Dans le cadre du Vendée globe, La classe de CM2 B a pu vivre un moment exceptionnel en rencontrant, au cours d’une visioconférence, en direct depuis son bateau de voyage, le navigateur Didier TABARAUD LE FER.
En admiration devant ce navigateur, les « Petits reporters » l’ont interrogé sur la vie à bord d’un bateau, les risques d’accident, le métier du navigateur, l’état des océans, la gestion du sommeil… Monsieur Tarbaud le Fer ne se lasse pas de partager sa passion pour la mer avec les enfants.
Voici un petit aperçu de l’interview :
Comment se passent les préparations avant de naviguer dans la mer ?
C’est une excellente question. Il est impératif de vérifier de nombreux points afin d’assurer une bonne navigation en mer. Il faut prendre le temps de vérifier l’état du bateau, la sécurité de l’équipage, la zone de navigation, les conditions météorologiques …
Avez-vous une trousse de secours dans votre bateau ?
Oui, Il est indispensable d’avoir une boite à pharmacie complète pour répondre aux urgences. J’ai plus qu’une trousse de secours. J’ai deux grands sacs de médicaments et de matériel de soins car c’est une obligation de sécurité. Et en plus, j’ai la possibilité de faire une téléconsultation 24h/24 avec un médecin à l’hôpital de Toulouse.
Qu’est-ce-que tu manges au bord de ton bateau ?
Je mange tout et parfois même je fais des courses.
Quel est le plus grand danger que vous avez surmonté en mer ?
Quand tu es en mer, il y a plusieurs dangers.
-Le 1er danger à surmonter est la terre, car nous risquons de casser le bateau.
-Le 2ème danger, ce sont les autres bateaux. Il faut garder un œil attentif sinon on risque la collision entre navires.
-Le 3ème danger, ce sont les tempêtes. C’est pourquoi, j’ai une table à cartes qui simplifie mes actions. Elle est considérée comme une aide précieuse à la navigation, qu’il s’agisse de partager des cartes sur les écrans, de recevoir des images radar …
Quelle est la plus grosse tempête que vous avez rencontrée ?
Je n’ai pas été dans une tempête, j’ai seulement vu des vagues de 4 mètres mais pas de vraie tempête.
Comment vous faites pour vous laver ?
On se lave normalement et il y a une douche à l’arrière du bateau. On peut même se laver avec l’eau de mer, on utilise alors un savon spécial qui fonctionne avec l’eau salée.
Où avez-vous rencontré un obstacle ? Comment l’avez-vous affronté ?
Au milieu de l’Atlantique, j’ai eu un accident. Le cordage s’est coupé et le spinnaker de mon bateau est tombé à l’eau. Puis, mon équipage et moi avons pu le récupérer sous le bateau. J’ai grimpé sur le mât et j’ai pu attacher le cordage et continuer ma route.
Vous n’avez pas peur de vous faire renverser par une baleine ?
Non, car je n’en ai jamais rencontré. Et si jamais je vais rencontrer une baleine, mon bateau est performant et rapide, il ne laisse aucune chance aux animaux qui au contact peuvent provoquer de gros dégâts à ma coque.
Comment vous rebouchez un trou dans une coque ?
Ça dépend de la taille du trou, si c’est tout petit, de quelques centimètres, il y a des petits bouts de bois taillés qu’on peut mettre à l’endroit où il y a le trou. Si le trou est plus grand, cela devient plus compliqué. On peut aussi plaquer un ballon souple sur le trou qu’il bouche entièrement.
Est-ce que vous voyez la pollution dans les océans ?
Oui, je vois beaucoup de déchets dans la mer. Malheureusement, les pollutions qu’on peut créer à terre arrivent à un moment donné dans la haute mer… Il faut prendre soin de cette énorme partie du monde. Vous devez apprendre à protéger les océans. Ce sera votre rôle de sauver la planète.
Quels vêtements portez-vous au bord du bateau ?
En Martinique, il fait chaud, je porte des shorts, un pantalon souple et confortable, un t-shirt à manches courtes… Mais au Sud, il fait froid. Je porte alors des pantalons, des vestes et des bottes.
Comment arrivez-vous à rester éveillé avec si peu d’heures de sommeil ?
Il faut adopter un mode de sommeil qui consiste à découper ses plages de sommeil en plusieurs courtes séquences. Typiquement, pendant les premières 24 heures d’une course au large, je ne vais pas dormir du tout. Je vais donc me retrouver en privation de sommeil, et c’est cet état qui va me permettre de m’endormir plus facilement, à la demande, pour de courts temps de repos. Quand le bateau vous appelle, donc, vous devez y aller… C’est pour cette raison que je dors dès que je trouve une occasion pour compenser le manque de sommeil.
Est-ce que vous avez le mal de mer ?
Non, moi, je n’ai pas le mal de mer, mais d’autres oui. Est-ce que tu sais que le mal de mer est en fait un problème de déséquilibre de l’oreille interne ?
Quels sentiments la navigation vous apporte-t-elle que d’autres sports dans la nature ne vous apportent pas ?
La navigation n’est pas un sport. Le sport c’est comme le Vendée globe. Mais voir cette grande étendue d’eau bleue, découvrir le pays par la côte. C’est magnifique !
Il nous montre l’étendue d’eau, la vue de son bateau.
Qu’est-ce qui vous motive le plus dans votre métier ?
Ce qui me motive dans mon métier c’est le mode de vie sur mer. Vivre et voyager en voilier, c’est être en contact permanent avec le monde de la mer, goûter la liberté, l’autonomie, la découverte….
Mon rêve est de découvrir les îles de Pâques, l’île Robinson Crusoé. Et j’aimerais bien un jour pouvoir faire le tour du monde.
Pourquoi avez-choisi cette carrière et pas une autre ?
Fils de marin pêcheur, j’ai passé mon enfance au bord de l’eau et des quais. J’ai adoré ce mode de vie à la fois simple et vrai. La mer a toujours été mon univers. J’adore mon métier. Je suis passionné de bateau, de mer. J’ai la chance de faire un métier dont je rêve depuis que je suis tout petit. J’ai toujours voulu partir en bateau.J‘ai eu la chance de visiter 16 pays, de rencontrer denouvelles personnes, de découvrir de nouvelles cultures….
Dormez-vous mieux sur terre ou sur l’eau ?
Sur l’eau c’est beaucoup mieux que sur terre car le bateau bouge comme un berceau et c’est très relaxant.
Une alarme se déclenche-t-elle si un obstacle se présente devant le bateau ?
Oui, sûrement. J’ai même une carte électronique pour savoir si un bateau est proche de moi.
Qu’est-ce que cela fait de vivre en mer ?
C’est pour moi, un très grand plaisir. J’aime admirer les beaux levers et couchers de soleil. Quand c’est la nuit, j’aime contempler le ciel. J’adore ces moments de calme. C’est le désir de naviguer et de vivre sur l’eau, combiné au désir de découvrir le monde. Être en sécurité, manger, dormir, profiter de la mer, découvrir les terres où l’on arrive… De vrais grands bonheurs !
Quelles sont les valeurs de voile à partager ?
Il y en a plusieurs. Pour moi, la première valeur c’est d’être soi-même, être authentique, ne pas tricher. C’est une valeur de vie. Comme le disait toujours mon père : « C’est dans le grain qu’on voit le marin ». Aussi, il y a le respect, la protection de l’environnement et le respect de l’autre, apprendre à prendre le temps pour vivre mieux et plus sereinement, s’extasier de ce qui est beau… Sans oublier l’entraide. Quand on est en équipage, nous sommes une équipe et non un groupe. Nous sommes solidaires. Cette solidarité est extrêmement importante. Chez les gens de mer, elle est même fondamentale.
Avez-vous un message pour les enfants qui abandonnent très vite pour les encourager à persévérer ?
C’est important de se rappeler de continuer à maintenir le cap, d’y aller petit à petit. Vous êtes capables de surmonter les difficultés, d’atteindre l’impossible. Ayez confiance en vos capacités. Il faut aimer ce que l’on fait ! La peur d’échouer doit ainsi être remplacée par la joie d’agir et la visualisation de la perspective de réussir.
Merci Monsieur Didier pour ce partage !