« Je vis pour connaître, je connais pour vivre, je vis pour aimer, j’aime pour vivre. » Edgar Morin
Résumé des épisodes précédents : Après une année de déplacements plus que limités entre Guadeloupe et Martinique pour cause de Covid, Soa a quitté la mer… et repris l’océan. Le nôtre, l’Atlantique. Celui qu’il faut traverser pour revenir chez soi lorsque l’on farniente aux Antilles. Dans mon esprit, cette navigation océanique non prévue initialement, était l’occasion de découvrir l’archipel des Açores. Il manquait à ma collection. Laurence et Sophie étant rentrées en France, c’est Élisabeth seule qui désormais m’accompagne… Ensemble, nous visiterons trois des iles du groupe central de l’archipel, Faial, Sao Jorge, Terceira.
Les Açores…. du vert et du bleu, du blanc et du noir, quelques autres touches de couleur. Un très bel et merveilleux endroit.
Vendredi 7 mai 2021 – Les Açores – Faial – Port d’Horta
Après le départ en taxi de Laurence et Sophie (elles rentrent en France), nous retournons à bord de Soa. Élisabeth file à la douche, à l’autre bout du port…
Pendant ce temps-là, nos voisins de « Patriarch » nous ayant proposé d’utiliser leur tuyau d’eau, je refais les pleins. J’en profite pour tenter d’identifier la fuite du réservoir bâbord qui nous complique la vie depuis pas mal de temps maintenant. Contrairement à ce que je pensais, le regard que j’ai recollé ne fuit pas. L’eau coule par le tuyau de remplissage… Comme ça au moins c’est clair. Quoi que… il semble que de l’eau s’écoule aussi par la sonde. Ce qui se confirme. C’est donc deux fois plus clair et je sais ce qui me reste à faire… Je ferme l’arrivée d’eau du réservoir tribord pour n’utiliser que le réservoir bâbord en cause et, ainsi, faire baisser le niveau d’eau à l’intérieur.
Simultanément, j’ai branché Soa à la prise de courant du quai. Le chargeur débite un maximum et, en un peu plus de deux heures, la charge de notre parc batterie repasse à 100%. Nous avions beaucoup consommé et le soleil nous avait fait un peu défaut.
Le ciel qui menaçait, a fini par se lâcher, il pleut.
Déjeuner rapide, salade rapportée la veille du restaurant l’Athlético, jambon cru… compote.
Je travaille ensuite à mon fil de l’eau consacré à notre traversée transatlantique. Vingt-quatre pages en l’état actuel, écrites… au fil des jours. J’aimerais le publier avant de quitter les Açores.
Malgré la pluie fine qui sévit, nous partons à la découverte du « mercado » (marché) dont plusieurs personnes nous ont parlé en bien. Beau grand bâtiment moderne, le mercado abrite bon nombre de boutiques et restaurants, au demeurant sympathiques mais qui n’ont guère à voir avec ce que nous entendons, chez nous, par marché. Une seule boutique propose quelques fruits et légumes. Partout des fauteuils métalliques jaune. Nous dînons d’un hamburger très qualitatif dans l’un des tout petits restaurants en question. Nous l’accompagnons d’une bière locale d’excellente facture. Répondant à notre sollicitation, le serveur – originaire de Lisbonne – nous donnera moult conseils et explications sur les choses à faire et voir. Fort sympathique tout ça.
Samedi 8 mai 2021 – Les Açores – Faial – Port d’Horta
Après un petit déjeuner au chaud dans le carré, nous partons au mercado en espérant, compte tenu du fait que nous sommes samedi, trouver davantage de fruits et légumes cette fois. Manqué. Rien de plus si ce n’est quelques marchands divers (artisanat, chaussures, confitures…). Comme expliqué en français ce matin par un de nos interlocuteurs du port, le supermarché « Continent » situé à la sortie de la ville, est la solution. Bon.
Dans une épicerie bio, nous achetons du fromage local, il vient de Sao Jorge, l’ile voisine. Il se révélera de toute première qualité pour un prix dérisoire (dix euros le kilo !).
Nous déjeunons dans un des restaurants qui croisent notre chemin. Je prends de la morue… bonne mais franchement pas inoubliable.
Durant l’après-midi, pendant qu’Élisabeth vaque à ses occupations, je fais un saut au Continent évoqué. Il est tout proche sur la route de l’aéroport (route en face d’une belle église au parvis pavé). Il est bien achalandé, tous domaines confondus. Là comme ailleurs, les prix sont plus que raisonnables. En complément des fruits et légumes, j’y trouve des verres à pied rouges qui me plaisent. J’en prends quatre. Il y a longtemps que je n’en avais pas achetés. Parfaits pour goûter les vins rouges et blancs de la cave.
La consultation de la météo fait apparaitre une absence de vent à partir de mardi pour le trajet qui doit nous mener, vingt-deux milles plus loin, à Velas, le port de Sao Jorge. Il va nous falloir avancer notre départ à lundi au lieu de mardi, comme envisagé au départ. Il nous faut donc profiter du dimanche pour réaliser la visite de Faial.
En fin d’après-midi, nous faisons un saut au bistrot Océanic à l’entrée du port où nous rencontrons Christina une allemande de Munich, en vacances ici. Elle parle anglais et français couramment. Sympa. Nous devrions la recroiser à Sao Jorge.
Dîner à bord, toujours dans le carré (à l’intérieur donc), porte de descente fermée… fromage et vins locaux sont un plaisir… sans parler des vins du Douro (nom du fleuve, région de Porto/Portugal).
Dimanche 9 mai 2021 – Les Açores – Faial – Port d’Horta
Journée verte et bleue. Plus verte que bleue d’ailleurs. Et noire aussi pour parfaire le tout.
Ce dimanche devant être ensoleillé, après que j’aie réussi à faire sortir Élisabeth de sa couchette, nous partons à la découverte de Faial à bord d’une voiture de location. Nos yeux s’en donnent immédiatement et durablement, à cœur joie. À l’infini, le vert tendre et flamboyant des prairies, les haies et bosquets qui séparent les parcelles, les cèdres plantés en ligne, omniprésents et somptueux, le bord des routes bordés d’arbres aux troncs rouge/marron, ressemblant à des platanes, des fleurs, même si les hortensias n’ont pas encore libéré toutes les leurs…
Et puis, le contraste du bleu profond qui entoure l’ile à perte de vue… Peu de cultures, mais de la viande et du lait sur pattes, partout, le plus souvent en robe blanche et noire. Et donc du fromage local, dont celui de l’épicerie bio qui a enchanté nos palais. Et puis encore, le noir. Les traces partout apparentes, du caractère volcanique des iles dont la Caldeira (cratère) principale est un magnifique exemple (8 km de circonférence). Noir encore, celui des façades des maisons et des églises en pierres de lave, celui des roches volcaniques jonchant le sol dans certains secteurs comme celui, d’une pureté extrême, de la Baia de Ribeira das Cabras. Et puis, son phare de Ponta dos Capelinhos (dernière éruption aux alentours de 1958), ses petits moulins rouges, ses églises traditionnelles ou art déco, mi lave, mi murs blancs, à l’architecture moderne que l’on trouve en nombre. Comme très souvent vantée (et ventée), cette ile est superbe. Tout y est propre et bien tenu. Le climat n’est pas aussi doux que je l’imaginais. Le ciel est souvent plombé, le vent frais, pour ne pas dire froid, la pluie abondante. Saisissant contraste, tant il fait bon dès que le soleil occupe le terrain et qu’on est à l’abri du vent… et tant ses habitants sont accueillants.
Lundi 10 mai 2021 – Les Açores – Faial – Port d’Horta
Soleil tous azimuts, température printanière (à l’abri du vent). Le mont Pico joue les Saints avec une sorte d’auréole du plus bel effet, accrochée à son sommet.
Une matinée un peu « speed » afin de pouvoir rejoindre le port de Velas sur l’ile voisine de Sao Jorge. Après un petit déjeuner bien au chaud dans le carré (charentaises portugaises aux pieds), je mets des chaussures de « ville » et pars faire quelques dernières courses au Continent (des bouteilles d’eau et… quatre verres de plus), en même temps que le plein d’essence de la voiture. Je repasse décharger mes courses à bord et donner un coup d’aspirateur dans la voiture. J’emmène Élisabeth qui y tenait beaucoup, au jardin botanique. Une fois déposée, je ramène la voiture au loueur puis fonce racheter du fromage local (épicerie bio) dont nous ne nous lassons pas. Trois beaux morceaux toujours à dix Euros le kilogramme (un pour consommer à bord et un chacun que je vais mettre sous vide pour emporter en France).
Sortie et paiement du port, immigration en quelques minutes… Comme je l’avais envisagé, je télécharge Weather 4D sur l’iPad. Un peu plus de cinquante euros pour du routage. Quand je compare ce que propose ce genre d’application (idem Sailgrib) et les cartes Garmin à 300 ou 350 € en moyenne pour un secteur géographique donné (sans aucun autre service et donc sans routage), je dois bien dire que j’ai un peu de mal à comprendre…
Le largage des amarres ne s’avère, potentiellement, pas simple, Soa étant coincé entre deux catamarans, bestiaux qui, comme chacun sait, sont bien larges. La houle nous balade passablement contre le quai. J’envisage de me dégager par l’arrière. Moment souvent intéressant. Le skipper du catamaran situé derrière nous craint pour sa bête, il veut absolument que nous mettions une garde pour éviter que Soa recule… Élisabeth dédaigne gentiment sa proposition lorsqu’il lui tend l’amarre. Qu’à cela ne tienne, il passe lui-même une autre amarre sur un des taquets. L’équipage du catamaran de devant, venu sur le quai, prend les choses avec philosophie, ils se marrent. Moi aussi. Contre toute attente, le destin (ou autre, je n’ai pas de préférence) nous donne un très bon coup de main en écartant spontanément et significativement Soa du quai. Cela me permet, propulseur d’étrave aidant, de sortir tranquillement en marche avant… Circulez, y’a plus rien à voir.
Les quinze à vingt nœuds de vent que nous trouvons aussitôt après nous être dégagés de Faial, nous permettent, sous génois seul, de naviguer entre cinq et sept nœuds. Que demande le peuple ?
Confortablement assis dans le carré, nous faisons un sort aux côtelettes d’agneau que nous n’étions pas parvenus à finir hier au soir, agrémentées par Élisabeth, avec de la semoule qui nous restait. Parfait plat du jour. Le pain que j’ai acheté ce matin est bon. Un œil sur nos assiettes, un œil dehors, un des privilèges de la navigation à bord de Soa et de son vrai salon de pont… Quelle chance !
15h15. Le vent tourne un peu dans tous les sens puis finit par nous abandonner alors que nous sommes à huit milles de Velas. Moteur… qui n’est plus celui de la caméra de Laurence (parfaitement silencieuse par ailleurs puisque numérique).
À quelques milles de notre arrivée, nous tentons de joindre le responsable du port… sans résultat. Nous n’y parvenons qu’une fois devant l’entrée ou presque. Nous laissons la priorité à un petit pétrolier local (inter-iles) arrivé en même temps que nous puis, sur l’invitation du responsable, entrons dans l’avant-port. Nous y tournons un peu avant de parvenir à le joindre de nouveau. Il nous dit d’entrer dans la partie marina qui nous parait minuscule, ce que nous faisons après avoir positionné des amarres et des pare-battages sur les deux bords. Même scénario, plusieurs minutes se passent avant qu’il vienne nous parler alors que nous sommes à quelques mètres du quai et de l’enrochement du port. Ne nous proposant pas vraiment de solution, je lui demande l’autorisation de nous mettre à couple d’un Amel (monocoque haut de gamme, fabriqué à La Rochelle) qui est amarré à un ponton. L’espace est compté, nous cheminons en marche arrière jusqu’à lui… et optons in fine, pour nous mettre à couple d’un autre bateau deux places derrière lui. Nous encombrerons moins le passage. Le lieu est étonnant. Sur deux côtés de la marina, une falaise de quatre-vingts ou cent mètres de haut mariant roches noires et végétation d’un vert soutenu. Le bassin accueille un certain nombre de petits bateaux à moteur. Nous tenons compagnie à six autres voiliers de dix à seize mètres. Pas vraiment de place pour en mettre davantage.
17h45. Une fois Soa amarré et son équipage désaltéré, nous nous rendons à la capitainerie… qui est fermée depuis dix-sept heures ! Une affiche nous invite à nous rendre à l’accueil des ferries. Une jeune femme de l’équipe de sécurité nous reçoit de façon très bienveillante. Elle nous fournit un badge pour libérer la porte qui ferme l’accès aux pontons (nous l’avions coincée pour qu’elle ne se referme pas derrière nous) puis nous accompagne pour nous montrer où se trouvent les sanitaires et comment fonctionne la porte. Contraste là encore. Merci à elle.
Tranquilles sur le fait de pouvoir revenir à bord sans avoir à faire d’escalade, nous partons à la découverte de Velas. Petite ville proprette. Quelques bâtiments qui sortent de l’ordinaire (l’auditorium), une église centrale tout en noir et blanc elle aussi, une belle balade pavée en bord de mer, des maisons colorées avec de petits balcons aux portes fenêtres… d’autres, genre échoppes bordelaises en miniature (huit mètres de façade pour six mètres de profondeur contre, en général chez nous, neuf mètres sur huit, mais avec un même couloir central distribuant deux pièces situées de chaque côté et donnant sur le jardin au fond).
Le lieu est calme. Le soir venu, le silence est fortement troublé par le cri puissant de gros oiseaux fréquentant la falaise. L’eau, sans la moindre ride, est étonnamment limpide. La nuit devrait être bonne.
Mes anciens équipiers Charles et Marc ont dû se donner le mot, ils m’appellent quasi l’un après l’autre.
Mardi 11 mai 2021 – Les Açores – Sao Jorge – Port de Vela
Journée maintenance et préparatifs de notre visite à venir de l’ile.
Première étape du jour, officialiser notre entrée à Sao Jorge. La personne que nous rencontrons à la capitainerie n’est pas la même que celle entraperçue la veille. Particulièrement sympa, celle-là.
Nous rendons visite à l’office du tourisme local qui est à quelques centaines de mètres du port, face à l’église. Le tableau des visites intéressantes à faire ou des marches à réaliser est impressionnant. Des choix drastiques vont s’imposer. L’une des employées appellera pour nous afin de prendre rendez-vous pour notre test PCR du sixième jour (un troisième et dernier sera nécessaire au douzième jour). Contraignant mais à l’évidence efficace. Pas de cas de Covid dans les iles centrales des Açores.
Alors que nous étions en bas de la rue piétonne, à proximité d’un restaurant, le chef qui a dû nous entendre parler français, vient nous voir. J’avais repéré le plat de morue du menu du jour. Nous en parlons. Il a vécu et travaillé à Paris pendant vingt ans.
Notre tour de ville fait, la première machine à laver lancée, nous optons pour la morue… et le poulpe en salade de l’entrée. Le tout excellent et bien servi, verre de vin, compris. L’addition nous laisse pantois. 14,50 € pour nos deux repas ! Pasteis de Nata en complément, pour finir. Comme Anne les aime.
À la demande du port, nous déplaçons Soa en tout début d’après-midi ce qui nous donne un accès direct au ponton et raccourcit la distance avec le coin laverie.
La dernière lessive importante que nous avons faite remonte à Saint Martin avant notre départ en transat, il y a donc besoin. Le fait qu’il n’y ait qu’une seule machine en état de marche fait durer le plaisir… jusqu’au soir. Élisabeth se charge de l’essentiel, étendage sur les filières compris. Excellente organisatrice, elle se charge également de réserver une voiture de location pour le lendemain. Son anglais et son espagnol aident…
Pendant ce temps, petits travaux pour moi dont la tentative de remédier à la fuite du réservoir d’eau avant. J’enlève la jauge qui fuit et refais le joint à l’identique de celui, déjà refait, du regard de visite. Le premier a tenu, espérons qu’il en sera de même pour celui-là. Cela me permet ensuite de replacer, dans le très grand rangement situé entre les réservoirs et mon sommier à lattes, les affaires qui s’y trouvaient. Ma cabine redevient présentable.
Christina que nous avions rencontrée à Horta et qui nous a précédé à Vela, nous rend visite. Elle a fait beaucoup de bateau avec son père et, visiblement, aime toujours ça. Elle nous offre une bouteille du vin, fruit de la terre volcanique de l’ile de Pico. Le Pico en question est dégagé comme jamais. Belle carte postale.
Mercredi 12 mai 2021 – Les Açores – Sao Jorge – Port de Vela
Ce matin, Élisabeth a mangé du lion. Nous démarrons sur les chapeaux de roues… pour cette journée découverte de Sao Jorge. Une fois pris possession de l’Opel Corsa flambant neuve de location, nous prenons la direction de la ville de Cahleta où nous devons passer nos deuxièmes tests PCR. Plein Est donc. Dès la sortie de Velas nous prenons de l’altitude et découvrons le mont Pico entièrement visible cette fois encore, dégagé de tout nuage. À son sommet une sorte de petit pic lui donne un air particulier. L’ile sur laquelle il se trouve porte son nom. Elle est face à nous, à quelques encablures. Elle s’étale nonchalamment vers l’Est, le Pico lui-même étant à son extrémité Ouest, face à l’ile de Faial où nous étions quelques jours avant. L’océan est calme, la lumière diaphane…
Tout au long du parcours, nous rencontrons des sortes de moulins miniatures. Leur base en dur est généralement peinte en blanc. La partie moulin elle-même, qui se tourne à la main sur sa base pour s’orienter par rapport au vent
, en rouge. Beau contraste là encore.
Nous tombons par hasard sur une des églises qu’il ne fallait surtout pas manquer, l’église de Santa Barbara. Je laisse ici, la parole à Élisabeth, spécialiste du registre :
« À Manadas, nous nous sommes arrêtés à l’église du village qui, de l’extérieur, ressemble à toutes les églises noires et blanches de l’Ile : murs crépis de chaux blanche et formes architecturales délimitées par de la pierre volcanique noire. Cependant, se cache à l’intérieur l’un des plus beaux décors baroques des Açores, classé monument national. En entrant dans le portique de l’église, nous sommes accueillis par deux guides et réalisons alors que nous sommes bien à l’église Santa Barbara mentionnée dans le guide local des Açores. Nous acceptons la visite guidée en anglais offerte par un jeune homme qui nous détaille les différentes scènes religieuses qui couvrent les murs et le plafond : la vie de Santa Barbara qui protège de la foudre et des tremblements de terre (fort utile aux Açores !), la vie de Marie et celle de Jésus, etc. L’essentiel du riche décor a été réalisé au XVIIIe siècle : le chœur, la chaire, les autels latéraux sont en bois sculptés peints et doré à la feuille d’or. Les personnages sont dans un style un peu naïf mais la polychromie est somptueuse et réalisée de mains de maîtres…ou de maîtresses (au Québec, ce sont les Ursulines ou les Augustines qui réalisaient ce type d’ouvrage). Le plafond à caissons, richement peint, est d’influence arabe. »
Merci Élisabeth.
Après un déjeuner rapide dans un restaurant du coin, plus cher et nettement moins bien qu’à Vela, nous partons faire nos deuxième tests PCR. Drive, passage rapide et gratuit… parfait. Bravo les açoriens.
Faja dos Vîmes (falaise de). Trois cents mètres plus bas, la route en lacets s’ouvre sur un espace de culture avant de plonger dans l’océan. Les maisons du village sont anciennes. Deux femmes, sans doute la mère et la fille, sèment. La première des deux, malgré l’âge qu’elle semble accuser, ne lésine pas à la tâche. Quelques mètres plus loin, un cheval en mal d’affection attendrit Élisabeth.
Nous rejoignons ensuite le bistrot des cafés Munès. Une petite entreprise familiale qui produit son café sur place. La plantation jouxte l’arrière de la maison. Plantés par l’arrière-arrière-grand-mère de Madame, certains pieds de café ont plus de cent ans et venaient du Brésil. Outre le café, madame Munès a plusieurs cordes à son arc. Sa sœur et elle font du tissage. Trois métiers trônent dans leur atelier. La laine est celle de Sao Jorge. Les tapis et autres tissages ainsi produits sont très peu chers. De beaux cadeaux potentiels dont ne se prive pas Élisabeth. Je fais l’acquisition d’un peu de café (mis sous vide pour emporter) et de jolies tasses en porcelaine blanche au nom de Munès.
La partie basse de la falaise dispose de cultures en escalier, stabilisées par des murets de roches. Cette fois, c’est le vert et le noir qui alternent dans une sorte de tableau répétitif. Contraste toujours.
Nous remontons ensuite et prenons la direction de la côte Nord. Nous rejoignons la Faja dos Cubres. Village, lagunes, l’océan qui gronde et se confond en écume au moment de sa rencontre avec cette terre dure au mal. Saisissant, là encore, ces falaises dévalant vers l’océan, qui, par endroits, abandonnent un peu de terres plates aux habitants qui se sont installés à leurs pieds, éloignés de tout. Les maisons dispersées du village, l’église, vêtue de noir et de blanc. Un même type de construction, la partie qui porte le clocher sur la gauche de l’édifice, le corps du bâtiment et la porte principale qui y donne accès, sur la partie droite. Une modélisation qui n’a pour – rares – exceptions que celles des églises récemment construites (Art déco, béton moderne).
Par l’Ouest, nous revenons ensuite vers la côte Sud, celle de Velas. Petite ville, porte d’entrée maritime – seul port multi services de l’ile, un des deux points d’arrivée des ferries – maisons traditionnelles, église conforme à ses consœurs, pavages comme partout, une rue piétonne, un auditorium très moderne à l’architecture en rupture, le Pico pour vis-à-vis… et les oiseaux crieurs du soir.
La traite des vaches n’a nullement besoin d’étable. Au bout du champ, un très modeste bâti en bois, genre cabane, abrite la trayeuse. Les vaches y passent en procession.
Jeudi 13 mai 2021 – Les Açores – Sao Jorge – Port de Vela
Autre journée maintenance. Une de plus. Je passe une bonne heure à vider l’eau qui se trouve dans les fonds et à nettoyer. Sa couleur blanchâtre m’interroge… Le niveau d’huile du moteur est parfait, je rajoute par contre un peu de liquide de refroidissement.
Pour l’hélice que l’on soupçonne d’abriter un bout quelconque, Élisabeth a la bonne idée de prendre un film sous l’eau avec son appareil photo étanche. Miracle, elle réussit à capter quelques images de l’hélice. Bien qu’elles ne soient pas très nettes, il semble en effet que quelque chose soit enroulé autour. Je prends mon courage à deux mains, sors combinaison de plongée, palmes, masque, poignard, ceinture de plomb, narguilé… et me jette à l’eau. Enfin, c’est une formule. J’y rentre très précautionneusement. Elle est froide, la garce (16° d’après Élisabeth, connaisseuse des eaux froides). L’immersion du visage est l’étape la plus difficile. Allez, c’est parti. Un bout vert de polypropylène est effectivement pris autour de l’axe et de l’embase de l’une des pales. De petit diamètre heureusement. Je découpe le tout, jette un œil à la coque pour évaluer les salissures – faibles au demeurant – puis remonte. L’affaire est close. La douche chaude qui suit me fait le plus grand bien.
Pour débuter l’après-midi, je ré-étarque la trinquette puis passe ensuite aux choses vraiment sérieuses, vaisselle, rangement du matériel de plongée rincé le matin…
Souhaitant partir pas trop tard – relativement tôt ne conviendrait pas ici – nous nous rendons à la capitainerie pour y effectuer les formalités de sortie. Tout se fait très vite et très agréablement. Nous remercions le marinero pour la qualité de son accueil.
Une fois l’affaire réglée, Élisabeth part faire quelques courses, du pain notamment… mais un peu de vin aussi.
Nous nous retrouvons un peu plus tard au café-restaurant du centre-ville (celui où nous avons déjeuné le premier jour à vingt mètres de l’église), où une messe est dite. J’ai différentes choses à faire avec Internet, courriels divers, téléchargements… Justement… dans ce dernier domaine, les joies sans cesse renouvelées des applications Apple, totalement verrouillées. Un bonheur. Le manuel d’utilisation de Weather 4D n’est téléchargeable que sur un Mac ou un Ipad. Ayant jeté mon Mac Book aux orties, reste l’iPad, parait-il hyper pratique et très intuitif. Le manuel et l’application sur le même support. Un autre bonheur. Une action sur l’application, retour au manuel puis retour à l’application puis retour au manuel… Plus fonctionnel, je ne connais pas (et par cher en plus, Apple !). Une calamité.
La météo donnée sur Windy pro laisse penser qu’un départ le 18 mai serait pertinent. Léger problème cependant, à compter du 22, une grosse dépression s’invite sur notre parcours, vents prévus à trente-cinq nœuds, rafales à cinquante. Un peu beaucoup. Question à suivre de près. Mon ami Didier va nous accompagner cette fois encore, en termes de routage. Cette partie de l’Atlantique développant encore bon nombre de dépressions, le support de Michel (routeur pro), que je n’envisageais pas de resolliciter, est en discussion. Élisabeth est pour.
La même Élisabeth ayant une petite faim, un repas sur place (notre restaurant habituel), la tente. Qu’à cela ne tienne. Une soupe de poissons-fruits de mer pour elle et une pizza médium à partager (j’en voulais une petite mais elle a envie d’en manger aussi). La soupe est servie dans une soupière en terre. Il y en a largement pour deux, raison pour laquelle la serveuse nous avait apporté d’emblée deux assiettes. La pizza est immense, nous n’en mangerons même pas la moitié.
Ce soir, plus encore que d’habitude, c’est la fête au village des oiseaux nocturnes de la falaise. Ils s’en donnent à cœur joie. Leurs cris résonnent et emplissent l’espace. Une musique moyennement qualitative mais tellement vivante. Les hurlements des singes rouges de Trinidad sont presque en reste.
Revenus à bord, nous préparons les affaires pour le lendemain. Problème, je ne remets pas la main sur le « pass » d’entrée que nous devons remettre à la capitainerie. J’ai beau tout retourner, fouiller… disparu. Je horreur de ça, perdre mes affaires.
Vendredi 14 mai 2021 – Les Açores – Terceira – Port d’Angra de Heroismo
07h15. Lever matinal. Petit déjeuner à suivre. Le marinero nous fait une fleur concernant le « pass » disparu… merci à lui. À Bas du Fort en Guadeloupe, ce genre de plaisanterie nous aurait été facturée cinquante Euros.
08h30. C’est parti pour Terceira et son port, Angra de Heroismo, ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous longeons la côte Sud de Sao Jorge, celle-là même que nous avons parcourue en voiture deux jours plus tôt. Nous revivons, côté mer, nos belles découvertes… et en faisons d’autres (nous n’étions pas allés jusqu’à la pointe de l’île). Les villages en pied de falaises sont autant de groupes humains enclavés. Magnifiques à voir avec les cultures en terrasse. Je ne sais si les jeunes restent vivre dans ces endroits tellement isolés et fermés sur eux-mêmes. Nous n’avons d’ailleurs vu que peu d’enfants, quels qu’aient été les lieux. Un peu avant la pointe de l’île et le phare qui y trône, trois chutes d’eau dégringolent des sommets. Somptueux.
La navigation démarre tranquillement. Le vent est cependant instable. J’en profite pour avancer dans la relecture et la mise ne forme de mon fil de l’eau consacré à la transat retour Saint Martin – Açores. Je ne sais pas encore si j’arriverai à le boucler avant de repartir.
Ce n’est que près de la pointe Est de l’île que nous trouvons vraiment du vent. Jusqu’à trente nœuds…. Et quelques pointes à plus de dix pour Soa, sous génois seul. Alors que nous n’y croyons plus, nous devrions arriver de jour. Toujours bien quand on ne connait pas.
Un signal d’eau dans les fonds m’alerte. Après vérification, l’endroit vidé la veille a de nouveau de l’eau. Ayant été à plat depuis le moment où j’avais vidé ce même endroit, pas de possibilité de fuite du réservoir d’eau. Au vu de la couleur et de ma douche de la veille… aucun doute ne semble subsister, c’est l’évacuation de la douche qui fuit. Je ne sais pas si j’arriverai un jour à sortir de ces problèmes de plomberie…
15h00. Nous sommes désormais à dix-sept milles de Terceira. La tendance se maintient. D’après Navionics, l’arrivée est prévue pour 17h23 minutes et quelques secondes que je vous épargne. L’océan est formé, la houle nous rattrape par l’arrière et nous pousse en même temps qu’elle nous balade d’un bord sur l’autre. Lessiveuse à voile. Le ciel plombé du matin a laissé la place à un soleil timide mais néanmoins présent.
Élisabeth profite du voyage pour préparer notre programme de visite(s). Pour ma part, je termine la longue relecture et mise en forme de mon fil… et finis par venir à bout de la vingtaine de pages en question. Toujours ça de fait.
Le bout (prononcer boute) tenant le bidon d’essence placé sur la jupe, a lâché. Le bidon joue les ancres flottantes. À savoir si de l’eau est entrée dedans…
Terceira se dessine maintenant plus précisément. Le Monte Brazil, très gros caillou, est bien visible. Magnifique.
Cette fois encore, nos appels du port à la VHF, restent sans réponse. Nous pénétrons donc dans la partie plaisance du port. Un homme nous fait signe depuis un ponton et nous indique une place à côté d’un First 36.7 à la coque verte. Il parle parfaitement français… et pour cause. C’est le propriétaire français du First en question… Jean-Paul. Il navigue depuis longtemps dans le secteur où il s’est mis à distance du Covid.
Un premier tour de ville nous fait découvrir… une belle grande ville. Hautes et belles maisons à étages, édifices soignés, églises et Cathédrale, un magnifique jardin en plein centre. Le corollaire… des voitures partout et beaucoup de bruit…
Samedi 15 mai 2021 – Les Açores – Terceira – Port d’Angra de Heroismo
Après une nuit plus que tranquille, un petit déjeuner au chaud, je regarde une nouvelle fois la météo des jours à venir. Les mardi 18 et mercredi 19 pourraient constituer deux jours de navigation intéressants. Il se confirme malheureusement que les quatre ou cinq jours suivants sont très problématiques du fait de l’arrivée d’une dépression et de vent de face. Pas raisonnable, même avec un éventuel stop à la Corogne distante de quand même neuf cents milles (7 à 11 jours de navigation). Il va falloir prendre son mal en patience…
Le soleil est au rendez-vous ce matin. À l’inverse, les jours à venir sont annoncés pluvieux… mais « ne pas pleurer avant d’avoir mal » disait mon père.
Nous mettons l’après-midi à profit pour parcourir une partie de la ville que nous n’avons pas encore explorée. Si l’on excepte la verrue implantée au niveau du port (horrible hôtel genre cages à lapins de neuf étages, sorte de mur percé de fenêtres, heureusement visible uniquement de la mer), cette ville est vraiment superbe. Très colorée, elle présente une très belle unité architecturale. Ses maisons en pierre à un ou deux étages, aux façades peintes de diverses couleurs et aux petits balcons en fer forgé, ses églises dont la cathédrale et son carillon enchanteur, ses bâtiments institutionnels, son obélisque qui surplombe la ville, ses rues et trottoirs pavés… son jardin. Ce dernier est vraiment splendide avec son kiosque, sa fontaine, ses bassins, sa multitude d’arbres dont de très impressionnants conifères d’au moins vingt mètres de haut répondant au doux nom d’Araucaria heterophylla (dit pin de Norfolk, originaire du Chili), ses parterres de fleurs en tous genres. Une pensée particulière pour les Agapanthes bleues (les préférées de ma mère) et… blanches (autre pensée).
Un arrêt dans un bistrot de l’une des rues piétonnes nous permet de regarder une nouvelle fois la météo marine des jours à venir (connexion Wifi). Les 18 et 19 ne sont plus d’actualité, pétole ou vent faible de face. Le vent revient les 20 et 21 avec un flux d’Ouest nous emmenant directement au Sud du Portugal. Pas la bonne option. Du 22 au 24 le flux de Sud-Sud-Ouest qui semble s’installer, ferait parfaitement notre affaire si les jours qui suivent s’avéraient également propices. Étant le 15, c’est encore un peu loin pour que tout cela soit définitif. À suivre.
Un minuscule salon de coiffure pour homme, genre à l’ancienne, croise notre chemin. Si nous restons un peu à Angra, je viendrai lui rendre visite.
En hommage à sa venue sur les terres açoriennes (1498), la statue en bronze de Vasco de Gama trône en pied, épée à la ceinture, à l’entrée de la ville. Elle fait face à la belle église blanche et bleue implantée en haut des escaliers donnant sur le port.
En revenant de notre balade nous passons devant la devanture d’un lieu de musique. Une soirée « fado » est programmée pour vingt-heures le soir même (nous sommes au Portugal !). Nous réservons sur le site via la page Facebook correspondante et recevons une confirmation. À vingt-heures tapantes nous sommes devant la porte. Seuls. Tout est fermé. Sur la porte, l’ouverture est donnée pour vingt-heures trente. Nous patientons… Cette deuxième échéance atteinte, toujours rien d’ouvert. La mort dans nos âmes musicales, nous revenons au bateau. Le fado sera pour une autre fois. Nous nous faisions une joie d’en écouter. Un peu rageant quand même !
Dimanche 16 mai 2021 – Les Açores – Terceira – Port d’Angra de Heroismo
Il était censé pleuvoir. Il pleut. Une petite pluie fine, mais pluie quand même. Ciel uniformément gris pour ce début de matinée qui me voit, une fois encore, vider l’eau accumulée dans les fonds, côté tribord cette fois. Je repars à la chasse de son origine. Fuite persistante de mon réservoir d’eau ? À priori non, le nouveau joint de la sonde semble être étanche. Au moins une bonne nouvelle. Fuite de la douche (j’en ai pris une hier soir) ? Après plusieurs remplissages-évacuations de son bac, pas d’écoulement d’eau. La pompe, changée un an et demi plus tôt, joue pleinement son rôle et est sèche à l’extérieure. Quoi d’autre ? Fuite des WC ou du réservoir d’eaux noires ? La couleur de l’eau ne plaide pas pour cette hypothèse. Les essais du jour non plus. Le réservoir d’eau de boisson situé à proximité ne laisse rien paraître. Mystère… Investigations à poursuivre.
Nous consacrons l’après-midi à la visite du beau musée d’histoire de la ville. Ancien couvent et église Saint François réunis. Cette dernière est très belle avec son orgue monumental (pensées pour Frédéric Ledroit, rencontré à Fort de France), ses peintures, ses carrelages… et sa voiture corbillard du début de XXième. L’exposition ou plutôt les expositions, divers thèmes étant traités, ne sont pas en reste. La découverte de l’archipel, les premières cartes qui les représentent (avec déjà en 1580 une précision incroyable, latitude comprise, chapeau aux géographes), la faune, la flore, les plaques tectoniques qui s’entrechoquent sur place, les batailles navales, les moyens de transport anciens dont un bel attelage, reconstitué en pied, de six chevaux et de leur calèche… sans oublier le lien entre peste de jadis et Covid d’aujourd’hui. Nous n’avons pas inventé les masques.
Mon ami Didier m’envoie son analyse de la situation météo avec trois propositions de route sur des départs étalés entre le 18 et le 20 mai. Une fois encore, et c’est très net dans ce que j’observe de mon côté, les deux modèles majeurs (ECMWF européen et GFS américain) sont en désaccord et tout évolue très vite. Pas facile de faire un choix devant autant d’instabilité et de divergences.
Un bateau battant pavillon suisse vient accoster sur le même ponton que nous. C’est un petit frère de Joshua, le bateau historique de Moitessier. Une version italienne. À son bord, un couple d’environ trente-cinq ans qui, avec leurs deux enfants (huit à dix ans), touchent terre après une semaine de navigation au départ de Madère. Les voyages forment la jeunesse.
Lundi 17 mai 2021 – Les Açores – Terceira – Port d’Angra de Heroismo
Il pleut encore ! Une fois levé, après une excellente nuit, mon premier regard (ou presque) est pour les fonds. Pas d’eau supplémentaire. Très bonne nouvelle. Mais alors, d’où venait l’eau d’hier ? Notre navigation plus que remuante de vendredi en aurait-elle ramené à cet endroit (le plus « creux » du bateau) ? Ou bien, une entrée d’eau existe-t-elle sur les sorties d’eau fixées latéralement sur la coque (évents des réservoirs, évacuation d’eau de refroidissement du moteur) ? Dommage que Watson soit aux abonnés absents.
La météo bafouille. La dépression qui devait passer à distance des Açores semble caresser nos iles mercredi. Il existe attention plus sympa. D’autres sont à suivre. Pas très positif tout ça quant à l’espoir d’un départ souhaité proche. Humilité, humilité…
Sur le versant positif, cela va me donner du temps pour avancer dans différents domaines : début d’utilisation de Weather 4D après téléchargement du manuel en PDF, traitement des nombreux courriels que j’ai en instance, premiers regards sur ma déclaration d’impôts, coiffeur, pose de poignées de tiroirs, dernière main et parution de mes fils de l’eau non encore finalisés ou publiés… Le choix est vaste. Nous pourrons également rendre visite au deuxième port de l’ile, celui de Praia da Vitoria situé un peu plus au Nord, sur la côte Est. Nous l’aurions snobé en cas de départ rapide.
Outre les trois boucheries et les deux poissonneries, le marché central ne présente que quelques étals de fruits et légumes. Qualité et prix bas dans tous les domaines, bon nombre de produits étant issus des iles elles-mêmes. Les fraises du jour sont excellentes, la viande de porc, les saucisses et autres, tout autant. Il y a longtemps que nous n’avions pas mangé de viande.
Je mets à profit le beau temps de l’après-midi pour m’offrir une coupe de cheveux. La dernière remonte à la Martinique, c’est dire. Les salons de coiffure relèvent de la plongée culturelle tant, les salons eux-mêmes et les pratiques des coiffeurs, sont spécifiques. Martin, coiffeur solitaire dans son tout petit salon (celui évoqué plus haut), ne peut m’accueillir, son agenda est complet aujourd’hui et demain ! Je me rabats sur un salon nettement plus grand où un jeune coiffeur sympa me prend en charge. Il anime la discussion en anglais. Particularité, l’habituel lavage de cheveux pratiqué chez nous, n’est pas, ici, d’actualité. Un peu d’eau vaporisée fait parfaitement l’affaire (enfin, j’espère). Bilan des courses, une coupe aux ciseaux pour dix Euros et un lavage de cheveux à bord pour finaliser le tout.
Je rejoins ensuite le bistrot Wifi de la zone piétonne (bière pression à un Euro !!!) pour télécharger le manuel PDF d’utilisation de Wheather 4D et regarder les vidéos correspondantes. Ça fonctionne.
Pendant ce temps, Élisabeth a fait chauffer sa carte de paiement, robe, pantalons, « camisole » (chemisier)… les vêtements sont, eux aussi, très peu chers.
Mardi 18 mai 2021 – Les Açores – Terceira – Port d’Angra de Heroismo
Conformément aux prévisions (ça arrive), ciel gris et pluie. La météo marine bégaye toujours. Rien de stable…
L’activité de la matinée débute par nos troisièmes (et derniers) PCR. Nous avons rendez-vous à dix heures vingt. Pour leur arrivée aux Açores, nos jeunes voisins de ponton ont eu les leurs hier, directement sur leur bateau. Une équipe s’est déplacée gratuitement tout exprès. Assez extraordinaire.
Pour notre part, nous prenons un taxi pour rejoindre le centre de tests. Nous restons dans la voiture pour les PCR. Tout se passe tranquillement. Au retour, nous faisons un stop à la moyenne surface que nous avons déjà expérimentée. Beaux poissons, belles viandes de bœuf et de porc, fromages locaux, Porto, vins portugais, pains… Retour à pied sous une pluie fine… Rafraîchissant.
L’après-midi me voit vider une nouvelle fois les fonds de l’eau qu’ils contiennent. Ce qui m’offre peut-être la clé du problème. Par inadvertance, le branchement au 220 V du quai aidant, j’ai laissé le chauffe-eau branché plusieurs heures. La surpression semble avoir généré un écoulement d’eau et de glycol mélangés. J’avais déjà connu ça dans les temps qui ont suivi la mise à l’eau de Soa. Le fait que nous ayons eu de l’eau présentant un aspect identique lors de nos très nombreuses heures de moteur (vingt-quatre heures à suivre une fois) serait cohérent. Le liquide de refroidissement qui circule dans la double peau du chauffe-eau est autour de 80° Celsius, ce qui doit contribuer à une montée importante de la température de l’eau dans le chauffe-eau lui-même. Il serait donc nécessaire, au-delà de quelques heures de moteur que je coupe son alimentation. À vérifier. La bonne nouvelle c’est que l’origine de la présence d’eau ne prend sa « source » ni dans un problème de douche ni dans celui du réservoir d’eau.
Nous testons les fromages achetés. L’un d’entre eux nous convient bien, un autre beaucoup moins. Celui précédemment acheté à Vela, reste notre préféré.
Mercredi 19 mai 2021 – Les Açores –Terceira – Port de Praia de Vitoria
10h00. Après un début de matinée tranquille, nous appareillons pour Praia da Vitoria, treize milles plus loin. Vu les capacités d’accueil des deux derniers ports fréquentés, nous avons pris la précaution de faire réserver une place. Vingt nœuds de vent sont annoncés (dans le bon sens), nous devrions donc monter rapidement, le port étant au Nord-Est de l’ile.
Malgré la forte houle, courte et agitée, nous admirons la côte Sud de Terceira et ses pâturages verdoyants. Le vent est incertain, nous sommes contraints à quelques reprises de mettre le moteur en route. Une fois la pointe Sud-Est passée, les choses s’animent significativement. Le vent s’intensifie progressivement pour s’établir entre trente-cinq et quarante nœuds. À quelques dixièmes près, nous enregistrons des pointes à quarante-cinq nœuds. Pas vraiment ce que nous attendions. Vent quasi arrière. Malgré le seul génois réduit à un tout petit tiers, nous naviguons de manière constante autour de neuf nœuds. Sur ce parcours, Soa, qui franchit couramment les dix nœuds, établit un nouveau record de vitesse à 11,8 nœuds (10,8 le précédent).
13h00. Comme tous les autres, l’entrée du port de Praia da Vitoria est heureusement protégée de la houle par de très longues digues. Très bienvenues. Nous profitons de l’immense avant-port pour préparer les amarres et les pare-battages. Nos différents appels radio à destination de la capitainerie sont, comme presque à chaque fois dans les ports açoriens, restés sans réponse. Le ponton sur lequel semblent se trouver les bateaux visiteurs est perpendiculaire au vent. Le côté au vent est très exposé, la houle le heurte de plein fouet. Pour espérer bénéficier d’un peu de tranquillité, il va nous falloir nous mettre derrière. Le bout du ponton est à une trentaine de mètre de la plage, pas large… Histoire de faciliter un peu plus les choses, un engin flottant (dans le prolongement duquel se trouvent des bouées (petite drague et ses tuyaux) est au beau milieu du passage. Le vent s’affiche entre trente et trente-cinq nœuds. Tous ceux qui ont manœuvré avec ce genre de conditions au milieu des pannes, savent que ce n’est pas le plus aisé. Je me faufile en marche avant entre le ponton et la drague puis recule vers le ponton. Dans ce genre de situations, le propulseur d’étrave est d’un très précieux secours. Malgré ça, première tentative ratée, il manque un mètre ou deux. Des voisins de ponton qui nous ont vus arriver, viennent à la rescousse. Plus qu’utile (merci à eux). La deuxième tentative est la bonne. Nous y sommes.
Quasi aussitôt, le responsable de la capitainerie, dont nous n’avions eu ni nouvelle, ni aide jusque-là, vient nous demander si nous avons déjà fait nos trois tests PCR et si les résultats sont négatifs. Le reste ne semble pas lui importer beaucoup. Les réponses apportées aux deux questions lui convenant, il nous demande de passer le voir sans tarder pour faire les papiers d’entrée. Contrairement aux ports déjà fréquentés, celui-ci est sous gestion municipale. Tout est donc à refaire. Par contre, les prix annoncés sont quasi de moitié des autres (12 € TTC / jour). Vive la gestion municipale. Et ailleurs, pourquoi du simple au double ? Ne parlons bien sûr pas des ports français (plus de cinquante Euros à La Rochelle).
En début de soirée, nous allons respirer l’air de Praia. Une immense plage où les bulldozers sont à l’œuvre. Ils brassent des quantités vertigineuses de sable. Des terrasses de café-restaurants quasi vides sont installées tout du long. Le reste de la ville fait penser à l’une de nos sous-préfectures endormies. Mêmes belles églises et maisons, mêmes rues et trottoirs pavés. Une rue piétonne avec divers magasins (fermés du fait de l’heure). Nous ne croisons que très peu de monde. L’air est plus que frais pour ne pas dire froid…
Le ponton est balayé par les embruns. Bien qu’amarré, Soa gîte sous l’effet du vent reçu plein travers…
Jeudi 20 mai 2021 – Les Açores –Terceira – Port de Praia de Vitoria
Notre départ pour demain vendredi 21 mai se confirme suite aux informations transmises par Michel (que j’ai finalement sollicité de nouveau, ce qui rassure Élisabeth) et au : « Ce n’est pas si mal » de Didier qui confirment ma propre lecture de la situation météorologique. À priori nous aurions quatre jours de conditions favorables devant nous. Déjà bien. Les jours suivant seraient moins propices avec un vent potentiellement dans le nez. Mais, sauf à passer l’été ici, il arrive un moment où il faut bien y aller.
Du côté des préparatifs du bateau, je place un nouveau caoutchouc sous le support de l’hydrogénérateur dans l’espoir de limiter les vibrations qui se font sentir autour et au-dessus de huit nœuds. Je dégivre le réfrigérateur… et mets de l’ordre dans mes affaires.
Nous attaquons les courses, version produits frais. Nous faisons un premier tour matinal, sous la pluie, au Mercado central. Un seul primeur mais avec de très beaux fruits et légumes. Nous faisons le plein, y compris d’œufs frais, de fraises locales, et d’une poignée de cerises importées. Le litre de lait entier des jolies vaches locales est à 0,52 €. Qui dit mieux ?! Nous prenons deux beaux filets chez le poissonnier.
Côtes de porc, pommes de terre sautées et petits légumes en accompagnement pour le déjeuner (appelé « diner » au Québec). Réjouissant.
Deuxième tour l’après-midi au supermarché cette fois. La balade est nettement plus agréable, le soleil étant revenu. Poulet, un peu de charcuterie, du fromage de Sao Jorge, des pains, de la brioche, des Pasteis de Nata et… du vin. Il ne faut pas non plus se laisser aller à ne consommer que de l’eau. C’est pas bon pour la santé, parait-il.
Vendredi 21 mai 2021 –Terceira – Port de Praia de Vitoria
Jour du départ. Réveil tranquille, sans urgence aucune. Une fois le petit déjeuner pris (brioche et pâtisseries excellentes), nous réalisons les tout derniers préparatifs. Papiers de sortie et règlement du port, bouée Silzig (une sorte de boudin flottant) placée pour utilisation instantanée en cas de besoin, filets de protection anti-plongeons de manivelle de winch (pensée pour Charles et Sarah), rangement des ustensiles de cuisine qui ne nous servirons pas (dont grille-pains et bouilloire électrique) … et nous larguons les amarres.
Soa se refaufile entre le ponton et la drague (pas de vent cette fois), et c’est parti pour dix, douze ou quinze jours d’océan.
Vive la vraie navigation, vive le large…
PORT DE HORTA / ILE DE FAIAL
Pourquoi y aller :
- Un des points d’entrée/sortie pour les formalités de clairance et d’immigration.
- Qualité de l’accueil (certains marineros parlent français)
- Équipements et services (eau, électricité, Wifi à certains endroits, laverie…) sur ponton ou à couple.
- Prix bas : 20 € TTC de 12 à 15m, eau et électricité comprise.
- Ville très agréable, restée authentique
- Restaurants/bars, le célèbre Peter’s Café (si on aime !), Athlético, Porto Pim…
- Les innombrables peintures laissées par les bateaux de passage
- Les pavés portugais, l’architecture des églises et autres, les paysages
Pourquoi ne pas y aller :
- Je cherche
En résumé : Escale à ne surtout pas manquer…
PORTO DAS VELAS / ILE DE SAO JORGE
Pourquoi y aller :
- Qualité de l’accueil.
- Sur ponton ou à couple.
- Équipements et services (eau, électricité, laverie…).
- Prix bas : 20 € TTC de 12 à 15m, eau et électricité comprise.
- Petite ville sympa restée authentique
- Restaurant/bar de la place du marché à conseiller
- Les pavés portugais, l’architecture des églises et autres, les paysages
Pourquoi ne pas y aller :
- Prudence, nombre de places très limitées,
En résumé : Très sympa.
PORT D’ANGRA DE HEROISMO / ILE DE TERCEIRA
Pourquoi y aller :
- Point d’entrée/sortie pour les formalités de clairance et d’immigration.
- Qualité de l’accueil (certains marineros parlent français)
- Équipements et services (eau, électricité, Wifi à certains endroits, laverie…) sur ponton ou à couple.
- Prix bas : 17 € de 12 à 15m, eau et électricité comprise.
- Ville très agréable, restée authentique
- Restaurants/bars, le célèbre Peter’s Café si on aime, Athlético, Porto Pim…
- Les innombrables peintures laissées par les bateaux de passage
- Les pavés portugais, l’architecture des églises et autres, les paysages
Pourquoi ne pas y aller :
- Je cherche
En résumé : Très sympa.
PORT DE PRAIA DA VITORIA / ILE DE TERCEIRA
Pourquoi y aller :
- Sur ponton s’il y a de la place
- Prix bas : 12 € de 12 à 15m, eau et électricité comprise
- Ville simple, restée authentique en dehors de la partie plage
- Les pavés portugais, l’architecture des églises et autres
- Lieu idéal de départ pour un retour vers le continent européen.
Pourquoi ne pas y aller :
- Places comptées
En résumé :
Pas désagréable, prix bas, idéalement placé pour un départ vers l’Europe.