SOA – Conception & construction 2006-2014

SOA – Conception & construction 2006-2014

Présentation synthétique

SOA a été réalisé sur plan Berret-Racoupeau par extrapolation des JFA 45’.

Ci-dessus : Image de synthèse – Cabinet Berret-Racoupeau 2009

Il a été conçu de façon à privilégier la sécurité dans tous les registres : crash-box et deux cloisons étanches à l’avant, 800 litres de gazole, 6 extincteurs, vrais salon et cuisine de pont, toutes voiles sur enrouleur avec retour au cockpit, poste de barre contre le rouf abrité sous casquette en dur, cockpit profond et très protégé, quatre points d’accrochage pour les harnais dans le cockpit, balcons de mat, balcons arrières rigides 75 cm, nombreuse mains courantes, jupe arrière, perche IOR, ancres surdimensionnées (33+25 kg), double circuit de feux de navigation, double pilote automatique (calculateurs + moteurs), accastillage Harken, centrale de navigation Garmin (conception Pochon, radar, AIS, sondeur d’avant, 2 pilotes…), équipements électriques Mastervolt (conception Pochon), téléphone satellitaire Iridium, radeau de survie Viking, etc.

LE CHOIX DE CONSTRUIRE SOA

Au fil de mes navigations atlantiques à bord d’Herpès (Bretagne 1994-2005…), l’idée de partir plus loin, plus longtemps, s’est imposée peu à peu comme une évidence. Où, quand, comment n’étaient pas encore des questions essentielles.

L’observation des bateaux existants à, dès lors, largement occupé mon temps, l’idée initiale étant plutôt d’acheter un bateau d’occasion en aluminium. Les Alliage, Allure, Atlantis, Garcia, JFA, Méta, Ovni, m’ont tout particulièrement intéressé.

Dès lors, à l’occasion de chacune de mes balades en mer, j’ai soigneusement photographié tous les bateaux qui me paraissaient intéressants en eux-mêmes ou dont un élément me semblait digne d’intérêt. J’ai fait des centaines de photos, argentiques d’abord puis, très vite et heureusement par rapport à leur exploitation, numériques.

Cette observation fine m’a permis de définir précisément les incontournables de mon cahier des charges :

  • Un bateau sûr, costaud, rapide, confortable qui remonte au vent (quid des dériveurs ?)
  • Un vrai carré/salon/cuisine de pont (Chatam et Atlantis de Gilbert Caroff)
  • Un cockpit et une barre à roue protégés (Amel)

Le vrai salon de pont des Chatam et Atlantis de Gilbert Caroff a durablement orienté mon choix. J’insiste sur « vrai » salon de pont, ce terme n’étant que très rarement utilisé à bon escient par les revues nautiques qui confondent presque toujours, volontairement ou non, luminosité du carré et vision sur l’extérieur depuis le carré. Deux réalités plus que très différentes. Chatam et Atlantis ont également des barres à roue contre le rouf… mais ce sont des dériveurs.

La rencontre d’un JFA 45 en baie de Concarneau a servi de révélateur : belle ligne, barre contre le rouf et, ce que je ne savais pas à ce moment-là… biquille. Le biquille permet, en cas de nécessité, de se poser sans abîmer la coque et l’antifouling. Il permet également, du fait de son centre de gravité très bas, de disposer d’une excellente raideur à la toile et de très bien remonter au vent…

Je souhaitais par ailleurs :

  • Une grande cabine propriétaire avec lit double (140×190 cm)
  • Une vraie douche (séparée des toilettes)
  • Une cuisine et un réfrigérateur dignes de ce nom
  • De nombreux rangements
  • Un intérieur « cosy »
  • Une autonomie maximale (électricité/eau)
  • Toutes voiles sur enrouleur
  • Des « filières » rigides au niveau du cockpit (à l’instar des Amel)
  • Une belle jupe arrière

Tout cela mixé à l’infini… aucun bateau connu ne me paraissant réunir tous ces éléments, j’ai progressivement compris qu’il me faudrait, pour en disposer, construire « mon » bateau.

Le goût de concevoir et réaliser de bout en bout titillant mon passé de bricoleur (deux maisons entièrement rénovées sur mes plans) m’a largement aidé à me projeter dans cette aventure.

La décision prise, j’ai passé des heures sans fin à dessiner, redessiner, dessiner encore. Douze mètres d’abord, puis, au fil de l’amélioration de mon budget, treize puis quatorze.

Anecdote heureuse et déterminante… à l’occasion d’une escale à la Forêt Fouesnant, j’ai eu la chance de rencontrer le propriétaire de l’un des deux JFA 45 construits par le chantier du même nom. J’ai pu le visiter et le regarder sous toutes les coutures. Il m’a globalement beaucoup plu.

En parallèle, j’ai aussi, bien sûr, longuement arpenté les allées des salons de Paris et du Grand Pavois.

Une fois le dessin de mon bateau idéal finalisé, j’ai démarché les architectes pour voir lequel accepterait d’en faire le plan architectural. La chance a largement été de mon côté… Jean Berret du cabinet Berret-Racoupeau à La Rochelle, m’a fait la proposition la plus intéressante tant du point de vue financier que de la procédure. Le JFA 45 étant l’un de ses plans (étonnant, non ?), il m’a proposé de le prendre pour base et d’apporter toutes les modifications que je souhaitais.

Pierre Gainza, un des dessinateurs du cabinet, fut mon interlocuteur permanent. Un bonheur. Assis côte à côte devant les ordinateurs, nous avons donc « construit » Soa. Rouf allongé pour un intérieur (carré/cuisine) nettement plus grand, agencement entièrement repensé, accès à la zone technique sous le carré, jupe arrière, réservoirs… tout y est passé.

Le plan architectural bouclé (2009), j’ai repris mon bâton de pèlerin à destination des chantiers. J’ai signé le contrat de construction de la chaudronnerie avec Gilles Voisin. Spécialiste de la construction en aluminium et excellent professionnel. Pas facile sur le plan relationnel et commercial cependant… mais c’est moins important. Coque, pont et autres ont été terminés en 2010.

Après un passage chez Navalu suivi de deux ans de flottement, Soa a été (admirablement) aménagé aux Sables d’Olonne et mis à l’eau en mai 2014

PRÉSENTATION

En référence au JFA 45’, son nom déposé est « Austral 45’ » même s’il mesure en réalité 47 pieds hors-tout. Solide, sécure, maniable et confortable, autonome, il est le bateau de voyage par excellence.

Le tirant d’eau (1,90 m) et les deux lests de 1450 kg de ce « biquille » assurent une stabilité et une raideur à la toile permettant une excellente remontée au vent.

Une crash-box est placée en avant de la première cloison étanche du bateau. Une deuxième cloison étanche est positionnée à 1,60 m en arrière du point zéro. Le propulseur d’étrave est installé entre les deux.

Le génois, la trinquette et la grand-voile sont sur enrouleur. Écoutes et drosses reviennent au cockpit. Deux solides balcons de mat sont soudés au pont. Le mat est équipé de marches rétractables, indispensables pour y grimper facilement et en sécurité. Un système de pantoire (deux écoutes, pas de rail) équipe la grand-voile.

Vaste et profond, entièrement couvert par un bimini rigide, le cockpit est très protégé. Hauts de 0,75 m les balcons en tube aluminium de Ø 30 mm reviennent jusqu’au milieu du rouf. Quatre points d’ancrage placés aux angles du cockpit et à proximité de la descente permettent de frapper les longes de harnais. Des mains courantes sont placées sur le dessus du rouf et sur les côtés de la casquette en dur (trois autres sont positionnées sur la jupe). Les quatre winchs HARKEN 46 ST et 60 ST rassemblent toutes les manœuvres. Les deux 60 ST sont électriques.

La barre à roue Lewmar Ø 102 cm est fixée contre la cloison de rouf ce qui permet de dégager complètement le cockpit et de disposer d’un poste de barre protégé par la casquette rigide totalement étanche. Le système de barre Mamba de chez Lewmar permet un pilotage aisé. Le moteur électrique permet, lorsque le pilote est désactivé de n’avoir aucune résistance contrairement aux systèmes hydrauliques.

Le « vrai » carré de pont – vision totale sur l’avant et les deux côtés du bateau depuis le carré et la cuisine – permet une veille sécurisée et confortable en même temps qu’un pilotage du bateau depuis l’intérieur grâce à la télécommande sans fil du pilote.

De qualité professionnelle, le radeau de survie VIKING RESCYOU est directement accessible sur la jupe. Une perche IOR avec feu indépendant complète la bouée SILZIG et le feu à retournement. L’échelle de bain, à poste, peut être dépliée depuis l’eau. Elle est du type « plongée » et permet de remonter avec des palmes.

CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES

Type (voilier – biquille – aluminium) : AUSTRAL 47 – Architecte Berret-Racoupeau

  • Catégorie de conception A – six personnes en hauturier – dix en côtier
  • Organisme notifié CE : European Certification Bureau : NB 0614 ECB Nederland
  • Numéro coque (certification MCI Bruxelles 22.02.2013) : FR – CNVDT451GOll
  • Numéro CIN bateau : FR- TLFA4501E414
  • Longueur hors tout : 14,30 m
  • Longueur de coque : 13,70 m  
  • Longueur Flottaison :12,15 m
  • Largeur hors tout : 4,25 m.
  • Tirant d’eau : 1,90 m.
  • Déplacement pleine charge + équipage : 13,4 T
  • Hauteur de mat : 16,95 m
  • Génois 130 % sur enrouleur : 56 m²
  • Trinquette sur enrouleur : 23 m²
  • Grand-voile sur enrouleur mat : 45 m²
  • Surface GV + génois : 101 m²
  • Eau (500+100+50) : 650 L
  • Fuel : 800 L
  • Moteur Yanmar Sail Drive : 54 CV (partie immergée du SD et hélice protégées)
  • Propulseur sur tunnel protégé : Max Power CT 125 – 2 hélices 
  • Année de mise à l’eau : 30/04/2014

LA RÉALISATION DE LA COQUE PONTÉE 2010

Du tracé des couples à la coque pontée finie, dix mois auront été nécessaires. Cette construction est magique. Les couples découpés puis positionnés à l’envers, reliés entre eux par les lisses pour parvenir, au terme de cette première étape, à la coque non pontée. De sa position « à l’envers », elle est ensuite retournée pour permettre la réalisation du pontage, du rouf, du cockpit… J’ai évidemment suivi avec intérêt et passion chacune des étapes. Je vous livre ci-dessous, outre les principales données techniques, des photos de ces différentes étapes.  

Données techniques

La coque en forme et le pont sont en aluminium 5083h22.

La structure formée de 19 couples est en aluminium 6060T5.

Crash box + 2 cloisons étanches à l’avant (propulseur d’étrave entre les deux)

Cloison étanche à l’arrière.

Bordés du haut 4 et 5 mm ; bordé de fond 6 mm ; pourtour des quilles 8 mm ; pont/cockpit 4 mm

Les soudures sont contrôlées par ressuage

Un gouvernail profilé/compensé avec mèche aluminium Ø 95 monté sur 2 roulements auto alignants JEFA (une protection haute est placée en avant du safran)

Le sail-drive est protégé par un profilé réalisé spécifiquement

Un réservoir de gasoil 6 mm / 800 L testé sous pression.

Photos

L’AMÉNAGEMENT INTÉRIEURLES FINITIONS EXTÉRIEURES

Menuiserie Intérieure, isolation…

En chêne et wengé, belle finition, marqueterie et arrondis.

Vernis et peinture bi-composant passé au pistolet.

Intérieur des placards en formica blanc mat.

Tiroirs sur glissières à roulement à bille.

Hauteur sous barrot minimum dans tout le bateau 1,80 m.

Isolation totale du bateau par mousse polyuréthane projetée, épaisseur 60 mm, sur coque, pont, roof, cloison étanche.

Le bateau est équipé de moustiquaires, atout précieux pour bon nombre de pays.

Les panneaux de pont de la cabine avant sont équipés de barre anti intrusion.

Calcul des hauteurs, supports aluminium, tasseaux de fixation

Pour une bonne isolation en continu

Les premières menuiseries

Eau, électricité, moteur

Carré et cuisine prennent forme

Le choix des tissus…

La mise en peinture

La table du carré

La pose du teck

Les bulbes pour finir

Baptême de l’eau, les Sables d’Olonne, 30 mai 2014

Immatriculation européenne de SOA… je suis désormais constructeur !

FRance – Tabaraud Le Fer – Austral 45 – 01 premier du genre
Soa – Premières navigations – Mouillage de Belle-Ile – 2014


Le mot de la fin

Voilà, Soa est à l’eau, Soa est une réalité ! Une vraie grande aventure en soi. Un projet un peu fou pour quelqu’un qui n’avait jamais construit de bateau et qui n’était pas du milieu. Mais un projet réussi avec et grâce à l’apport des professionnels de grande qualité qui m’ont accompagné. Je les en remercie vivement, tous, ici.

Au-delà de la conception initiale du projet, seul d’abord, avec le cabinet Berret-Racoupeau ensuite, j’ai activement suivi chaque étape de la construction aluminium puis celle des aménagements et équipements. J’ai calculé les hauteurs de planchers, fait le plan de la cuisine (nombre et dimensions des tiroirs…), dessiné le davier une fois l’ancre achetée, placé les différents renvois des écoutes et bouts, fait le plan de la plomberie… J’ai par ailleurs procédé aux choix de tous les matériels et matériaux et effectué l’ensemble des commandes correspondantes. Tout cela me permet de parfaitement bien connaitre Soa.

Cet article a 6 commentaires

  1. Chapeau bas ! Superbe réalisation

  2. Merci, merci !!!

  3. Bravo, réussi comme plan,
    idée parfaite pour l’aménagement intérieur et la barre protéger,
    on dit souvent que petit bateau petit problème, mais vous quand pensez vous?
    vos impressions de navigation sont elles conformes a vos souhaits?
    pourquoi tonga soa, qui veut dire bienvenu en malgache

  4. Bonjour Anthony,
    Merci pour ton message et tes appréciations.
    Pour faire une réponse simple et concise… je referai le même !!!
    Excellent bateau dans tous les registres, navigation, sécurité, confort y compris sous le soleil ou les grains etc.
    Petit ou grand bateau, bcp de choses sont identiques, l’électronique par exemple. Entretenir un moteur de 54CV ou un moteur de 23CV… pas grande différence…
    Soa… nom que j’ai choisi lors de l’un de mes séjours à Mada (j’habitais Mayotte à l’époque).
    Amicalement,
    Didier

  5. Beau bateau marin !
    Ok, pour traversée atlantique, Panama, Pacifique 2021-2022-2023.
    Bonne expérience hauturière !
    Marcel
    mail: laurin. marcel7@gmail.com
    Mob: 06 50 48 34 03

  6. Merci Marcel… à suivre…
    Amicalement,
    Didier

Les commentaires sont fermés.

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