bas du Fort pour faire les pleins d’eau, des courses et permettre à Élisabeth d’aller faire son test Covid lundi matin de bonne heure.

Sur ma proposition, Sophie se charge de faire la route pour rejoindre Saint Pierre, au nord-ouest de la Martinique. Le vent annoncé est soutenu (jusqu’à vingt-cinq nœuds), la houle prévue, de plus de deux mètres. L’option avec escale aux Saintes est retenue… judicieusement.

Lundi 8 février 2021

Le pain acheté pour trois jours, la clearance faite et les badges remis à la capitainerie de la marina, nous entamons notre descente vers les Saintes, au bon plein d’abord, au portante ensuite. Le choix d’un ris dans la grand-voile et de la trinquette devant est le bon. Nous naviguons autour de 7 nœuds l’essentiel du temps. Hormis dans le canal des Saintes (partie entre Basse Terre et les Saintes), la mer est correcte. 

Nous étions là, la semaine dernière avec Carole… et la semaine d’avant avec Carole (j’espère que vous suivez) !

Mardi 9 février 2021

06h30. Nous larguons les amarres. Un peu plus de soixante-dix milles nous attendent pour rejoindre Saint Pierre. La traversée se décompose en trois parties, le canal pour rejoindre la latitude nord de la Dominique que nous longerons par l’ouest, la descente de cette même Dominique puis le canal entre elle et la Martinique. Les première et troisième parties seront à « découvert » avec le vent et la houle du plein océan. La partie Dominique devrait être plus calme du point de vue de la houle. Nous découvrirons tout ça au fur et à mesure. Si l’on table sur une moyenne de six nœuds, une douzaine d’heures nous seront nécessaires. À suivre.

07h00. Nous débordons les îlots sud des Saintes et entrons dans le « canal » (espace entre les îles) qui nous fait rejoindre la Dominique. Le temps est à la pluie, le ciel est bas et uniformément gris. Comme prévu, cette première partie de navigation est agitée et ventée. Respectivement, 25 à 35 nœuds de vent et 2 bons mètres de houle. Nous avions anticipé et pris un ris dans la grand-voile et déroulé la trinquette (23 m²) plutôt que le génois (57 m²). Nous naviguons entre 7 et 9 nœuds de moyenne. Ça donne sans adonner.

10h00. Nous passons sous la protection de la Dominique et de ses reliefs. La mer se calme… le vent tombe à 4 nœuds. Le moteur prend la relève… Sur tribord arrière un magnifique arc en ciel complet aux couleurs diaphanes. En plus d’être assez rare, un bonheur pour les yeux. Quelques rayons de soleil apparaissent peu après. La Dominique se dissimule dans la brume.

Mercredi 10 février 2021

Réveil tranquille après une nuit plus que calme en baie de Saint Pierre (Martinique). Le plan d’eau ressemble à un lac tant l’eau est lisse, sans la moindre ride.

Du spectacle à tous les étages. Les arcs en ciel se succèdent. Un puis deux, puis trois… Un petit bout d’abord au ras de l’eau, puis ils se développent. L’un d’entre eux sera complet à l’image de celui, magnifique, admiré la veille en navigation. La nature est un spectacle vivant.

Leçon de vie ordinaire ensuite, au sens noble du terme. Plusieurs barques très colorées de pêcheurs sont autour de nous. Ils jettent une bouée puis, à partir de là, déroulent leur filet en un très grand cercle. Plusieurs centaines de mètres sans doute. Un pêcheur tape dans l’eau avec un aviron pour faire entrer les poissons dans la partie encore ouverte. Une fois la boucle fermée, à la force des bras, ils ramènent le filet dans la barque… Activité millénaire transmise de générations en générations et reproduite… seul le moteur hors-bord change la donne.

Je joins le représentant Pochon local pour mon problème de relai wifi qui a rendu l’âme (Pico station M2 Ubiquiti). Christian à qui j’avais eu à faire l’année dernière, ne semble plus être là. Dommage. Mon interlocuteur est à demi aimable… et ne semble pas très au point techniquement ou… pas très intéressé par la question. Embêtant. Il va appeler La Rochelle…

Une fois le petit déjeuner terminé et le bateau en ordre, nous rejoignons Saint Pierre avec l’intention, à minima, d’y faire la clairance d’entrée. Pure mais nécessaire formalité d’entrée ou de sortie d’un territoire ou pays.

Bien que j’aie souvent mouillé devant Saint Pierre, je n’y suis venu qu’une fois (avec mon équipière et amie Nathalie)… par la route. Une (re)découverte donc. Fort agréable tant l’ambiance y est sympa.

Jeudi 11 février 2021

Nous poursuivons notre descente et atterrissons à l’anse à l’Ane au sud de la baie de Fort de France. Baie sympa bordée d’une jolie plage.

Vendredi 12 février 2021

Nous fêtons notre arrivée (apéritif) au restaurant d’Isabelle le Tropikataï que j’ai déjà bien fréquenté et apprécié. Accras de morue et autres…

De retour au ponton, petite frayeur, plus d’annexe. Dans le contexte actuel des vols à répétition, l’idée me vient immédiatement à l’esprit… À y regarder de plus près, un bout de quelque chose dépasse de dessous le ponton… l’annexe jouait juste à cache-cache avec nous (en plus d’avec nos nerfs). Ouf.

Samedi 13 février 2021

Les amis de Sophie, Léna et Greg, viennent déjeuner à bord. Sophie s’est occupée de tout. Moment sympa avec des gens sympas.

Lundi 15 – mardi 16 février 2021

Nous rejoignons Fort de France qui nous fait de l’œil à quelques milles seulement de l’autre côté de la baie. Le vent est soutenu, nous arrivons en un temps record au mouillage de Fort Louis, au pied de la ville. La ville en question n’enchantera pas spécialement mes équipières… il faut dire que tout est quasi fermé pour cause de Carnaval (malgré la Covid).

Mercredi 17 février 2021

Journée très riche en événements. Élisabeth et Sophie partent à l’assaut des jardins de Balata. Elles sont averties par le chauffeur de bus que la dernière liaison retour aura lieu à 13 heures compte tenu du bouclage de la ville pour le Carnaval. Une fois la visite terminée, elles attendent sagement de le voir revenir. Rien. Le temps passe, toujours rien. Elles se font ramener par une bonne âme et apprendront ensuite que le bus avait crevé ! Elles auraient pu attendre longtemps.

De mon côté, je suis parti faire quelques courses au centre commercial du Lamentin facilement accessible avec ce qui est appelé ici, le tramway (bus électrique en réalité mais sur voies propres). J’ai avec moi ma charrette de courses de grand-mère. Le bus retour bute sur la barrière de blocage de l’entrée de la ville. Terminus donc. Il va me falloir finir à pied. En descendant du bus, une des roues de mon caddy explose. Pas rigolo en soi, mais encore moins pour faire de la marche. Je suis donc obligé de porter caddy et courses qu’il contient en plus du sac supplémentaire de courses que j’avais à part. Je tente, sans succès, de faire du stop. Je finis par transvaser les courses du caddy dans un deuxième grand sac et à l’abandonner dans une poubelle. Après les avoir équilibrés, je repars un sac dans chaque main.

Je préviens Élisabeth et Sophie de mes déboires et leur propose de rentrer au bateau si elle trouve une annexe susceptible de les emmener.

En arrivant à proximité du ponton des annexes, je les découvre assises sur un banc sous les arbres. Histoire de ne pas rester en chemin des péripéties, pas plus tôt embarqués, une forte averse nous cueille à froid. Nous grimpons sur Soa, trempés.

À l’inverse, très bonne nouvelle du jour, le CROSS que j’avais sollicité, nous adresse son accord quant au fait que nous nous rendions à St Martin et que nous fassions escale en Guadeloupe.

Deux jours avant, devant l’incertitude de pouvoir faire venir un équipier transat, j’avais fait passer une annonce sur différents supports (Face Book et autres) pour tenter de trouver quelqu’un sur place. Cette fois encore, les réponses ont afflué. Dans le même temps Sophie semble partante pour transater au moins jusqu’au Açores…

Jeudi 18 février 2021

Nous remettons le cap vers le sud et descendons à l’Anse d’Arlet village. D’abord GV seule avec deux ris puis, trinquette en complément. Jusqu’à 32 nœuds de vent.

Les « filles » deviennent de plus en plus exigeantes… je dois désormais leur préparer du café même en navigation ! Mais où va-t-on ?!

Ce soir, avec Élisabeth et Sophie, nous avons commencé à regarder ce que pourrait être notre emploi du temps des jours à venir. Il faut dire que les tests Covid entre Martinique – GPE – Saint Martin, en moins de 72h et ce, pour chaque tronçon, est un casse-tête… sans parler des week-ends qui compliquent encore la donne.

Vendredi 19 février 2021

Nous nous offrons quelques « balaous » au restaurant sur la plage… genre sardines grillées en plus long. Bien bon.

Nous calons le calendrier pour les jours venir. Pour l’été, il y a encore du travail à faire !!!

Après les problèmes avec celui qui se trouve juste au-dessous de l’évier (la bonde a fui et il a pris l’eau), le tiroir de la poubelle fait des siennes… l’une des glissières sort de ses rails.

Samedi 20 février 2021

Direction Sainte Anne… belle descente au près (sous-entendu près de l’axe du vent) sous grand-voile avec deux riz et trinquette. Nous naviguons cap au sud puis au sud-est. Sophie et Élisabeth ont fait la route et barrent toute la matinée. Comme toujours sur cette portion, le vent varie constamment, tant en intensité qu’en direction. Passé le Diamant, une fois à découvert (plus de protection de la terre), le plan de voilure se révèle judicieux. Il est aussi efficace que confortable. Au moment de virer de bord pour remonter vers Sainte Anne, Sainte Lucie nous observe… Peu avant dix-sept heures l’ancre est jetée. Beaucoup de bateaux sont déjà là, Covid et frontières fermées obligent.

Dimanche 21 février 2021

Contrairement aux craintes de fortes pluies annoncées par la météo, la nuit est calme.

Ce matin, tandis qu’Élisabeth et Sophie vont faire les courses, dans la logique de la transat qui approche, je travaille à la préparation des CV nautiques de l’équipage. J’en profite également pour mettre sur le site le commentaire rédigé par Carole S. De son côté, elle le met simultanément sur le site de Vogue.

Un peu plus tard elle me fait parvenir (Wetransfer) une sélection de photos parmi celles qu’elle a prises durant sa semaine de présence à bord dont certaines bien sympas de moi.

Le mien m’ayant lâchement abandonné il y a peu, je trouve un caddy (sans sa partie tissu… mais j’ai gardé la mienne) devant la poubelle de Sainte Anne. Sacré coup du hasard… s’il existe !!!

Lundi 22 février 2021

Seul à bord pour la journée, Élisabeth et Sophie étant parties marcher jusqu’à l’anse des Salines, je lance les hostilités avec les tiroirs de la cuisine qui ont pris l’eau (fuite de la bonde de l’évier). Les glissières du tiroir des poubelles sont totalement rouillées. Très embêtant (on n’arrive quasiment plus à l’ouvrir) compte tenu du fait que c’est l’un, sinon le, tiroir qu’on utilise le plus. L’état du tiroir juste au-dessus (et donc, juste en dessous de l’évier) est le même mais c’est beaucoup moins problématique, nous pouvons nous en passer. Je démonte les deux glissières du tiroir qui accueille les câbles et autres ustensiles informatiques et fait une sorte d’échange standard avec ceux du tiroir de la poubelle. Bien qu’elles soient dix centimètres moins longues elles redonnent une sorte de joie de vivre au tiroir… et à l’équipage.

En fin d’après-midi, je rencontre Lill, skipper professionnelle et candidate à la remontée avec nous en Guadeloupe. Un personnage. Belle femme sportive et vagabonde avec qui je suis en contact depuis un certain temps via Vogue avec moi. Elle consacre sa vie à la mer. Sur et dessous. Plongeuse à 60 mètres, elle est par ailleurs skipper professionnel et monitrice de surf. Elle court les océans et passe d’un continent à un autre. Un monde à elle toute seule.

Mardi 23 février 2021

Greg et Jéna, amis de Sophie, sont de retour pour un nouveau déjeuner à bord. Elisabeth, Sophie et eux, partent à la plage l’après-midi.

Contact avec Lucile, skipper expérimentée, susceptible de faire la transat avec nous.

Seul à bord, je me lance à la recherche de l’origine de l’eau dont j’ai constaté la présence dans les fonds. L’arrivée d’eau de refroidissement du moteur est parfaitement sèche. Tant mieux. Partant, je vérifie les réservoirs d’eau situés sous le lit de ma cabine (avant). Bingo ! Un des regards laisse échapper de l’eau par sa liaison avec la cuve ce qui est cohérent avec le fait que c’est en navigation à la gite qu’il y a le plus d’eau. A colmater donc impérativement.

Mercredi 24 février 2021

Journée coure-S poursuite…

9h00. Élisabeth et moi partons à la marina du Marin dès la voiture de location récupérée.

Sur place, j’attaque par le vendeur de matériel de pêche (super magasin), l’un de mes moulinets Penn Senator (9.0) ne répond plus. Très sceptique au premier abord au vu des délais qu’on lui annonce, il décroche son téléphone pour joindre son réparateur habituel qui habite à Balata. Pas la porte à côté ! Celui-ci accepte de venir à son magasin et d’effectuer la réparation sur place dès demain matin jeudi. Je dois bien dire que je n’y croyais qu’à moitié. Mais comme : « Qui ne tente rien, n’a rien… »… il vaut toujours mieux tenter.

Deuxième round Pochon qui m’a un peu laissé en plan concernant mon antenne-relais de la centrale de navigation Garmin. Antenne en main, il n’a pas besoin de longtemps pour comprendre. Il me confirme que son informaticien n’a pas de solution et qu’il n’a pas ce genre d’antenne. Au bout d’un moment il m’emmène avec lui chez son confrère électronicien de la marina… qui lui indique qu’il peut en commander sans difficulté (c’était jusque-là impossible !) mais qu’avant il faut la tester selon telle procédure et avec tel boîtier et branchement intermédiaire. Le boitier est dans la panoplie de Pochon, je repars avec. Le test en question permet de constater que l’antenne fonctionne parfaitement. Chercher l’erreur. Je conserve le boîtier en question…

Troisième round, Fred le spécialiste en électronique et en réfrigération. Toujours aussi truculent avec ses blagues plus ou moins rigolotes. Mais toujours un personnage. Il a reçu les variateurs électroniques pour les rubans leds, a de nouvelles leds blanches et vertes, ainsi qu’une ampoule nouvelle formule pour feu de tête de mat (blanc de mouillage, tricolore de route, stroboscope de détresse fonctionnant avec seulement deux fils d’alimentation). Je lui en prends une, en plus du reste.

Quatrième étape, le magasin d’accastillage… le patron me laisse peu d’espoir quant-au colmatage de la fuite sur le réservoir d’eau. D’après lui il faut souder. Étonnant pour du plastique. Il s’est avéré qu’il avait parfaitement raison pour les hublots de coque… ce qui ne me rassure guère !

Après ce programme bien chargé, en retard sur l’horaire que nous avions imaginé, nous rentrons déjeuner à bord. Sophie nous a concocté une tarte aux tomates et chèvre. Excellente.

Dès après avoir déjeuner et après ma courte sieste de dix minutes nous repartons en direction du Lamentin et de ses grandes surfaces. Décathlon d’abord, M. Bricolage ensuite (où je trouve notamment des glissières de tiroirs) puis le très grand Leclerc (ex Hyper U). Outre le pré-avitaillement transat (conserves et autres produits non périssables, comme les bonbons), j’achète la cocotte-minute Duo repérée lors de mon dernier passage (mon côté femme d’intérieur). Un nouveau petit modèle (5 litres) présentant l’originalité d’être constituée d’une base genre faitout Téfal en matériaux non adhérent, et d’un système d’ouverture du couvercle d’une simplicité enfantine. Elle complétera utilement ma grosse cocotte inox de dix litres (parfaite pour stériliser les conserves que je ne fais pas ou les grosses soupe de poissons de Marc, mais bien trop grande pour les petites cuissons ordinaires à la vapeur). Nous chargeons en complément dix packs d’eau soit soixante bouteilles (1/3 eau pétillante, la bien nommée Didier, 2/3 d’eau plate).

Jeudi 25 février 2021

Élisabeth et Sophie partent faire du tourisme… Fondation Clément (rhum) et autres, en compagnie de Greg et Jéna.

Pour ma part, je récupère le linge lavé, plié, repassé… confié à Madinina. Merci. Je procède ensuite au rangement du dit linge et à celui des soixante bouteilles d’eau achetées la veille. Les boites de conserves et autres attendront.

Wifi de la centrale de navigation. Parmi les différents matériels et branchements du bord, je pars donc à la recherche du boîtier inconnu qui sert de connexion à l’antenne wifi (elle me permet de récupérer la main sur le Garmin depuis le poste de barre, grâce à ma tablette,). Je n’en avais jusque-là jamais entendu parler. Dissimulé sous un paquet de câbles, je le découvre au fond de l’espace réservé aux connexions des différents instruments, en arrière de la table à carte. Heureusement tout est parfaitement accessible. Merci au concepteur-monteur. Le boîtier en question, DEOS pour les intimes, est, d’un côté, branché à la centrale de navigation. De l’autre, un câble part rejoindre le poste de barre (où je branche l’antenne relai grâce à laquelle je connecte ma tablette en Wifi). Ce même boîtier est alimenté en 12 V. La Led qui témoigne du fait qu’il est sous tension est éteinte. Le fusible qui protège le boîtier est grillé !!! Si j’avais connu son existence, il est clair qu’il y a longtemps que j’y aurais regardé. Une fois le fusible changé, tout rentre dans l’ordre…

Pendant ma recherche, le réparateur de moulinet m’appelle. Il n’a pas la pièce cassée avec lui. Aïe !!! Par contre il me propose un échange standard avec un moulinet du même modèle, en très bon état et révisé… pour la très modique somme de soixante-quinze Euros. Inespéré !!! Je pensais au vu de son déplacement et de la réparation elle-même que j’en aurais pour beaucoup plus cher que ça.

Déséquilibré par un mouvement du bateau, je casse ma deuxième paire de lunettes de soleil en trois ans… Un peu peiné… même si j’en ai d’autres.

Vendredi 26 février 2021

Nous procédons à l’inventaire de la nourriture présente à bord et de celle achetée. Le rangement se fait selon des espaces identifiés avec, en complément, la mise à jour du fichier Excel correspondant. Un vrai gros boulot.

Entre deux saisies de produits, après nettoyage et séchage, je refais le joint de la trappe du réservoir d’eau qui fuit… prions mes frères… Mes sœurs aussi.

Samedi 27 février 2021

Rangement du bord pour moi, courses pour Élisabeth et Sophie qui reviennent avec un beau poisson en sauce, du gratin de bananes et autres. Depuis quelques temps, nous sommes au régime !

Nous levons l’ancre et quittons Ste Anne à 13h30. J’aurai passé beaucoup de temps à cet endroit depuis le début du Covid. J’y ai marché, fait du vélo, accueilli Caroline, Inaya et consort, bricolé, admiré les couchers de soleil et les levers de lune… Un endroit vraiment sympa où les voiliers ne seront peut-être plus aussi facilement acceptés dans le futur. Là comme ailleurs, ils dérangent de plus en plus…

Le vent nous pousse au sens littéral du mot (même si du point de vue des voiles, il nous tire plus qu’il ne nous pousse). Vingt nœuds stables qui nous font parcourir la quinzaine de milles qui nous sépare de l’anse d’Arlet village. Nous naviguons autour de 7 nœuds de moyenne sous génois seul avec des pointes courantes à plus de 8 nœuds et même au-delà de 9 nœuds. A quatre heures, après avoir un peu tourné sur place pour en choisir une, nous sommes amarrés sur bouée… Elles sont parait-il gratuite le week-end (le personnel ne travaille pas le dimanche, qui l’eut cru ?!).

Soirée houmous, excellemment préparé par Élisabeth. Un régal.

Cette première étape, anodine en soi, ne l’est pas pour moi. Elle est celle qui va nous conduire à Saint Martin d’où nous partirons en transat, après un stop d’environ une semaine en Guadeloupe. Une certaine émotion, voire excitation à l’idée de la haute mer, me traverse.

Dimanche 28 février 2021

09h30. Une fois le petit déjeuner pris tranquillement, nous mettons le cap sur Saint Pierre au nord-ouest de la Martinique où nous passerons la nuit. Cette étape nous permet de réduire la distance avec Les Saintes (Guadeloupe) à soixante-dix milles soit une grosse journée de navigation si le vent est au rendez-vous, ce que semble indiquer la météo.

Pour l’heure, vingt à vingt-cinq nœuds de vent établis, pointes jusqu’à trente-cinq. Deux ris dans la grand-voile, trinquette devant. Soa est ainsi parfaitement équilibré. Nous naviguons autour de huit nœuds à 60° du vent, pour les connaisseurs. La houle est contenue par la terre. Une pointe de vitesse nous fait dépasser très momentanément les dix nœuds (pour rappel un nœud équivaut à 1,852 km/h).

Nous longeons une dernière fois la côte ouest de la Martinique avant de la quitter après-demain. Y repasserais-je avant de rejoindre le Pacifique en 2022 ? C’est très vraisemblable…

Élisabeth, Sophie et moi naviguons ensemble depuis maintenant un mois (une semaine de plus pour Sophie et moi). Équipières expérimentées, elles maîtrisent désormais très bien les subtilités de Soa dont la pantoire de grand-voile (système à deux écoutes au lieu, traditionnellement, d’une seule). Comme elles aiment l’une et l’autre barrer, nous n’utilisons que très peu le pilote. Faciles à vivre nous œuvrons en harmonie, régalés quasi quotidiennement par les petits plats d’Élisabeth, cuisinière avertie et très active. Depuis que j’ai acheté ma nouvelle cocotte SEB duo, elle s’éclate ! L’une et l’autre envisage d’ailleurs d’en acheter une identique lors de leur retour à terre !!!

Lundi 1er mars 2021

Saint Pierre (Nord-ouest Martinique). Nous débutons la journée par le test Covid version PCR. Un chatouillis qui me fait tousser (quand je me lave les oreilles, j’éternue !). Je file ensuite à l’office du tourisme pour effectuer la clairance. Léger problème, l’électricité est coupée et donc pas de possibilité de connexion. Le restaurant l’Alsace à Kay, où il est possible de la faire aussi, est fermé. Bien…

Je pars à la recherche du centre municipal d’accès à Internet qui m’a été indiqué. Fermé le lundi !!! Décidément quand ça ne veut pas le faire, ça ne le fait pas. Je plaide la cause du pauvre capitaine en peine qui doit demander l’autorisation d’accéder à la Guadeloupe au CROSS Antilles-Guyane local. La responsable du lieu accepte que je rentre. Elle connecte mon ordinateur à leur réseau. Merci à elle. J’en profite lâchement pour mettre en ligne mon annonce de location(de maison à La Rochelle) que je n’avais pas réussi à finaliser à bord faute de débit suffisant. J’ai, le soir même, huit demandes. Et quelles demandes !!! Une famille vivant actuellement à Bruxelles me propose de payer un an de loyer d’avance.

Je repars à l’office du tourisme. Toujours rien. La dame du lieu me dit que l’Alsace à Kay n’est pas fermé mais qu’il ouvre seulement en fin de matinée.

Je ramène Élisabeth et Sophie, qui ont fait les courses, à bord… et reviens au restaurant. Toujours fermé mais volets ouverts. La personne que j’ai au bout du fil me dit de sonner que les employés doivent être à l’étage. Gagné. Outre la clairance, je jette un œil aux vins (d’Alsace évidemment) exposés et mis en vente. Le Gewurztraminer débute à 30 euros… 

Je consacre l’après-midi au bricolage. Pour débuter, je refixe la partie gonflable de la perche IOR qui avait glissé (elle sert au repérage d’une personne tombée à la mer). Autre registre, le joint que j’ai refait du regard du réservoir d’eau avant bâbord semble avoir résolu les fuites. Je vide donc l’eau qui restait dans les fonds. Une activité qui m’aura beaucoup occupé depuis mon départ (fuite plomberie, fuite de l’évacuation de douche, fuite hublots de coque…). J’en profite pour permuter l’entrée d’eau de mer et l’évacuation du lavabo et pour installer ma vanne anti-retour achetée au Marin. Pour finir, en remplacement du contacteur mobile alertant sur la présence d’eau qui est décollé et ne sert donc plus à rien, j’installe le modèle par contacts que je trimballe depuis quelques temps déjà. Ça sent les préparatifs de départ de transat…

Nous programmons notre réveil pour demain matin cinq heures trente, soixante-dix milles nous attendant pour rejoindre les Saintes… et filons nous coucher tôt.

Mardi 2 mars 2021

05h00. L’alarme de mouillage retentit. Les vingt-cinq nœuds de vent (ce qui est peu) nous font glisser doucement mais sûrement. Je m’y étais repris hier à plusieurs fois pour faire accrocher l’ancre, le fond n’étant semble-t-il pas de bonne tenue. Réveillés pour réveillés, nous remontons l’ancre et partons. Plusieurs rafales montent à trente nœuds alors que nous sommes à l’abri de la côte. Les quinze nœuds annoncés sont loin.

Notre direction la plus probable est celle des Saintes, à moins que la direction du vent nous offre la possibilité de rejoindre Marie Galante dans de bonnes conditions. Selon le schéma sur lequel nous nous étions mis d’accord, nous déroulons la grand-voile avec deux ris et la trinquette. Curieusement, une fois débordée la côte nord de la Martinique, les conditions s’assagissent un brin. Nous marchons entre six et sept nœuds dans des conditions très acceptables de mer. Le soleil brille en lieu et place de la pluie annoncée.

Le « canal » Martinique – Dominique s’effectue rapidement sous le soleil naissant. La remontée de la face ouest de la Dominique se fait, elle, tantôt à la voile, tantôt au moteur, le vent étant souvent anémique. A l’approche de la pointe nord de l’île, nous choisissons de continuer au près pour rejoindre Marie Galante. Cela allonge la route d’environ six milles mais nous évitera d’en faire trente-cinq au près le lendemain. Notre vitesse a un peu baissé mais reste très correcte (autour de six nœuds).

Le soleil ayant magnifiquement disparu, nous roulons les voiles à l’approche d’une zone de fonds assez faibles, potentiellement parsemée de casier. Nous rejoignons la baie de Saint Louis au moteur. L’approche se fait lampe torche longue portée en éclaireuse (problème potentiel de casiers toujours). Beaucoup de bateaux sont déjà au mouillage. Après un tour d’horizon nocturne, nous jetons l ‘ancre à vingt et une heures et quarante-cinq minutes. Dix-sept heures de traversée donc pour un peu plus de quatre-vingts milles parcourus. Très correct au vu des baisses de vent que nous avons eues à certains moments. L’équipage ne tarde pas à adopter la position allongée…

Mercredi 3 mars 2021

Je consacre la matinée à faire nos comptes. Entre nos différents achats enregistrés sur Tricount pour la période actuelle, nos achats anticipés pour la transat, la consommation des produits du stock de Soa, ça fait un peu de boulot. Mais je commence à être rôdé.

Je rejoins « Chez Henri » le bistrot-restau fournisseur d’accès Internet local en début d’après-midi. Ma puce Digicel ne fonctionne pas du tout ici. Un peu pénible. Tandis que je suis au téléphone je vois mes copains Thérèse et Dominique s’installer à la table d’à côté de la mienne. Je les savais naviguer en Guadeloupe mais ne les pensais pas à Marie Galante… Retrouvailles sympas après celle de Saint Martin un an plus tôt.

Jeudi 4 mars 2021

Élisabeth et Sophie partent (en voiture, merci Dominique et Thérèse) à Grand Bourg où une amie de Sophie les attend. Elles y passent la journée. Je gère pour ma part les affaires pas si courantes que ça. Je finalise d’un côté la location de ma maison et, de l’autre, l’arrivée de notre troisième équipière, Laurence. Carole, la troisième du nom, qui était en suspens, ne pourra venir. Lucile, skippeuse également pressentie, non plus. Laurence est donc l’élue. J’étais en contact avec elle depuis assez longtemps déjà. Son emploi du temps lui permet de se libérer quasi aux bonnes dates. Deux heures après lui avoir indiqué mon choix la concernant, elle m’adresse la copie de son billet d’avion. Rapide, la fille. Elle nous rejoindra à Saint Martin le 26 de ce mois-ci, ce qui, une fois la dizaine (version quarantaine) effectuée, nous permettra de partir à compter du 6 avril (si la météo est bonne). Bien, en termes de timing.

Quatre à bord donc. Un peu plus de contraintes (gestion de la nourriture, couchages…) en même temps que des quarts allégés et des périodes de sommeil plus longues pour chacun. Sans parler d’une diversification humaine supplémentaire.

Il nous faudra environ trois semaines pour parcourir les deux milles deux cents milles qui nous séparent des Açores. Après les îles de l’archipel lui-même (300 milles séparent l’île la plus à l’ouest de celle la plus à l’est), mille deux cents milles seront devant nous pour rejoindre la côte atlantique française (dix à douze jours).

Vendredi 5 mars 2021

10h00. Clairance d’entrée en Guadeloupe faite (avec retard, j’avais un peu zappé hier et avant-hier) nous levons l’ancre pour Saint François. Il fait beau, la mer est facile, nous naviguons entre près et travers autour de 8 nœuds.

Nous y verrons, pour le plaisir, Marie et Didier. C’est ce dernier qui fera notre routage météo pendant la traversée. Je calerai avec lui les modalités de nos échanges.

12h30 nous embouquons le chenal d’entrée de Saint François. Toujours beaucoup de bateaux. La place est plus que comptée. 2h30 de navigation pour 19 milles parcourus soit 7,6 nœuds… comme diraient certain.e.s, « pas mal ! »

Samedi 6 mars 2021

Nous faisons un saut à la toujours magnifique Pointe des Châteaux… grâce à la voiture de Marie et Didier. Cet endroit avec ses aiguilles, son ressac, ses salines, la Désirade en arrière plan, est magique.

Après-midi à bord durant laquelle Élisabeth et Sophie cuisinent. Nous accueillons Marie et Didier pour le dîner. Bien que rentrés depuis un an et demi seulement, ils auront été et son toujours ma famille antillaise. Les équipiers qui nous voient ensemble pensent généralement que nous nous connaissons depuis très longtemps. Une super belle rencontre parmi les belles rencontres de mes années de balade.

Dimanche 7 mars 2021

09h45. Le vent est de l’ordre de vingt nœuds et la houle d’au moins deux mètres (soit quatre entre le creux et le sommet de la vague), ce qui rend la sortie de l’étroit chenal de Saint François, face à la vague, assez mouvementé. Didier (Lumacotta) filme notre départ…

La navigation vers Gosier se fait au portant sous grand-voile débordée, seule. Nous naviguons, sous un grand soleil, entre 6,5 et 7,5 nœuds… et dévorons un catamaran qui navigue sous génois seul. Tous les petits plaisirs sont bons à prendre… Fort agréable.

Nous passons la nuit au mouillage derrière l’îlet Gosier. Depuis un an, j’en ai passé un paquet, de nuits, à cet endroit !!!

Lundi 8 mars 2021

09h30. Nous rejoignons la marina de Bas du Fort pour une dernière escale technique avant de quitter la Guadeloupe. Cela nous permettra d’être presque à pied d’œuvre pour partir faire le test PCR demain matin.

Je fais un complément de gazole de 220 litres (ce qui nous en fait environ 700 litres au total sur une capacité de 800). J’ai préféré en prendre ici pour une question de qualité. La pétole éventuelle de l’anticyclone des Açores n’a qu’à bien se tenir ! Dans la foulée, je fais le plein, ridicule à côté, de la nourrice de l’annexe.

Je prends possession des mousses que j’ai commandées à Marc (voilerie) ainsi que de la toile de récupération d’eau de pluie. Le genre d’outils qui ne tombe jamais en panne. Rarissime sur un bateau. 

Nous rejoignons ensuite le ponton 6 (dit Malinowski). Les filles du bord s’occupent du lavage. Marie et Didier nous rejoignent en début d’après-midi. Marie, Élisabeth et Sophie, une fois les deux dernières lavées (il fallait bien ça, ah, ah, ah) partent faire des courses. Didier et Didier (lui et moi) faisons un tour chez les ships du coin. Nous rendons également une dernière visite à Jean-Paul et Anna les pêcheurs…

Mardi 9 mars 2021

07h00. Petit déjeuner pris pour ma part, nous partons faire nos tests PCR Covid au drive de la zone commerciale la plus proche. Vingt ou vingt-cinq minutes à pied depuis la marina. Une heure après, l’affaire est entendue…

Réserve de pain faite, j’attaque les pleins d’eau : 500 litres devant, 135 litres supplémentaires entre réservoir de boisson et chauffe-eau, 70 litres environ en bidon soit, donc… 700 litres environ.

11h00. Nous quittons la marina… direction vraisemblable Les Saintes. Tout dessus comme l’on dit parfois (toutes les voiles entièrement déroulées). La descente se fait au portant. Nous grillons un monocoque de la taille de Soa sans coup férir. Des glissades fréquentes à plus de 9 nœuds, une pointe à plus de 10.

Nous mouillons en face de l’îlet Goyage (réserve naturelle Cousteau). Des arcs en ciel en veux-tu en voilà inondent le ciel… tous plus beaux les uns que les autres…

Mercredi 10 mars 2021

Le festival des arcs en ciel se poursuit, dont un complet au-dessus des îlets Goyave. Nous sommes gâtés.

09h30 départ pour Deshaies, notre dernière étape guadeloupéenne.

Baie de Deshaies donc. Après notre déjeuner à bord, nous descendons à terre. Une balade pour les unes, une démarche pour faire la clairance de sortie du département pour moi. D’après les informations que nous ont données la capitainerie de la marina du Bas du Fort, c’est au cybercafé « Le Pélican » que ça se passe…  d’après les panneaux, celui-ci n’ouvre qu’à seize heures. J’arrête une voiture de policiers municipaux qui passe. Les « fonctionnaires » m’indiquent qu’il faut que j’aille directement au bureau des Douanes à la sortie du village. Bureaux fermés. Là encore, ouverture à seize heures. Je reviendrai donc.

Je regagne le bord (du bateau) et m’active. Dégivrage du réfrigérateur, mise en ordre de ma cabine, rangements des courses… il y a de quoi faire.

17h00. Élisabeth et Sophie m’appellent pour que je vienne les chercher… en réalité, nous repartons en quête de la clairance. Malgré l’heure, le Pélican est toujours fermé. Les téléphones indiqués aux Douanes le concernant ne répondent pas. Direction le bureau des Douanes. Nous arrêtons une voiture de douaniers sur le point de quitter le parking situé juste devant le bureau… qui est toujours fermé. Nous apprenons que les horaires indiqués ne sont pas les bons. Ah ! Les douaniers nous renvoient vers le Pélican… qui a mis la clé sous la porte. Ils finissent par nous dire : « Gardez vos coups de téléphone en mémoire et partez ». Qui l’eut cru ?! Le bureau de la police municipale, n’est pas équipé, le bureau SFR vers lequel ils nous renvoient, non plus. Joli, le sketch !!! Après questionnement sur l’utilité de la démarche, à deux voix contre une, j’adresse un courriel explicatif au CROSS quant au fait que nous partirons comme prévu demain matin, mais sans clairance… (aucune réponse ne me parviendra jamais).

De retour à bord, Élisabeth et Sophie cuisinent. Du lourd pour la première, un gâteau pour la seconde. On ne va pas mourir de faim. Contrairement à l’habitude, elles mangent peu au dîner… et pour cause elles ont mangé à terre.

Je me coltine avec Sailgrib, mon presque nouveau logiciel de routage. Entendez par là que le logiciel, à partir des fichiers vents téléchargés (GRIB) et de la route théorique qu’on lui a donnée, calcule la route optimale, sous-entendu, un compromis entre la plus rapide et la sécurité. La route en question diffère légèrement de la route théorique en ligne droite pour suivre les veines de vent. Résultat à voir.

Dans le registre du déplacement et du suivi de la route, j’ai obtenu le bon lien pour partager les points de la balise de tracking (suivi) installée à bord. Les points GPS sont envoyés (seulement) toutes les six heures. Peu de fluidité donc mais intéressant quand même pour les terriens qui veulent nous suivre, surtout sur des longs parcours en mer car sinon, on « coupe le fromage » des terres mal placées. Tant pis pour elles.

En prévision du lendemain, nous rejoignons nos cabines de bonne heure, le réveil calé sur 7h30.

Jeudi 11 mars 2021

Réveillé à six heures, je fais la grasse matinée jusqu’à la demie. Je pars illico à la boulangerie… pain, baguette, croissants, pain au chocolat… la totale.

Nous déjeunons dans la foulée et attaquons ensuite les derniers préparatifs. Outre le rangement, la mise en place de l’une des cannes à pêche, j’installe l’hydrogénérateur qui dort depuis longtemps dans la soute arrière. Il nous sera utile notamment dans la nuit, les panneaux solaires ne faisant le travail qu’en journée.

9h00. Annexe calée, table de cockpit protégée, nous larguons le dernier bout (abîmé) qui nous retient à la bouée. Le contrat horaire sur lequel nous avions tablé, est rempli.

Dès la terre un peu débordée, nous déroulons la grand-voile et le génois. Les quinze nœuds de vent nous propulsent à sept nœuds et plus. La belle vie. D’autant plus que la mer est très fréquentable. Nous réglons son affaire à un catamaran qui traîne par-là (décidément !). Nous suivons scrupuleusement le plan de route proposé par Sailgrib. Nous sommes franchement gâtés par les conditions de ce début de périple… Pour marquer le coup, un (premier) petit selfie de l’équipage nous trouve tout sourire. C’est parti… un peu d’air, de mer, de liberté !!!

Aucun retour à cette heure du CROSS… par contre Le Pélican lui-même nous confirme qu’il est bien définitivement fermé.

10h – 12h. Deux heures durant lesquelles nous parcourons quatorze milles. Une très belle moyenne. Les conditions sont toujours optimales, un grand plaisir. Cette navigation vers Saint Martin est la plus longue que j’aie faite depuis longtemps. Une impression de vraie navigation, malgré la proximité des îles que nous côtoyons, avec une nuit à venir et une arrivée vraisemblable demain.

13h. Je ne déroge pas à ma courte sieste de début d’après-midi (10 à 15 minutes), ce qui me donne l’occasion d’expérimenter in situ les nouveaux coussins de ma cabine (placés sur les surélévations en bois que j’ai faites pour parvenir au même niveau que le dessus du matelas). Deux longs triangles qui viennent sur chacun des côtés (je pourrais désormais dormir en travers !!!) et qui prolongent – si je puis dire – latéralement mon matelas (latex 140×190). Complétés par deux des coussins du cockpit plaqués contre les bordés, cette disposition me permet de me caler idéalement à la gite, sans avoir besoin de toile anti-roulis, fort peu confortable en général. Entre le support en bois et les mousses elles-mêmes, pari gagné. Il me restera juste à les doter d’une housse légère.

14h. Nous sommes désormais à la perpendiculaire de Monserrat, célèbre pour l’éruption de son volcan deux ou trois ans en arrière me semble-t-il. Ses poussières noires avaient recouvert toute la région. Le vent a un peu faibli, nous naviguons entre cinq et six nœuds. Très acceptable encore. Antigua est sur notre avant tribord, bien visible elle aussi. Soa y avait fait escale l’année dernière. Pas d’actualité cette année.

18h. Le vent a nettement faibli durant l’essentiel de la partie diurne de la journée ralentissant notre progression. Nous restons cependant sur la trajectoire proposée par le routage de SailGrib, histoire de voir. L’état de la mer est très satisfaisant. Nous en profitons pour passer en revue les éléments de la nuit à venir. Concernant les quarts de nuit, parmi les trois propositions que j’ai faites (2H, 2h30, 3h) Élisabeth et Sophie se mettent d’accord sur la version à deux heures. Nous réservons le créneau à partir de 4h à Sophie, habituellement réveillée à cette heure-là. Je rappelle les consignes de sécurité, déjà présentées (porter le gilet/harnais auto-gonflable, la balise AIS individuelle, bâton de cyalum très éclairant dans la poche, s’attacher si la mer est agitée, ne jamais quitter le cockpit lorsqu’on est seul, me réveiller chaque fois que de besoin, surveiller la trajectoire du bateau, les côtes, les éventuels bateaux alentours, régler les, voiles, renseigner le carnet de bord toutes les trois heures…). Je branche le feu flash (clignotant) de la perche IOR de repérage. Nous ré-identifions le point MOB (Man over board / Homme à la mer) sur la centrale de navigation et la tablette du poste de barre.

Le soleil nous offre plein champ, un somptueux coucher intégral, les nuages ayant fait le choix pertinent de ne se mêler de rien.

Pour le dîner la cuisine de viande d’Élisabeth est un plaisir. Sophie part dormir, Élisabeth la suit sans tarder. Je reste donc seul pour cette sorte de mini quart non identifié de début de nuit.

20h20, je réveille Élisabeth qui prend ma relève le premier vrai quart de la nuit… et vais me coucher.

Vendredi 12 mars 2021

6h30. Je suis de quart depuis une heure. Soa a repris de la vitesse, nous naviguons entre sept et huit nœuds ce qui nous permettrait d’être à proximité de Saint Barthélémy (21 milles) dans trois heures et à Marigot (Saint Martin) trois ou quatre heures plus tard (20 milles de plus environ) soit vers treize heures. Très confortable si tel est le cas.

L’hydrogénérateur fait son boulot, les 750 Ah cumulés des trois batteries de servitude sont chargés à 99 %. La nouvelle hélice semble, de fait, plus performante que l’ancienne. La transat retour devrait, de ce point de vue, être plus confortable que celle de l’aller où, compte tenu de la fatigue des batteries de l’époque, nous avions dû barrer quelques heures chaque nuit.

Dans le registre des changements, le feu flash que j’ai acheté à Saint Martin l’année dernière et que j’ai placé en haut de la perche IOR est très efficace. Carrément rien à voir avec la cochonnerie que vend Plastimo. Indigne d’une grande marque.

3h30. Saint Barthélémy nous fait de l’œil… et de l’oreille. Bien que nous passions à trois milles de ses côtes, les affaires reprennent, les bips des messages retentissent sur les téléphones.

Il nous reste une quinzaine de milles pour rejoindre le Nord de Saint Martin. Virage à gauche ensuite et plus que six milles à parcourir pour rejoindre Marigot. Il fera juste jour…

6h30. Tintamarre, pointe Nord, descente vers Marigot, anse Marcelle, baie de Grand Case… tout ça au ralenti sous grand-voile seule pour profiter pleinement du paysage et du relief de Saint Martin.

10h. Un an après pour Soa et moi, nous sommes ancrés dans la baie de Marigot. L’heure du repos a sonné. Je ne me fais pas prier…

Samedi 13 mars 2021

Ayant un peu oublié la case « clairance » hier, je m’y attelle ce matin. Direction la capitainerie de la marina de Marigot. Ici, les clairances, c’est fini. Il faut aller au port de commerce (pas la porte à coté, même en annexe) et le mouillage est désormais payant. Ah ?!

Arrivé sur le ponton des annexes je vois un de mes collègues navigateurs un peu en peine. Le tableau arrière de son annexe s’est décollé du boudin caoutchouc. Son moteur baigne allègrement immergé. Je l’aide. Il ne parvient pas à dévisser l’une des deux fixations vissées sur le tableau. Nous finissons par remonter annexe et moteur ensemble sur le ponton. Le travail fini je l’interroge sur cette question de clairance. Il m’indique un shipchandler pas trop éloigné chez qui s’est faisable… pour deux euros contre quinze à la marina l’année dernière… et sans autre frais. L’arnaque est partout.

Je rejoins Élisabeth et Sophie « Au Bateau lavoir », restaurant où elles m’attendent. Nous y déjeunons fort agréablement. Les « ouassous » qui n’en sont pas (sorte d’écrevisses de rivière disparues ici comme dans les autres îles françaises des Antilles) sont bien cuisinés, Le poulpe aussi. La jeune patronne-serveuse est un modèle du genre. Souriante, efficace, communicante…

Dimanche 14 mars 2021

Cati, mon amie artiste-peintre locale (un tableau à elle trône dans ma cabine) m’emmène déjeuner sur une plage côté hollandais à proximité de la piste de l’aéroport international Princess Juliana, celui-là même où les avions arrivent au ras de l’eau, quelques dizaines de mètres seulement au-dessus des têtes des candidats observateurs. Caroline, Inaya et moi avions joué le jeu l’année dernière, dans une autre vie, celle sans Covid. L’eau est d’un magnifique vert et commence à être plus chaude.

Élisabeth et Sophie se sont attaquées au nettoyage de la carène de l’annexe et des pare-battages. Élisabeth, excellente connaisseuse du fait de son activité professionnelle de ce registre, a trouvé un produit qui fait merveille sur le pare-battage en forme de boule. Il est, par contre, peu efficace pour les autres. Deux euros au lieu des trente pour les produits vendus chez les ships !

Une fois revenu, je remplace le ruban leds du plan de travail de la cuisine qui a fait son temps. J’intercale le variateur acheté chez Fred au Marin. Super, nous passons de l’éclairage intense à un éclairage feutré qui sera parfait pour les nuits de transat.

Lundi 15 mars 2021

10h. Brett, compagnon de Jade passe nous prendre pour nous emmener déposer le radeau de survie pour sa révision. Le chantier est à l’autre bout de l’île, côté hollandais. Après avoir un peu tourné sur place, le colis est déposé… La révision devrait se faire rapidement… Nous déjeunons fort bien dans un restaurant-cabane. Excellents, les ribs sont en nombre.

Nous poursuivons nos petits préparatifs. Une des poulies plat-pont bâbord résiste à nos assauts. Malgré moult applications de dégrippant nous ne parvenons pas à dévisser deux des trois boulons. La partie coinceur finit quand même par se laisser manœuvrer plus facilement, ce qui était le but du jeu.

Du côté de ma cabine, je recouvre (enveloppe devrais-je dire) mes nouvelles mousses avec le tissu que j’avais acheté en Guadeloupe. Pas mal comme diraient certain.e.s.

Mardi 16 mars 2021

10h. Pour répondre aux souhaits bien compréhensibles d’Élisabeth et Sophie, nous levons l’ancre et mettons le cap sur Saint Barth. L’occasion de contourner Saint Martin par le sud-ouest et d’admirer les très inesthétiques buildings hollandais construits en bord de côte.

Vingt-cinq milles à couvrir. Le vent est au rendez-vous, le soleil aussi. La mer est belle. Petite navigation sympathique.

Les Coasts-guards nous rendent visite : « Vous venez d’où, vous allez où, vous êtes combien à bord ? Ok, bonne navigation. » Un peu formel.

15h. Après avoir côtoyé les bateaux des petits, moyens gros, très gros riches (yacht moteur, jusqu’à 100 m et quatre ponts… quelques dizaines ou centaines de millions sans doute), faute de trouver une bouée libre, nous mouillons à proximité des voiliers déjà sur place…

Élisabeth et Sophie vont respirer l’air de la terre, je reste à bord. Gustavia n’est pas mon lieu préféré.

Mercredi 17 mars 2021

Élisabeth et Sophie se refont une piqûre de Gustavia et de ses environs. Je reste une nouvelle fois à bord.

Elles et moi avons zappé la clairance d’entrée. Contraint et forcé, je me rends à la capitainerie. Très propre sur elle. Le mouillage est payant (11 €). Je fais d’une pierre deux coups avec la clairance de sortie. La rue qui borde la capitainerie est très exotique : Gucci, Zara, Hermès et compagnie. Un bonheur d’inutilité et de superficialité ! Courage, fuyons.

Jeudi 18 mars 2021

09h45. Nous entamons un tour de Saint Barthélémy avec l’hypothèse d’un mouillage dans la baie de la pointe nord-ouest dite des Colombiers. Le vent fluctue considérablement entre 10 et 25 nœuds. On se traîne un peu ou on avance bien, au choix.

La première partie du parcours se fait au près, à l’abri de la côte, avec une mer plate. Deux fois la route au moins sur ce tronçon. La partie suivante, au vent de l’océan, est à peine moins calme. La pointe nord débordée, nous repartons vers l’ouest au portant, sous grand-voile seule. Quelques belles baies bordées de sables, beaucoup de constructions partout, des îlots jetés en nombre, ça et là. La baie des Colombiers est une réserve naturelle. Des bouées sont installées, nous en prenons une. Quelques autres bateaux sont déjà là, dont une partie à l’ancre. La plage est superbe et seules deux maisons dont une particulièrement bien intégrée au paysage, sont visibles. Genre, comme vu dans une agence, 18 millions d’euros ou 50.000 euros la location à la semaine !!!

Soirée sympa dans ce lieu préservé et calme.

Vendredi 19 mars 2021

8h00. Des nuages bien gris courent dans le ciel… ce qui nous incite à entamer notre remontée vers Tintamarre peu après le petit déjeuner (pour info : jus de fruits frais pressés, café ou thé, tartines grillées, beurre doux ou salé, confitures variées…).

A peine partis, l’île Fourchue nous fait de l’œil. Étant à proximité, nous nous approchons de la baie lovée au milieu des cailloux. Nouveau changement de programme nous prenons une bouée et y passons la fin de matinée. Eaux vertes et transparentes à souhait. Nous dégustons sur place la « potée de lentilles » au lard salé, préparée par Élisabeth. Excellente. 

Nous reprenons la route vers Tintamarre qui nous attend (on l’espère), moins de dix milles au nord-nord-ouest (333°). La houle est toujours là, le vent aussi.

Nous sommes peu après mouillés sur une bouée. Ce lieu est superbe.

Samedi 20 mars 2021

Le temps est gris et frais. La baie est envahie par les touristes du week-end (gros catamarans de balade à la journée). Nous décidons donc de rejoindre la baie de Grand Case dès ce matin. Une heure nous suffira sous génois seul.

Pas énormément de bateaux à Grand Case. Il faut dire que les moyens d’approvisionnement y sont plus que réduits.

Je dîne avec Jade et Brett. Plaisir des retrouvailles un an après avec Jade (j’ai vu Brett en début de semaine). Une petite Corona sur le bord du ponton puis Le Cottage, un des restaurants chics du coin. Repas très français de très bonne qualité. La Covid, ici, limite les restrictions au minimum.

Dimanche 21 mars 2021

Nous restons à Grand Case pour la journée. La clairance attendra demain.

Lundi 22 mars 2021

Retour à Marigot après un début de matinée très calme. Ce mouillage est sympa du fait notamment du nombre peu élevé des bateaux présents. Par contre, question avitaillement, vraiment désertique !

Je rejoins West Indies (ship) pour la clairance. J’en profite pour préparer la mise à jour des gilets-harnais de sauvetage (bouteille de gaz et feu flash). 

Je réceptionne la facture de révision du radeau de survie. Je tousse… 1100 € !!! Cette même révision, la première en l’occurrence, coûte 750 € en France. Un écart que je trouve plus qu’important et absolument pas justifié…

Mardi 23 mars 2021

L’inspection du capot de fermeture du réservoir d’eau bâbord situé sous ma couchette montre que mon ajout de Sikaflex n’a servi à rien. Je fais le choix, comme pour les hublots de coque pour lesquels l’opération s’est montrée efficace à 100 %, de l’enlever, le nettoyer à nu, et le réinstaller. Résultat lors de la prochaine navigation dans les parages.

Mercredi 24 mars 2021

Petit tour d’inspection en haut du mât. Les drisses sont en parfait état. Je remplace le textile qui porte la poulie de l’une des drisses de spi, par une manille inox. À tort ou à raison, plus rassurant pour moi. J’en profite pour enduire les vis qui tiennent le feu de mât (mouillage/route) d’un produit qui réduit les problèmes entre inox et aluminium. Tout est paré de ce point de vue.

Jeudi 25mars 2021

Brett passe nous prendre, Élisabeth et moi, pour aller récupérer le radeau de survie. Nous sommes reçus de manière fort sympathique par madame Fernandez avec laquelle nous sommes en contact dès l’origine. Élisabeth lui explique que nous trouvons le montant de la facture bien trop élevé, document du centre français à l’appui. Elle nous propose de contacter son patron à ce sujet, de récupérer le radeau mais de ne pas nous remettre le certificat de révision en attendant le paiement. Je signe un document lui permettant de faire directement le prélèvement, le moment venu.

Dans l’après-midi, je réceptionne une nouvelle facture avec une déduction d’environ 150 €. Pas mirobolant mais déjà beaucoup mieux… ou moins mal… Je donne mon accord. Une demi-heure après, ma banque m’informe du prélèvement. Ça n’aura pas traîné…

Yves mon vieux complice de Mayotte passe me prendre à seize heures trente. Je profite de sa voiture pour déposer la bouteille de gaz que je souhaite faire remplir, même si elle n’est pas encore vide. Nous passons la fin d’après-midi à la terrasse d’un des grands hôtels côté hollandais où l’une de ses amis, Caroline, se produit. Elle chante – bien – et s’accompagne à l’accordéon. Fort agréable et sortant de mon ordinaire. En dehors de nous, quelques hommes isolés et une table de femmes d’âge mûr. Elles dansent et s’éclatent sur la musique… Il faut bien que jeunesse se passe.

Vendredi 26 mars 2021

Le bateau déborde encore des vêtements et autres draps, couettes… déjà lavés ou à laver. Je replace tout ce qui est propre dans des sacs censés permettre de pouvoir faire le vide. Je n’y parviens pas avec tous, certains sont percés. Tout fini néanmoins par être rangé ce qui permettra à Laurence de pouvoir dormir dans un espace dégagé.

Ramenée de l’aéroport Juliana par Fred, un de ses amis métropolitains, Laurence nous rejoint. Notre équipage transatlantique est donc désormais complet.

Nous faisons connaissance…

Aperçu des vérifications, travaux déjà effectués 5BARou à effectuer avant départ :

TRAVAUX  TRAVAUX
VERIFICATIONSDIDIER
 JOURS PRÉCÉDANT DÉPARTMETEO – COMMUNICATIONS  

Samedi 27 mars 2021

Une grosse partie de la journée est consacrée à la préparation… de la soirée. Elle clôturera la période d’avant « dizaine ». Nous entamerons ensuite la dernière ligne droite précédant le départ. Au programme, les dernières mises au point de Soa, la mise en service et les tests de l’Iridium Go pour les communications et la prise de météo via le satellite, l’avitaillement complémentaire et en produits frais, les pleins d’eau…

La soirée donc. Mes trois équipières, Jade et Brett, Cati mon amie artiste-peintre, Yves mon compère de Mayotte, Fred, l’ami de Laurence. Guacamole (Élisabeth), tarte soleil, bonne et très esthétique (Sophie) et autres, arrosés de Corona (la bière), vin rouge, champagne, pour ce moment de vraie convivialité. En français et en anglais, Brett ne pratiquant quasi pas notre langue. Comme un point d’orgue de cette année bizarre et quasi immobile. Comme un passage vers notre retour en France métropolitaine qui se rapproche. Comme un moment de transition et un nouveau départ. Curieux, d’ailleurs, un départ pour un retour… 

La réussite de cette soirée tient pour beaucoup au comment Élisabeth, Laurence et Sophie m’auront accompagné dans sa préparation. Grand merci à elles. 

Dimanche 28 mars 2021

Premier jour de notre quarantaine, version dix jours. Une précaution pour ne pas emporter avec nous cette cochonnerie qui circule (même si elle circule très peu ici). Être malade au milieu de l’océan ne serait pas un bon plan. Autant être prudents.

Matinée calme… que je ponctue, après un peu de gym, par une visite à Patago, notre bateau-voisin en aluminium de l’architecte Jean-François André (j’avais visité son chantier à l’époque où je cherchais un constructeur pour Soa). Sophie et Alain, leurs propriétaires, skippers de métier, sont des amis de Céline et Antoine. Le monde est bien petit. Notre rencontre se fait masque sur le nez. Ils me font goûter du kéfir de leur fabrication. Excellent. Sophie me confectionne un pot qui va me permettre d’avoir l’espèce de mère (allusion au vinaigre) faite de petites billes agglomérées, cœur du réacteur. Il suffit ensuite de leur apporter du sucre blanc, de l’eau, du citron et… une figue séchée pour obtenir ce succulent et naturel breuvage. On peut remplacer le citron par tout autre fruit, notamment pamplemousse, orange…

Jean-Paul me présente le dispositif répondant au doux nom de SOANAR qu’il utilise à bord pour lutter contre l’envahissement des algues et coquillages. Il s’agit d’un système produisant des ultra-sons via quatre petits terminaux fixés sur l’intérieur de la coque. Il n’a pas caréné son bateau depuis quatre ans. Plus qu’intéressant !!!

Pour midi, mahi-mahi (dorade coryphène), excellent poisson, grillé et/ou en carpaccio suivant les goûts de chacun que nous arrosons par un très bon vin blanc apporté par Laurence

13h. Partis hier après-midi de Deshaies en Guadeloupe, Marie et Didier, accompagnés par leur équipier du moment, viennent mouiller Lumacotta à proximité immédiate de Soa. Leur navigation a été ventée et plus qu’agitée. La sieste va sûrement durer un peu.

La lune est pleine ou sur le point de l’être… toujours magique.

Mardi 30 mars 2021

Jour 3. N’ayant toujours pas été destinataires du certificat de révision de la survie, nous reprenons contact par courriel avec madame Hernandez.

Côté bricolage, j’attaque la modification des systèmes de blocage des tiroirs de la salle d’eau. Je prépare la fixation des pontets permettant de maintenir le bas des différentes parties des toiles de cockpit… ce que je n’ai pas pris la peine de faire depuis mon départ de La Rochelle !!! Je ne parviens pas à remettre la main sur ma boite de rivets… je ne m’en suis pas non plus servi depuis La Rochelle. Sophie se charge du nettoyage des deux pare-battages encore sales. Élisabeth et Laurence font un nouveau tour à la laverie.

Un peu plus tard, nous constatons la disparition en bonne et due forme du duvet mis à sécher… Rien de visible dans l’eau. Une annexe s’approche de Soa, le duvet est dedans. On doit appeler ça de la chance. Son conducteur est Italien… Son bateau est tout proche de Soa, juste un peu en arrière. Sa femme (?) et lui sont accros à la gym. Jusqu’à deux heures chaque matin. Impressionnant. Un débat nous agite sur son âge…

Côté futures communications et prise de météo au large, je demande à mon fournisseur d’accès (Itabnav) d’activer mon forfait Iridium Go à compter du vendredi 2 avril (190 € le premier mois). Il est censé nous permettre de disposer de possibilités Data illimitées pour SMS, mails et consultation des fichiers Grib de météo via l’utilisation de nos téléphones portables ou tablettes.  

Météo – Certains sites donnent les premières prévisions pour le mercredi 7 avril, premier jour potentiel de notre départ. Après l’agitation météorologique actuelle, c’est plutôt calme plat. Il n’empêche, ça sent le largage des amarres…

Apéro à bord de Soa avec Didier et Marie. Sur notre lancée de l’avant-veille, nous poursuivons sur le registre du Champagne. Guacamole, coulis spécial de tomates, boudins blancs et rouge locaux…Nouvel excellent moment.

Mercredi 31 mars 2021

Jour 4. Ce matin, courses pour les filles, bricolage (passage d’un messager dans la bôme au cas où il y aurait besoins de changer la drosse de GV qui y passe) et dégivrage/rangement du frigo, pour moi. Il va nous falloir rationaliser l’utilisation du volume (190 litres) pour caser les œufs qu’on ne trouve que conservés au froid, les yaourts, les fromages… et donc limiter le nombre de bière et de bouteilles par exemple.

Nous finalisons l’attribution des harnais-gonflables et procédons à leur réglage. Je me charge de faire un petit rappel de leur fonctionnement : normalement, en cas de chute à la mer, ils se gonflent automatiquement, dans le cas contraire, on tire sur l’espèce de poignée située en bas du gilet, à l’identique de ce qui existe sur les gilets dont on dispose dans les avions. Il est également possible de les gonfler à la bouche, il suffit de souffler !!!

En absence de retour du Pélican (station Viking), je charge Élisabeth de les appeler. L’oubli devrait être réparé sous peu… À suivre.

Élisabeth cuisine un plat d’agneau et de légumes en vue de faire des conserves. Les odeurs nous chatouillent agréablement les narines.

En prévision de mon retour métropolitain, je finalise ma demande de renouvellement de permis de conduire via Internet grâce aux photos que j’avais fait faire à Fort de France il y a déjà plusieurs mois.

Météo – Les prévisions pour les 7 et 8 avril confirment celles de la veille.

Jeudi 1er avril 2021

Jour 5. Je fais un saut chez le « ship » du coin pour acheter un petit tube de Sika 291, quelques rivets pop et un sac étanche supplémentaire pour compléter le « grab bag » (sac de survie)… je ne trouverai rien de tout ça !

Laurence et Sophie font un nouveau tour à la laverie, version duvets et couvertures cette fois. Elles achètent un peu de poulet pour compléter les pots de conserve.

Iridium – Le forfait de l’Iridium Go est désormais actif. La publicité souligne la facilité d’installation et d’utilisation… notre expérience en va un peu autrement. Les deux applications dédiées étant enregistrées sur les différents téléphones et tablettes, nous sommes censés être rapidement opérationnels. « Iridium Go ! » pour l’une, « Iridium Mail & Web » pour l’autre.

La première, « Iridium Go ! », doit permettre d’enregistrer les contacts du répertoire, d’envoyer et recevoir des SMS, de disposer du suivi du bateau, d’appeler, de Twitter, de déclencher le SOS.

La deuxième, « Iridium Mail & Web », d’envoyer et recevoir des mails, d’accéder à Internet, de Twitter encore, de faire des photos, de télécharger des fichiers météo via PredictWind (payant) ou autres.…

Il faut ensuite s’enregistrer à différents endroits… dont le site Geos pour pouvoir déclencher le SOS puis, se connecter à l’Iridium Go lui-même par Wifi.

En fin de journée, malgré le soutien d’une connexion Wifi rapide au bistrot du coin, rien ne fonctionne encore… si ce n’est le fait que je parviens à envoyer quelques SMS, évidemment confidentiels.

J’ai pris une semaine préalable à l’abonnement, elle m’est facturée l’équivalent d’un demi mois (!).

J’adresse un mail à Itabnav mon fournisseur d’accès pour avoir des éclaircissements.

Météo – Les prévisions pour les 7 et 8 avril diffèrent complètement entre le GFS américain et le ECMWF européen. À titre très exceptionnel, je vote sans condition pour les hypothèses américaines et leurs prévisions d’un vent modéré de sud-est, ce qui serait parfait pour nous permettre de monter sur un cap nord-est. L’excitation monte d’un cran.

Vendredi 2 avril 2021

Jour 6. Un mail d’Itabnav m’attend. Il me permet de résoudre l’enregistrement sur Geos. L’adresse indiqué sur le mode d’emploi qu’ils m’ont envoyé, n’était pas la bonne (!!!). Pour le reste malgré une journée où chacun d’entre nous y a passé beaucoup de temps, peu d’avancées si ce n’est un enregistrement réussi pour l’adresse mail… sans conséquence, puisque aucun mail ne part ou n’arrive. Un peu frustrant.

Une bonne partie de la journée est consacrée au nettoyage des dessous de l’annexe. Nous nous y mettons tous à tour de rôle. Pour travailler dans des conditions correctes, nous avons enlevé le moteur, puis nous l’avons retournée, boudins dans l’eau, coque en haut. Elle a, depuis, changé de mine.

Météo – Les prévisions pour les 7, 8 et 9 avril sont très semblables à celles de la veille.

Samedi 3 avril 2021 – Week-end de Pâques.

Jour 7. Iridium, suite. Nous poursuivons les essais. Laurence parvient à connecter son téléphone à l’Iridium. Elle sera suivie par Élisabeth et Sophie peu après. Et les gags commencent. Elles parviennent l’une après l’autre à accéder aux SMS… et chacune peut lire tranquillement tout ce que j’ai écrit la veille !!! Génial, non ?! Laurence envoie à son tour un SMS… que nous voyons tous. Je lui grille la politesse et réponds à sa place à son interlocutrice… pour rigoler. Bonjour la confidentialité.

Mes tentatives pour charger des fichiers Grib restent infructueuses. Pour le reste, j’ai enregistré un nombre non négligeable de documents consacrés à ce sujet afin de tenter d’y voir plus clair et de pouvoir m’y référer une fois au large.

Itabnav joue les filles de l’air… aucun retour. Le week-end est férié…

Météo – Sur certains sites, les prévisions sont disponibles jusqu’au 10 ou 11 avril. Si les jours précédents ne sont guère susceptibles de nous permettre de partir dans de bonnes conditions, vents contraires ou absence de vent, les jours qui suivent semblent mieux disposés à notre égard. À confirmer, mais une lueur d’espoir existe. 

Dimanche 4 avril 2021

Jour 8. Allez, histoire de sortir un peu des bricolages et des connexions Iridium, nous partons pour une petite navigation à destination de l’Anse Marcel via une pause déjeuner à Tintamarre. C’est la première navigation de Laurence, huit jours après son arrivée. Très patiente. Du vent, du soleil, une mer belle… un mouillage de rêve à Tintamarre si ce n’est une certaine surpopulation. Nous rejoignons l’Anse Marcel dans l’après-midi. Autre baie, quasi fermée celle-là, paradisiaque. Un an plus tôt, Caroline, Inaya et moi étions aussi là. La vie est parfois très dure.

Météo – Des prévisions peut être favorables. Globalement d’accord cette fois, les modèles américain et européen semblent confirmer une évolution favorable pour nous pour les 11, 12 et jours suivants. Elles nous permettraient de monter sur un cap nord-est correspondant à la trajectoire qui doit nous conduire aux Açores dans d’assez bonnes conditions. Nous rejoindrions ainsi, assez rapidement les vents orientés sud-ouest du bas de la dépression centrée plus au nord. Pour rappel, les vents d’une dépression (basses pressions, cad inférieures à 1013 Hp) tournent dans le sens inverse des aiguilles d’une montre autour de leur centre tandis que les vents des anticyclones tournent dans le sens des aiguilles d’une montre (hautes pressions, cad supérieures à 1013 Hp).

Itabnav, l’arlésienne… sympa.

Lundi 5 avril 2021

Jour 9. Anse Marcel. Inaya, même pas 8 ans à l’époque, a fait jeu égal avec moi à la course. Ces enfants ne respectent plus rien.

Nous déjeunons tôt afin de pouvoir naviguer un peu avant de rejoindre Marigot. Petite navigation au portant sympa.

Comme prévu, nous rejoignons le chenal d’entrée du lagon (vaste étendue d’eau intérieure) pour y faire les pleins d’eau. Nous rejoignons le quai après environ deux cents mètres effectués en marche arrière. La houle est forte. Peu de temps après notre amarrage, les forts mouvements de Soa, dus à la houle et aux sillages des nombreux bateaux à moteurs qui rentrent souvent un peu vite, font rendre l’âme à deux amarres un peu légères qui nous retenaient à quai (mon choix). Une fois les pleins réalisés, et ce malgré les embardées de Soa, je prends quand même le temps de me laver les cheveux, eau douce oblige.

Marie et Didier passent nous annoncer qu’ils partiront demain mardi. 

Météo – Les prévisions pour les jours suivant le 12 avril confirment l’existence d’une fenêtre intéressante.

Itabnav, à qui j’ai adressé de nouveaux mails et à qui j’ai laissé un message peu amène sur le répondeur, finit par me répondre en toute fin de journée, en précisant bien que c’est exceptionnel compte tenu du week-end férié !!! Je verrai ça demain.

Élisabeth a une dent avec laquelle elle avait déjà eu quelques démêlés, qui lui fait vraiment mal. En attendant de voir un dentiste, elle entame un traitement aux antibiotiques.

Mardi 6 avril 2021

Jour 10. Dernier jour de notre quarantaine ramenée à dizaine. Nous restons très prudents et le serons davantage encore dans les jours à venir.

8h00. Élisabeth parvient à trouver un dentiste chez qui se rendre. Nous la retrouvons en fin de matinée, un premier traitement ayant été effectué. Tout le monde est rassuré.

Iridium. Réveillé en milieu de nuit, je potasse les documents concernant les connexions avec l’Iridium Go. Je ré-attaque dès le début de matinée à l’Arhawak, notre bistrot wifi. Après moult tentatives, je parviens à faire se connecter mes tablettes Samsung (pour Sailgrib) et Apple (connexion avec la centrale Garmin de navigation du bord et application de navigation Navionix). Je finis par avoir des mails qui partent et arrivent sur les deux. Gros progrès. L’espoir est donc permis pour les fichiers Grib de météo.

Météo – Les prévisions pour la période du 9 au 14 avril fluctuent, un très gros trou de calme anticyclonique est à l’horizon. Si nous ne partons pas le 9, le départ sera significativement repoussé avec une conséquence problématique pour Sophie et ses impératifs de retour en France métropolitaine.

Louis et sa femme de Blue Eyes, bateau ami, passent nous saluer. Alors qu’ils partaient, je les rappelle pour leur demander si mon moteur d’annexe, Tohatsu 9,8 CV deux temps les intéresserait. Sans doute oui. En trente secondes chrono en main, nous tombons d’accord sur le prix. Réponse de leur part demain. Ce qui serait inespéré. Il faut dire que j’ai vu un Yamaha Enduro 15 CV, deux temps lui aussi (plus petits, plus léger, moins capricieux) à un prix défiant toute concurrence (2150 €) au ship du coin… moins cher qu’un Tohatsu de 9,8 partout ailleurs. La quasi totalité des barques de pêcheurs sont équipés de Yamaha Enduro. Un signe.

Dans l’hypothèse non avérée d’un départ le 9, nous décidons de faire le gros des courses demain avec l’aide d’une voiture de location.

Belle tarte tomates-fromage de chèvre de Sophie.

Mercredi 7 avril 2021

Après quelques heures consacrées cette nuit aux questions de la récupération des fichiers grib (sans plus de succès) et d’analyse de la météo (Windy pro, Windfinder, Prédictwind), j’ai décidé qu’il était impératif d’attendre, la période du 9 au 11 n’étant pas du tout favorable à un départ. Ce constat renvoie directement aux contraintes de temps qui sont celles de Sophie (elle reprend son travail le 17 mai en métropole). Les différents modèles s’accordent pour des prévisions plutôt favorables à compter du lundi 12 avril avec un flux modéré d’est-sud-est s’orientant dans les jours qui suivent au sud-est. Ce flux nous permettrait de rejoindre la partie basse de la dépression centrée plus au nord et ses vents de 15 à 20 nœuds orientés nord-est… dans le sens exact de notre remontée vers les Açores.

Outre cette décision de report et compte tenu de l’évolution rapide des masses d’air, j’ai par ailleurs décidé de solliciter, en plus de mon ami Didier, Michel Meulnet, mon routeur habituel, pour nous accompagner sur la route. Il faut dire que la météo parait changeante et très évolutive. Deux précautions, en plus de ma propre analyse quotidienne, valent mieux qu’une.

Afin d’aborder ces différentes questions, conseil de guerre ce matin en fin de petit déjeuner. Assis autour des écrans nous examinons ensemble les fichiers météo. Tout le monde est bien d’accord sur l’analyse. L’idée de Michel Meulnet est, pour sa part, accueillie chaleureusement malgré les frais que cela représente (435 €). Tout cela étant entériné, la pression retombe d’un cran.

Les réponses aux messages que j’ai adressés à Itabnav et à Sailgrib m’attendent. Je replonge le nez dans le fonctionnement de l’Iridium, de ses deux programmes (Iridium Go et Iridium Mail & Web) et de Sailgrib. Les informations que me donnent Henri de chez Sailgrib sont précises, claires et détaillées, saisies d’écran à l’appui. Dans le registre de ce qui aurait sans doute dû être fait dès le début, je mets l’application Sailgrib et le logiciel de l’Iridium à jour. Fallait-il le savoir. Je parviens ensuite à charger et afficher plusieurs fichiers Grib dans Sailgrib. Inutile de dire que j’en suis très soulagé !!!

Une bonne nouvelle n’arrivant pas toujours seule, je reçois un message de Louis qui me confirme acheter le Tohatsu. Rendez-vous est pris pour quinze heures le jour même.

Élisabeth et Laurence nous ont concocté du filet mignon de porc avec une petite sauce qui va bien ainsi que des légumes sautés. Un régal parmi d’autre… qui a ses conséquences, je ne vais pas maigrir !

15h. Je passe récupérer Louis à bord de Blue Eyes puis nous filons vers le shipchandler vendeur de moteur (ce qui permet à Louis d’essayer le Tohastu). Le Yamaha Enduro est réputé, comme son nom le laisse penser, pour son endurance et sa longévité (à condition de ne pas se le faire voler). Cerise sur le gâteau, il est livré avec une nourrice et son tuyau d’alimentation, ce qui fait l’affaire de Louis qui hérite de la mienne. Nous enlevons le Tohatsu et le déposons au fond de l’annexe… et fixons l’Enduro à sa place Une fois revenus à son bateau nous enlevons le moteur de son annexe et le remplaçons par le Tohatsu.

Jeudi 8 avril 2021

Une matinée de travail à distance avec laquelle la Covid n’a rien à voir… déclaration de traversée pour le CROSS Gris-Nez (centre de recherche et d’organisation des secours) chargé du suivi des bateaux en mer ; déclaration de traversée pour le CHU de Toulouse, chargé du suivi médical en mer (fiche idem CROSS, fiches individuelles de santé des membres de l’équipage, contenu de la pharmacie de bord). ; paiement du routeur… etc. 

Après-midi consacrée à un peu de rangement de ma cabine, à la mise en service de mon deuxième téléphone portable (au cas où) et aux chargements lui permettant de dialoguer avec l’iridium.

Tout cela m’est possible grâce au fait que mes équipières assurent – parfaitement – la totalité de l’intendance..

Météo – Prévisions sans changement pour les jours à venir.

Vendredi 9 avril 2021

9h. Nous attaquons par les tests PCR que nous passons par précaution. Perdu, le drive qui est censé accueillir de 8h à 11h !!! Nous faisons quelques courses dont un sac pour grab bag à un prix intéressant en ville.

Nous dînons au restaurant, ces dames ne pouvaient plus tenir sans un petit restau !!!

Samedi 10 avril 2021

Immédiatement après le petit déjeuner nous partons faire nos tests Covid, antigéniques en l’occurrence. Pas des PCR mais c’est toujours ça. Bien qu’un peu long, tout se passe très correctement. Résultats négatifs pour l’ensemble de l’équipage. Très bonne nouvelle évidemment. Nous partons tardivement faire les courses au Carrefour situé côté hollandais. Il est très bien achalandé dans beaucoup de registres. Nous complétons au Super U côté français. Fastidieux.

Bouteilles et bidons d’eau plate, bouteilles d’eau pétillante constitue la partie la plus volumineuse et la plus lourde. La facture l’est également, lourde. Très lourde même. Malgré ça, pas de yaourt… le bateau n’est pas arrivé !!!

Dimanche 11 avril 2021

Une fois le petit déjeuner pris, nous ne traînons pas. La fin du rangement des courses de la veille nous occupe un moment. Beaucoup de petites bricoles de dernière minute en plus d’un nettoyage sérieux de l’intérieur de Soa et de ses vitrages. J’en profite pour enlever le peu de salissures du dessous de la coque, présentes seulement quatre mois après le carénage. Dans les parties les plus accessibles du moins. Grand lavage ensuite, cheveux compris pour l’ensemble de l’équipage. Sophie, Élisabeth et Laurence, chacune dans leur rôle, assurent le complément d’eau tandis que je vois Jade et Brett pour la dernière fois à l’Arahwak.

Je mets à profit le reste de l’après-midi pour finir de mettre de l’ordre dans le carré, table et table à cartes étant largement encombrées. Élisabeth et Laurence s’affairent, la confection d’un authentique parmentier de canard est en jeu. Les toiles anti-roulis ont été fixées et essayées. Nous y sommes quasiment.

Lundi 12 avril 2021

Après un lever tranquille et un confortable petit déjeuner, nous entamons les derniers achats (pains) et les ultimes préparatifs. Mais il s’agit-là d’une autre histoire…

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